Edmée de Xhavée a lu pour ActuTV "Les Viateurs" d'Alain Charles.
Un roman très singulier, qui nous surprend de page en page...!
Quelque chose de terrible est arrivé. La terre a tremblé, les immeubles se sont effondrés, et les rues sont désertes.
Les chapitres alternent ce qu’il en est des rares survivants enfants, et des adultes. Le lien constant est à la fois la voix de Georges, père du jeune Pol, et une puis deux magnifiques hulottes – diurnes, mais on le sait, plus rien n’est « comme avant » - au vol de phénix qui semblent veiller sur le petit groupe des enfants.
Pol et ses amis d’infortune – Zabeth ingénieuse mais au langage de charretier, P’tit Poutch le poupon qui ne sait qu’une chose : on s’occupe de lui, le Poète qui s’exprime en vers et reprend des couleurs, et Angèle arrachée au suicide – n’ont qu’un objectif : comment passer cette journée, puis on verra pour la suivante. Ils sont dans le présent, un présent très exigeant en ce qui concerne les ressources, la résilience, l’objectif futur. Il leur faut se nourrir – les magasins ont été pillés par les survivants, les bien périssables périssent, il est urgent de mettre en place des systèmes D, E, F avec beaucoup d’imagination, il s’avère capital d’éviter es enfants gris, ces hordes d’enfants sauvages extrêmement agressifs aux cris stridents qui vivent dans le métro éboulé et se nourrissent des rats en s’entretuant. Il leur faut faire confiance à la voix et entreprendre une longue marche hors de la ville…
Les adultes, eux, sont dans une galerie nantie d’une seule porte. Ils attendent, le visage figé, le regard creux, éclairé parfois par une curiosité agressive quand quelqu’un ne fait pas comme eux, qui ne savent pas pourquoi ils le font ni ce qu’ils attendent, mais ils sont devenus de dociles attendeurs. Parfois, un adulte prend une initiative, passe « son tour » et on ne le revoit jamais. Parmi ces adultes, Georges et Mathilde, rencontrés par hasard et père de Pol ainsi que mère de Zabeth. Eux… c’est le passé qui anime leurs conversations, pour comprendre. Georges fait le tour des avertissements ignorés (réchauffement climatique, pouvoir, domination, paupérisation) et des enseignements religieux, philosophiques, voire historiques. D’autres civilisations ont connu cet anéantissement, ce n’est pourtant pas la première fois que ça se produit, et toujours on aurait pu éviter que ça recommence. La mort, la vie avant et après elle, les rêves… Georges et Mathilde débattent et dissèquent. Il s’agit, pour eux, d’aller de l’avant ou de revenir en arrière si possible.
Là, je vous laisse savourer la fin, qui est un coup de maître !
Edmée de Xhavée