Marcelle Dumont a lu "Obscurité" de Jean-François FOULON
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Je viens de lire Obscurité, le roman de Jean-François Foulon. C’est le premier ouvrage de Chloé des Lys que je découvre. Le hasard a fait que j’ai correspondu très vite sur le forum avec l’auteur. J’ai senti l’homme sincère, sans chiqué, après avoir remarqué sa culture et son sérieux.
Son livre ne m’a pas déçue. Il m’a même bouleversée. Cette mère fuyant sur les routes de France avec ses deux enfants, un mari violent, est emblématique d’une situation trop fréquente. Dès les premières pages, on a envie de tourner la suivante, pour savoir ce qui va se passer. Alors, que l’on sait, au fond de soi, que tout espoir de fin heureuse est à exclure.
Calmement, objectivement, sans tapage, Jean-François énonce – et dénonce – le triste sort des femmes battues ou dont les enfants le sont, face à l’arsenal juridique qui leur impose de prouver leurs dires, constat médical et procès-verbal à l’appui. Accuser son compagnon, étaler ses propres blessures physiques et psychiques est une souffrance intime qui s’ajoute à l’intolérable .Alors, parfois on fuit, sans en mesurer les conséquences.
Tout commence plutôt bien pourtant, pour notre trio. Les vacances sont là. La mère est soulagée d’avoir tranché dans le vif. « L’enfant », un garçon de douze ans dont on ignorera toujours le prénom, ce qui donne à l’histoire un caractère encore plus universel, et surtout, sa petite sœur Pauline – elle n’a que huit ans – se réjouissent dans un premier temps d’échapper aux coups et de vivre avec leur mère une escapade inattendue. Très vite les choses se gâtent. La maison de l’amie, auprès de laquelle la mère comptait se réfugier, est vide et barricadée. L’enfant s’ingénie à trouver un accès aux lieux et il y réussit. Il est tout fier, tout heureux d’avoir dépanné sa mère. Il se croit sûrement dans « Le Club des Cinq ». Voilà donc quelques jours de bonheur et d’insouciance pour la famille.
L’enfant, fruit d’une première union, réalise que sa mère n’a pris sa décision cruciale que lorsque la fillette, fille du père violent, a encaissé des coups à son tour. Il y a donc un peu de rancœur en lui. Mais la fillette est si mignonne et elle se tourne vers lui avec tant de confiance que les enfants forment bientôt une sorte de couple inquiet et vigilant, tâchant d’aider leur maman, et de faire front avec elle aux ennuis qui commencent à s’accumuler. Un premier contrôle de la gendarmerie révèle que le père a porté plainte contre son épouse, pour enlèvement d’enfant. Enfant, au singulier, car peu lui chaut ce qui peut arriver à l’aîné qui n’est pas de lui. Ce qui implique que la mère risque la garde à vue … et les enfants de se retrouver dans une famille d’accueil.
De plus, le mari a fermé le compte à vue commun et bloqué le compte épargne. Il ne reste plus à la mère comme solution financière que son compte épargne personnel. Le vertige de la fuite est donc de plus en plus fort et cela mènera le trio à parcourir de belles régions de France, fort variées, mais qu’il est difficile d’apprécier vraiment dans de telles circonstances. Mais je m’arrête. Au lecteur de découvrir la suite !
Il y aurait encore bien des choses à dire sur ce roman. Notamment tout ce qu’on peut lire entre les lignes, car c’est d’un drame qu’il s’agit. L’auteur est profond et humain, même s’il met entre lui et ses héros une distance qu’on pourrait prendre pour de la froideur. Mais il agit comme un témoin qui nous invite à la réflexion.
Marcelle Dumont