Pascale Gillet-B a lu et chroniqué "Les romanichels" d'Edmée de Xhavée
Le hasard fait curieusement les choses !
Alors qu’Edmée De Xhavée nous présente son dernier roman à paraître, « M’entends-tu, Geronimo ? », je viens de terminer la lecture de son premier roman paru en 2009 chez Chloé des Lys, « Les Romanichels ».
Dans ce récit, Edmée nous propose une remontée dans le temps, mais par-dessus tout elle nous plonge dans l’âme humaine, à travers des personnages authentiques et attachants.
Il y a Suzanne et Olivia dans le présent, deux femmes, distantes et pourtant si proches.
On rencontre aussi Adrienne, autoritaire et sans nuance et Mado, lunatique et indécise, deux amies de jeunesse dont les routes vont se séparer au fil de la lecture.
Vonette, elle, est plus indépendante et originale dans ses choix.
Angelina, une domestique, n’est pas du même monde mais elle est une pièce importante dans le jeu de relations entre les personnages.
Il y a bien sûr des hommes dans cette histoire : Philippe, Oleg, Sébastien et Sergueï et surtout Max.
Ils ne m’ont pas fort impressionnée dans leur rôle respectif. Seul Max a retenu mon attention et reçu toute ma tendresse.
L’écriture d’Edmée est légère et poétique, même pour relater des épisodes graves ou tristes.
Edmée donne vie à ses héros de sorte qu’ils pourraient presque faire partie de notre quotidien.
Pour illustrer sa façon si jolie de décrire les sentiments, j’ai choisi cet extrait qui m’a touchée.
« Est-ce vrai qu’on a plusieurs vies ? Peut-on s’en souvenir ? Est-ce que le truc décrit dans le livre fonctionne vraiment ?
Max expliquait que c’était une fantaisie de l’auteur, plus sophistiquée mais un peu comme pour les histoires de Monsieur Lambique par exemple, où la machine à remonter le temps du professeur Barabas permettait de vivre des aventures plus variées puisqu’on pouvait changer d’époque.
Suzanne insistait, oui mais pourtant c’est vrai ce qu’il dit, parfois on fait des rêves qui pourraient être des souvenirs, non ? On croirait qu’on rêve, mais ce serait un souvenir ! Je ne crois pas, ma chérie, je pense que les rêves sont des mélanges de choses qu’on a vues ou entendues ou pensées, peut-être pendant la journée, et puis tout se mélange… Pourtant, daddy, parfois je rêve que je vois une sorte de feu de camp, et de drôles de gens autour, des chevaux et des chiens, et je suis déjà grande et je suis mariée… Comment peux-tu savoir que tu es mariée, demandait-il amusé, lui caressant les cheveux, et elle je ne sais pas, je le sens, je pense à mon mari, c’est tout… Il lui expliquait que ça arrivait sans doute les jours où elle avait vu un film d’indiens, et peut-être aussi Granita lui avait-elle encore parlé de son futur mari, qui aimerait une femme coquette et bien élevée… Mais Suzanne, sans s’inquiéter de son rêve le moins du monde, restait convaincue, non, c’est comme le Vagabond des étoiles !»
(page 66-67)
Pascale Gillet-B