Christine Brunet a lu le dernier roman de Jean-Claude Texier "La confession de Cleve Wood
La première de couverture résume l'essence de ce roman complexe tout en nuances, en impressions, en clair-obscur. On se lance entre ses lignes les oreilles grandes ouvertes mais presque à tâtons tant les bruits, les voix, les sensations sont présentes, pesantes comme cette ambiance d'un jeu "pas vraiment" de dupe. Le lecteur fait corps avec Karl Erhard, enseignant aveugle mais époux clairvoyant et résigné. On entend le parquet ciré craquer sous les pas, les voix murmurées; on ressent presque la température des couloirs exigus qui rappelle certaines écoles de notre jeunesse.
Les personnages principaux ou secondaires oscillent entre vie scolaire et vie intime comme les lecteurs ballottés au gré des événements. L'histoire défile aux côtés de l'Histoire (avec un grand H) : on pénètre dans le quotidien des professeurs, leur mal-être, leurs doutes, leur métier passion pour mieux appréhender les liens privés qui unissent les trois personnages principaux.
Etude psychologique, étude sociologique, "La confession de Cleve Wood" joue sur le ressenti des lecteurs pour donner aux trois personnages principaux une dimension tragique et une épaisseur qui interpelle. Impossible de ne pas comprendre Hélène, la très jeune épouse de Karl mais comment ne pas avoir pitié du trop âgé époux qui se doute, sait, mais... Quant à Cleve Wood, tiraillé entre sa conscience et son désir, entre sa jeunesse et son amitié, difficile de le trouver si sympathique que ça et pourtant...
L'écriture très visuelle de Jean-Claude Texier nous transporte dans la maison des Erhard, un peu comme si, privés de la vue, nous découvrions couleurs, volumes et meubles au travers des autres sens exacerbés.
Alors, "quel est le sujet de ce livre ?" me demanderez-vous... Pas question de vous en dire trop mais...
Ce roman est l'histoire d'un amour inconditionnel, d'un désir insatiable, d'une conscience mise à mal. C'est le récit de trois destins qui se croisent, se télescopent avant de reprendre peu ou proue leur chemin.
Christine Brunet
www.christine-brunet.com