Concours 2 - Amour à mort - Texte 3
Avec elle, j’ai dormi à la belle étoile, visité villes et villages, avant de m’arrêter dans cette belle cité où nicher. Avec elle, je me suis fait des amis, si différents de moi mais si intéressants. Avec elle, j’ai simplement rêvé en regardant les étoiles.
Dans un instant, je vais mourir.
Peut-être l’ai-je trop aimée ?
Mais peut-on aimer trop ?
Peu importe, car je l’aime encore et ne regrette rien.
Même si la culpabilité me ronge de n’avoir pas écouté ceux qui m’avaient prévenu, ceux qui voyaient ce qui nous arrivait. Mais j’ai choisi de regarder ailleurs ; par bêtise ; par insouciance ; par facilité.
Par peur surtout.
Je pensais que rien de mal ne pouvait nous arriver, que notre bonheur était immuable… comme je me trompais. Et quand elle a commencé à devenir de plus en plus silencieuse, à cacher ses bleus sous un sourire sans éclat, je n’ai rien compris, sot que je suis !
Il a fallu qu’elle me quitte définitivement pour qu’enfin je me réveille. L’absence et son silence assourdissant étant plus efficaces que n’importe quel discours pour que j’ouvre les yeux sur un monde vide, sur un cauchemar sans fin.
Car il me l’a enlevée, l’a violée et asservie, pensant être le seul à avoir le droit d’en jouir ! Le triste sire, qui se croit si important alors qu’il est si petit.
Je vais mourir.
Cela ne m’inquiète pas, sans elle quelle raison ai-je de vivre ?
Mon réveil a pris trop de temps, un temps que je n’avais pas, un temps qui s’est enfui avec elle, avant de m’engluer, puis s’arrêter.
Quand je me suis redressé, que j’ai voulu me battre pour la récupérer, il était bien trop tard. Enfermée dans une sombre forteresse, elle m’était devenue inaccessible. Peut-être, un jour, quelqu’un abattra-t-il ces murs ? En attendant, je ne peux que rêver d’elle, sa douceur, sa joie, sa lumière.
La mort a eu moins de difficulté à me trouver. Tant mieux, je ne me cachais pas.
Mais comment ai-je pu laisser faire cela ? Comment ai-je pu être aussi aveugle ?
Il est trop tard pour se poser ces questions et vain de vouloir y répondre.
Aucun retour en arrière n’est possible.
Je vais mourir.
Pas elle.
Je le sais.
Elle, elle courbera l’échine, un temps, puis se redressera et il ne pourra rien faire pour l’arrêter.
Elle prendra son temps et nombre d’amants et il ne pourra rien faire, que trembler sous son souffle.
Puis elle prendra son envol et il disparaîtra, comme bien d’autres avant lui.
Car, tel le phénix, elle renaît de ses cendres et, d’un battement d’aile, embrase le cœur des hommes en leur offrant le droit au choix.
Elle est d’une essence rêvée, celle de la dignité.
Elle est la liberté.
Et je l’aime à en mourir.