Ani Sedent nous propose un troisième extrait de son dernier roman "Les oiseaux de pierre"
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Après un court instant d’hésitation, le bibliothécaire acquiesça d’un léger mouvement de tête avant d’inviter Ronan à le suivre.
Dès qu’ils furent hors de vue, Merlin se tourna vers Hortie.
‒ Bien que je le trouve inquiétant, loué soit Ronan ! Nous voilà débarrassés de la Fouine pour un moment.
‒ Je croyais que vous vouliez lui demander la permission d’emporter le grimoire, se moqua la fée en désignant la vitrine où reposait l’ouvrage.
‒ Je n’ai pas pour habitude de demander de permission pour quoi que ce soit, se défendit Merlin, vexé. Je pensais plutôt contraindre Chantepouille à me le remettre.
‒ Bien sûr !
‒ Et vous ? Quelle était cette idée pleine d’imagination qui devait nous permettre de récupérer le livre ?
Sans répondre, la fée se tourna vers la vitrine, prête à l’ouvrir.
Merlin l’en empêcha en posant une main sur le couvercle et un regard incrédule sur l’inconsciente.
‒ Vous cherchez à nous faire prendre ? s’énerva-t-il. Il y a sûrement une magi-alarme sur ces vitrines !
‒ Merlin, vous exagérez, Chantepouille n’est même pas mage.
‒ Et alors ? Le mage ferma les yeux et prit une longue inspiration avant de reprendre :
« N’est-ce pas lui qui a proposé au recteur d’interdire la bibliothèque à ces sauvages d’étudiants ? Son deuxième prénom est Méfiance.
‒ Le troisième plutôt, non ? railla Hortie qui, les deux mains agrippées au couvercle de la vitrine, tentait de l’ouvrir ; sans grand succès.
‒ Qu’est-ce que je disais ! s’exclama le vieux mage, triomphant.
‒ Ce n’est qu’un loquet, Merlin.
‒ Oui, eh bien à votre place je me méfierais.
Hortie aurait préféré se couper la langue plutôt que l’avouer, mais Merlin avait peut-être raison. Chantepouille était suffisamment retors pour avoir fait piéger ses vitrines. Ajustant sa vision magique, elle chercha les traces d’un sort d’alarme ou d’un quelconque mécanisme de défense. Et là, bien cachées sous le rebord du couvercle, au fond d’un minuscule trou de serrure, de fines particules irisées trahissaient la présence d’un sortilège.
‒ Tournequenouille ! s’exclama la fée en reculant.
‒ J’avais raison ! Evidemment, j’ai toujours raison, se rengorgea Merlin.
‒ Au lieu de vous vanter comme un pou qui se pavane sur la tête d’un chauve, vous feriez mieux de m’aider à désamorcer ce sort avant que Chantepouille ne revienne.
‒ Ôtez-vous de là, intima le vieux mage en bousculant la fée.
Il se pencha et approcha un œil de la serrure.
‒ Je vois. Un sort de premier cycle ça, grommela-t-il.
‒ Et vous ne trouvez pas cela étrange ?
‒ Pourquoi serait-ce étrange ?
Hortie croisa les bras et fixa le mage d’un regard noir.
‒ Un bibliothécaire, soupçonneux comme pas deux, qui décide de faire poser des magi-alarmes sur les serrures de ses vitrines et qui se contente d’un sort de premier cycle ? Allons, Merlin, réfléchissez !
Piqué au vif, le vieux mage colla à nouveau l’œil sur la serrure.
‒ Par tous les sorts ! s’exclama-t-il en se relevant.
‒ Qui avait raison, cette fois ? le nargua la fée.
[…]
Ani Sedent