Le flou du miroir – Brigitte Hanappe lu par Edmée De Xhavée

Tout juste paru chez Chloé des lys, j’ai décidé de me le procurer, après avoir rencontré son auteure. Parfois les rencontres donnent envie de lire ce qu’on n’aurait pas lu sans doute autrement. Je suis peu attirée par les témoignages, et encore plus rarement par les récits qui me font craindre une certaine pesanteur d’ambiance. Mais voilà, Brigitte Hanappe apparaît comme tout le contraire. Une gracieuse dame, élégante et tranquille, très féminine, coquette.
Et son récit est prenant, sans sensationnel ou suspense artificiel. Et c’est bien pour ça qu’on le lit volontiers, sans crainte d’être détournés vers des effets de style destinés à nous impliquer. On n’est pas impliqués mais surpris, touchés. On se reconnait parfois (je me suis retrouvée dans ses rêves persistants, et aussi dans le mauvais regard que l’on peut avoir sur les parents et qui se remet en place un jour, libérant enfin l’amour qu’on avait caché… Je pense que beaucoup d’entre nous pourraient se dire « moi aussi » en découvrant son cheminement).
Un suicide, un « autre » secret et secourable mais hélas pas aussi sage que ça, une sensibilité aiguë qui fait que les blessures ne guérissent pas mais s’incrustent, des remarques ou comportements bourrus de parents qui ne sont après tout que des parents et pas des psychologues, et on comprend cette souffrance grandissant en secret et qui un jour brise les écluses, et déferle.
Et surtout on assiste au lent travail de pansements, de nouveaux regards, d’écoute, qui ne se déroule pas sans dommages collatéraux car si on se sent seul dans l’aventure, le conjoint l’est aussi.
99 pages très denses, une écriture précise. On est invités à, peut-être aussi, mesurer la patience qu’il faut pour accompagner une personne déprimée : on vit dans deux codes de communication incompatibles. Il faudra donc avoir recours au pardon pour toutes les circonstances qui auront érigé un mur, un refus de plus.
Edmée de Xavée
