Jeanne R. a lu "Obscurité" de Jean-François Foulon

Publié le par christine brunet /aloys

Jeanne R. a lu "Obscurité" de Jean-François Foulon

Jean-François Foulon, en conducteur attentif, nous balade avec des mots dans un parcours initiatique, lequel fait agir les héros du roman afin de se libérer du réel. Après le temps perdu, perdu à s'aimer mal, c'est le temps retrouvé que ce petit monde cherche durant des jours et des jours en pays de France pour réparer les bleus à l’âme.



Dès les premières images du livre, dans le noir profond d'une cachette qui voit l’obscurité dessiner les ombres de la nuit, comment ne pas penser à "La caverne de Platon" ? Mais, chez J.F. Foulon, le noir est profond et les ombres sont des fantômes d'où émerge la réalité d'un no man's land tandis que nous, lecteurs/lectrices, restons sur le seuil de cette caverne en attendant que l'histoire se déroule...



Il s'agit bien d'un huis-clos avec quatre personnages en partance pour un voyage au bout de soi-même : "la mère", ses deux enfants et une voiture, cette dernière a un rôle à part entière, assurément celui du refuge utérin.



Par un jeu intéressant, J.F. Foulon choisit de ne pas s'encombrer de noms ou de prénoms - seule - la petite fille est prénommée (Pauline), vu que c’est elle la lueur d’espoir, semble-t-il, et elle n’aura de cesse d’être protégée par les siens proches.
Dans cette grande aventure faite de petites aventures, tout le monde tente de se reconstruire, du plus petit au plus grand, et l'autorité se trouve transposée comme un passeur de témoin. L'unique garçon de l'histoire, appelé simplement "L'enfant", se présente ici sous un schéma œdipien, sauf que le regard de cet enfant en devenir n'est rien d'autre que notre regard, celui que nous posons sur un monde moderne cabossé qui va à vive allure comme la voiture, la voiture de l'histoire, la même qui se doit d'éviter d'autres écueils...



Il sera donc dit que le féminin s’avère très important dans ce beau roman triste au titre bien porté : "Obscurité".



Entre parenthèses, si l'un des lieux le plus récurrent du récit se trouve être "le camping", nous pourrions définir l’intériorité rêvée de chacun des protagonistes, grâce à l'épisode situé au frontière de l'Espagne, ainsi : Château de sable pour "l'enfant" / Château de contes de fées pour "Pauline" / Château de cartes pour "la mère".



Ce drame de la solitude à trois met surtout en lumière la question des règles de vie, celles édictées par la Société. Mais si une loi est mal faite, peut-on la transgresser ? Auquel cas, ce n’est pas sans risque…



Je salue bien bas Jean-François parce que dans ce "road movie", à la française, on sent très fort l'amour de la France que porte l'auteur en son cœur.



Littérairement vôtre,



Jeanne R.

Publié dans Fiche de lecture

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
Au risque de me répéter mais jamais titre ne fut si bien porté.<br /> <br /> Jeanne R.
Répondre
J
Merci pour cette lecture, Jeanne R. Vous avez perçu l'essentiel et notamment le rôle symbolique de la voiture, cette petite Peugeot qui remplace pour le trio mère/enfants la maison familiale où la vie n'est plus possible. Mais elle aussi est fragile et elle peut tomber en panne ou même être source de dangers. Elle permettra surtout aux protagonistes de réaliser un voyage interminable qui ressemble finalement à une fuite en avant. Mais toute vie n’est-elle pas un « Voyage » ? Ce n’est pas Céline qui nous dirait le contraire. 
Répondre