Texte 4 - concours sur le thème du cauchemar pour la revue "les petits papiers de Chloé"
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Cauchemar
Vingt deux heures trente : the end
Vingt trois heures : musique, fleurs de tilleul
Vingt trois heures trente : il ne viendra pas, bonne journée aujourd’hui, hier, avant-hier.
Minuit : bon, faut dormir : dormir : lit ouvert, yeux clos, corps qui se relâche dans les draps de lavande : bien être. Non il ne viendra pas, il ne viendra plus…espoir mais crainte…
Sommeil bienfaiteur
Deux heures : sueurs, terreur.
Non : ne pas me rendormir, il est encore là, je le sens, prêt à bondir dans ma tête et devenir réel. Je me lève, allume la lumière pour qu’il fuit et se taise. Mais il est toujours là dans ma tête, dans mon corps. J’ouvre la fenêtre, regarde les belles étoiles dont une qui me rassure, la lune qui me sourit, la terre que je vénère. Quand va-t-il me lâcher ? Je bois un verre d’eau (peut être pour l’éliminer), demain boulot et je dois être en forme. Pourquoi est-il revenu ? Je « revis » ma journée dans les moindres détails. Si je comprends : il partira. Une rencontre, une conversation, un parfum, une image, un visage, une odeur, un mot peut être… oui c’est ça : ce mot qui a réveillé la mémoire que j’ai endormie pour ne pas oublier mais vivre. Oui, c’est ce mot que j’ai entendu et dont je ne me suis pas méfiée. Ce mot qui a réveillé ma petite fille, perdue ou interdite. Petit bébé dans mes bras, si doux, que je berce. Petit bébé dans mes bras, si doux, que je berce. Petit bébé dans mes bras, si doux, que je berce. Subitement une douleur lacère mon dos, je résiste, je ne lâcherai pas mon bébé. La douleur s’amplifie, devient insupportable, mes bras s’ankylosent, je résiste, je résiste si fort, mes bras me font mal, tant ils serrent l’enfant, ma chair, je résiste, je résiste, je résiste mais mes forces s’épuisent, je comprends l’inéluctable et je suis impuissante. D’un coup, sans plus de conscience : le bébé… tombe… de mes bras…assassins. Petit bébé, si doux, que je berce…
Trois heures : Ca va aller. Il doit s’exprimer, s’arracher des limbes de ma pensée : le jour il ne doit pas, le jour il ne peut pas, le jour est fait pour la vie. Il ne peut venir que la nuit. Pourtant il fait partie de moi, c’est moi qui l’ai inventé, crée. Peut être veut-il me donner la force de continuer à aimer le soleil, peut être est-il enfin la cicatrice en mon sein, peut être veut-il m’éviter le pire et puis s’il est possible un jour : accepter entièrement…peut être, alors, décidera t-il de s’en aller ?
Encore trois heures ...
Petit bébé si doux que je berce, près de son étoile.