Les morts marchent ! un extrait du roman de Delphine Schmitz...
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Andrea prit congé de son père. En refermant la porte du cabinet, elle fit un bond en découvrant son frère qui rôdait dans le couloir avec la discrétion d’un fantôme. Il faisait déjà sombre et il n’avait pas de bougie. Il semblait tapi dans l’obscurité à dessein.
– Que voulait Père ? s’enquit-il. Tu sors de son cabinet, vous vous entreteniez donc d’affaires concernant le royaume. Affaires assez importantes pour qu’il remette les pieds dans cette pièce.
Andrea, toujours bouleversée par l’entrevue qu’elle venait d’avoir avec son père, n’avait pas le courage d’annoncer à son frère qu’elle régnerait à sa place. Cette nuit, promettant moult ruminations, s’annonçait suffisamment pénible. Elle n’était pas prête à supporter le fardeau de la confession d’un crime dont elle se sentait tant victime que coupable.
– Il voulait… il voulait m’annoncer que je vais me marier à la fin du mois. Mon fiancé viendra s’installer au château demain.
– Eh bien… Félicitations, ma sœur.
Il l’embrassa sur les deux joues avec une minutie insupportable puis resta debout à la regarder, semblant la défier. Il n’avait que onze ans, mais était toujours extrêmement petit et maigre. Il semblait tenir debout par miracle. Pourtant ce soir, sa présence avait quelque chose de terrifiant. Andrea le contourna pour rejoindre sa chambre, son cœur battant à tout rompre.
Il attendit qu’elle s’éloignât un peu avant de tourner les talons à son tour. Elle entendait le frôlement des pas de son frère s’éloignant à l’autre bout du couloir. Il glissait plus qu’il ne marchait, ce devait être tout juste si ses pieds foulaient le sol. Sachant qu’il entendait également ses pas, elle s’efforça de maintenir un rythme régulier, pour ne pas éveiller sa suspicion. Enfin, elle vira à droite pour s’enfoncer dans un petit couloir, et courut jusqu’à sa chambre.