Alain Magerotte a lu Albert ou la quête d'un marathonien d'Alain BUSTIN
par Alain Bustin
Alain Bustin… voilà un jeune homme de soixante ans qui ne fait vraiment pas son âge. Je lui trouve physiquement un petit côté Gérard Holtz (journaliste sportif sur France Télévision du type «exhibitionniste dentaire») mais… avec un cerveau en plus !... Je n’ai pas dit «… avec, en plus, un cerveau !»… La nuance est de taille…
Alain Bustin c’est Albert… ou le contraire, si vous préférez. Ce livre n’est pas simplement un prétexte pour narrer des courses menées tambours battants sous différents cieux. Un peu comme si Gaston Roelants ou Vincent Rousseau écrivaient leurs mémoires.
Il n’y a donc pas que la transpiration naturelle due à l’effort physique intense qui éclabousse les pages, il y a également ces nombreux cris d’amour pour la course, pour la bienveillance, pour la gentillesse et, pour ce père alcoolique et violent, parti trop tôt. Chaque objectif atteint (terminer la course), chaque victoire, rapproche un peu plus notre Forrest Gump wallon de ce père décédé tragiquement en mer. Quête d’absolu par le dépassement de soi… surmonter ses doutes, ses craintes… une sérénité tantôt perdue, tantôt retrouvée (temporairement)… Albert/Alain, pauv’ petiot en mal d’amour et de reconnaissance depuis sa naissance court toujours et encore...
Je ne peux résister à l’envie de vous livrer des extraits pour étayer mon propos :
… Les quelques randonneurs déjà présents à l’aube de cette magnifique journée nous cédaient, souvent à contrecoeur, le passage ! Même la majesté de l’endroit ne parvenait pas à révéler chez eux ces vertus humaines que j’estimais tant ! La courtoisie, la patience et la solidarité n’étaient alors que de simples mots, condamnés à flotter dans l’air, sans espérer pouvoir, ne fut-ce que pour cet instant, les habiter…
…Quand comprendrons-nous enfin que la clef du bonheur, ce sont les autres et la liberté, et non pas cette frénésie de vouloir toujours et encore plus vite tout contrôler, tout posséder, tout imposer…
… Comme une seule fois jadis, pose ta main sur mon épaule. Je m’en souviens si bien ! Ce jour-là, trop tard peut-être, tu m’avais promis de m’apprendre tant de choses et puis sournoisement le chaos de ta mort survint. Aujourd’hui, de la vie, je sais toujours peu. Mais en ce jour nouveau, sois sûr que je t’aime et que dans ma rédemption, tu seras toujours à mes côtés…
C’est un réel plaisir de découvrir, au fil des pages, ces appels à l’amour, à l’amitié, à la fraternité… nobles sentiments qui devraient en fait guider la vie de chaque individu sur cette planète.
Aux oubliettes la sinistrose déversée chaque jour par le JT, l’incommensurable vulgarité de la téléréalité et autres émissions débiles tenant le haut du pavé et nuisant ainsi gravement à notre santé mentale. Me revient alors à l’esprit la réflexion d’un prof. lorsque j’étais à l’univ. :
En parlant de la mort de Georges Pompidou, il disait : Un homme est mort. Je lui rétorquais : C’est parce qu’il était Président qu’on en parle. Tous les jours il y a des hommes qui meurent et on n’en fait pas tout un plat ! – Non, Monsieur, répondit-il, des hominiens, il y en a beaucoup, des hommes très peu.
Dans «Albert ou la quête d’un marathonien», nous croisons plus d’un homme. Rien qu’à ce titre, ce livre est réconfortant.
Côté panorama, l’auteur nous livre des descriptions précises des lieux, des endroits. De vraies cartes postales en somme. A tel point qu’Alain/Albert m’a transmis le vertige des cimes comme Bashung m’avait transmis celui de l’amour. Ah, ces «Alain» tout de même… quels mecs… non ?
Bon, je m’arrête ici, il est temps de me ravitailler si je ne veux pas connaître la terrible défaillance… et vous, n’oubliez pas de vous approvisionner en lectures saines et passionnantes, comme celle-ci par exemple.
Alain Magerotte.