Anne Renault a lu "les Romanichels" d'Edmée de Xhavée
Je viens de terminer « Les Romanichels » d’Edmée de Xhavée. Vous me direz que je ne suis pas en avance dans mes lectures puisque c’est son premier roman et que le second est déjà paru. C’est vrai, les livres à lire s’entassent, et la pile ne diminue que lentement. Mais mieux vaut tard que jamais…
Chaque soir, j’ai attendu de retrouver Mammita, sa fille, et tous (et toutes) les autres, dont les destins naissent, se développent, se rencontrent aussi, nouant les fils d’une parentèle parfois complexe. Mais c’est avec plaisir et impatience de lire que je suis entrée dans cette saga, je dirais même « fresque » familiale, construite au point de croix. Ici, chaque détail, chaque description, chaque parole tissent la broderie serrée mais délicate d’une famille de la bonne bourgeoisie wallonne et de ses proches. Ouvrage de dame, mais ce n’est certainement pas une critique sous ma plume, que cet entrelacs de vies, créant une intrigue qui progresse en douceur. Au fur et à mesure que la fresque s’agrandit, de nouveaux personnages apparaissent, qui viennent prendre leur place dans la composition.
Le texte intègre avec fluidité les remontées dans le temps, cette mémoire, qu’il faut préserver, dans ses moindres détails, avant qu’elle ne sombre, ainsi que le présent de deux femmes, mère et fille, dont c’est la tardive mais véritable rencontre. Le tout ponctué de petites touches sur la saveur d’un thé, la douceur d’un rayon de soleil, le moëlleux d’un coussin...
Atmosphère intimiste et intimité des souvenirs, tout cela dans le cadre, heureusement transgressé, des règles de vie d’une société bien née, de bonne condition, soucieuse du « ce qu’il faut faire « et du « ce qu’il ne faut pas faire ».
Tout commence par ce qui aurait pu être présenté comme un drame, mais qui, grâce à l’intelligence et à l’amour de la vie des personnages, se révèle être au contraire la condition d’une naissance, celle d’un véritable rapport d’amour entre une mère et sa fille.
Et après l’épisode magique et mystérieux des « romanichels », où apparaît l’homme à la cigarette, le gitan silencieux, c’est un départ vers une nouvelle vie auquel nous assistons, une fois les secrets mis à jour, les non-dits dévoilés, une vie pleine de vérité et d’amour qui va emporter les deux personnages principaux.
Roman psychologique et de mœurs, le livre plaît aussi par son ton vivant, gracieux et plein d'humour, même quand il aborde les difficultés et peines des personnages. L’amour du monde, la bonne volonté de vivre et de jouir des choses sont présents à chaque instant et font des « Romanichels », une histoire à la fois émouvante et savoureuse.
Anne Renault
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