Brigitte Hanappe a lu "Le transfert" de Carine-Laure Desguin
J’ai envie de dire que lire « Le Transfert » m’a transférée aussitôt… Mais dans un monde burlesque !
J’ai lu très rapidement les trois actes de cette pièce de théâtre et chacune des répliques m’a permis de bien visualiser le scénario dans ma tête : j’imaginais le décor sommaire d’une chambre d’hôpital, les mimiques drôles ou pathétiques des personnages, leurs vêtements distinctifs.
L’auteure a une imagination très pointue mais je n’aimerais pas être un des patients hospitalisés dans la clinique inventée par son cerveau bouillonnant d’effervescence. En effet, celui qui ne correspond pas à certains critères bien déterminés, celui dont la réaction est différente de celle pour laquelle il est, en principe programmé, est envoyé carrément dans le statut d’inexistence. Un transfert illico presto dans un monde irréel où l’humain est invisible, transparent, sans aucun ressenti ni aucun besoin.
Bref ! J’ai passé un excellent moment et un large sourire accompagnait régulièrement ma lecture. Mais je me suis étonnée de ne pas rire aux éclats… Pourtant, me suis-je dit, c’est rigolo puisque c’est une histoire à dormir debout ?
Et bien non, justement ! Ce n’est pas une histoire à dormir debout !
Assurément, « Le Transfert » chatouille l’esprit en nous rappelant les dérives de relégation ou d’extermination que certains régimes politiques avaient imposées autrefois et qu’on impose encore maintenant, dans certains pays. On ne peut s’empêcher de penser aussi aux oubliés de notre système social actuel.
Bravo à Carine-Laure Desguin pour cette histoire qui allie l’absurde à la réflexion !
Brigitte Hanappe
Le flou du miroir
