Alain Magerotte a lu «L’attrape rêves des bons et des méchants de Raymonde Malengreau»
«L’attrape rêves des bons et des méchants», n’est-ce pas le titre d’un film de Claude Lelouch ?... « Pitié… il ne va tout de même pas nous en parler… alors là, on n’est pas sorti de l’auberge… qu’est-ce qu’on lui a fait pour mériter pareil… »
Allons du calme, S.V.P., pas d’énervement… rassurez-vous, «L’attrape rêves des bons et des méchants» n’est pas un film de Claude Lelouch mais le titre d’un recueil de dix nouvelles de Raymonde Malengreau; une Montoise d’origine mais une Molenbeeksicaine d’adoption.
Une «Molenbeeksicaine» ou «Molenbeexicaine» (on peut l’écrire des deux façons) est une habitante de Molenbeek; commune bruxelloise qui ne manque certes pas d’exotisme.
Molenbeek ? Molenbeek ?... Tu connais, dis ? Tu connais ?... Excusez-moi, j’ai passé le week-end à Uccle… l’effet Gonzague sans doute…
Dix nouvelles courtes, bien ficelées. On ne tergiverse pas, on entre directement dans le vif du sujet. Raymonde n’a que faire des descriptions interminables et anesthésiantes. De plus, elle n’est ni payée à la ligne, ni payée à la page.
Moi, non plus, d’ailleurs. Dans ce cas, j’y vais :
Petites philosophies : Aurélien (7 ans) faisait des cauchemars. Il n’en fait plus depuis que sa mère lui a confectionné un «dreamcatcher». A présent, il rêve d’une araignée tissant à n’en plus finir comme IKTOMI qui n’est pas le nom d’une filiale d’IKEA, mais la déesse indienne du temps filant et tissant nos jours et nos nuits…
Journal intime d’un malfaisant : Plutôt gonflé le gars. Menteur, délateur, empoisonneur, magouilleur… la totale ! Pour un seul homme ? ... Pas possible !... Vous ne me croyez donc pas. Il vous faut une preuve ? J’en ai une, imparable… il l’a écrit noir sur blanc, le gros malin (verba volant, scripta manent).
Voyance : La vision de Madame Rosita est terrible : … Le paisible boa se transforme en naja venimeux, du sang s’écoule du cercueil, la tour s’effondre sur la croix qu’elle brise. Les souris se voient pousser des crocs de fauves. Le squelette qui manie la faux prend le visage de la jeune femme. Les rochers explosent en éclats de kaléidoscope… Maman, j’ai peur, comment cela va-t-il se terminer ?...
Aline : Qu’ont en commun le chanteur Christophe et Monsieur K, le plombier du récit ?... Réponse : ils fabriquent des tubes.
Qu’ont-ils de différent ? Réponse : le premier criait «Aline» pour qu’elle revienne. Le second crierait plutôt «Aline» pour qu’elle s’en aille…
Grenier : Qui donc déplace la malle dans le grenier, à une heure indue, pendant que père et mère dorment d’un sommeil profond ?...
On l’appelait ainsi… : Chantal n’aime pas son prénom et sa famille l’ennuie. Chantal choisit ses amis et un nouveau prénom, Valérie. Elle rencontre Julien et lui suggère de l’appeler Gauthier. Et toi, plutôt que Valérie, comment aimerais-tu m’appeler ? lui demande-t-elle.
Chantal, répondit-il… Aïe !!! J’te dis pas la gaffe !...
Le vingt-sixième cône : Un SDF possède un coquillage (héritage de son grand-père) d’une valeur inestimable…
Adieu manège : Luce est différente des autres enfants. Elle est d’une incorrigible distraction. Incorrigible ? Pas sûr…
Room sevice : Une femme d’affaires passe trois nuits dans une miteuse pension de famille. Du gris, du gris, du gris, à vous flanquer le bleu, le bleu, le bleu…
Le vaisseau de pierre : Gonzague Gardediou est meunier et maître de son moulin. Tout va bien jusqu’au jour où la scoumoune s’en mêle. A la fin du récit, on découvre qu’il y a un lien entre «le vingt-sixième cône» et «le vaisseau de pierre»… comme il en existe un entre «le temple du soleil» et les «7 boules de cristal»… sauf qu’ici, la suite précède… c’est la surprise du chef !
Vous appréciez cette note ? Vous apprécierez davantage le recueil, croyez-moi.
Alain Magerotte