Séverine Baaziz nous propose un extrait de son second roman "Mamie Paulette"

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

SITUATION AU MOMENT DE L’EXTRAIT :

 

Paulette s’est installée sous le toit de sa famille et, après avoir semé la zizanie, être devenue la complice de Jules, son petit-fils, elle se laisse tout doucement envahir par un sentiment d’inutilité. Jusqu’à cette nuit où, vraisemblablement, il est question d’un terrible secret…

 

EXTRAIT :

 

Chaque soir, Paulette s’endort, à peine la tête posée sur l’oreiller. Plus vite qu’une flamme sans oxygène. D’un sommeil profond, ininterrompu, sans souvenir de chimères.

Sauf cette nuit de nouveau millénaire passé de trois années, sept mois et trois jours.

Noire et calme, la chambre de Paulette est soudainement hantée par des pleurs étouffés, agonisant, hoquetant en spasmes contenus. Paulette allume sa lampe de chevet. Rien. Silence complet. Elle l’éteint. Les pleurs reprennent. Dans le noir de sa chambre, Paulette se redresse, s’assoit dans son lit, et écoute attentivement la complainte larmoyante. Puis, des chuchotements. Le filet de lumière sous la porte. De l’autre côté, selon toute vraisemblance, on ne dort pas.

A pas de velours, Paulette entrouvre la porte et aperçoit Marion passer de sa chambre à la salle de bain, les yeux rougis et gorgés d’eau, le visage tuméfié par les vagues de pleurs. Philibert la rejoint et semble essayer de la consoler, de la prendre dans ses bras. Elle le repousse. « Tu ne peux pas comprendre ! », s’énerve-t-elle. « Laisse-moi ! »

Et, d’un geste compulsif, empoigne ses longs cheveux comme pour se les arracher, les soulève, dévoilant aux yeux de Paulette un épiderme habituellement blotti sous les cols et les carrés de soie. Une large cicatrice cisaille sa peau comme un sourire d’épouvante riveté à la gorge. « Comment veux-tu que je dorme ? Comment ? Je crois que je ne dormirai plus jamais ! » Paulette a bien entendu. Sa gorge, ses pleurs, cette dernière phrase. Il faut qu’elle comprenne.

Cette nuit, Paulette n’a pas dormi. Une nuit sans sommeil, tourmentée de questions sans réponses. Il faut vraiment qu’elle comprenne.

Au comble de la curiosité, Paulette redevient fouineuse. La maison aux murs fleuris est repassée au peigne fin. Récalcitrants, le courrier, les messages téléphoniques, les écoutes aux portes ne donnent rien. Les tiroirs ne divulguent aucun secret, rien sous les matelas, nada dans les corbeilles. Cela devient épuisant. Et surtout vain !

Chaque nuit, inlassablement, les murs s’imbibent de gémissements lancinants, comparables à ceux d’une bête prisonnière d’un piège lui torturant la chair.

 

Publié dans Textes

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S
Merci pour vos commentaires ! Bizette à vous !
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P
A lire pour passer un bon moment !
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M
Je voudrais en savoir plus, moi aussi !
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E
Un secret, un mystère... et une gentille curieuse,enfin on la dirait gentille maintenant, bien qu'elle ait semé la zizanie, mais il faut un peu de fun dans la vie :)
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