Bob Boutique a lu 'Nouvelles à travers les passions" de Micheline Boland
"Nouvelles à travers les passions", critique de Bob Boutique
Je vous ai déjà parlé de Micheline à propos de son premier recueil intitulé ‘Nouvelles à travers les saisons‘ et dit à l’époque tout le bien que j’en pensais. Lorsque son deuxième livre est sorti à l’occasion de ‘Tournai la Page’, ‘Nouvelles à travers les passions’, je me suis donc précipité dessus, en espérant retrouver les mêmes sensations. Gagné. C’est de la même veine et pourtant différent. Ce qui m’évitera de devoir me répéter.
Première remarque. On nous propose cette fois-ci sur 172 pages, 24 textes qu’on pourrait classer en trois groupes. Des nouvelles classiques ( de loin mes préférées), quelques récits historiques et enfin des écrits beaucoup plus courts, glanés sans doute dans les ateliers d’écriture auxquels Micheline participe.
Personnellement, c’est dans ses nouvelles traditionnelles, que je me retrouve le mieux. Des histoires simples, presque anodines, dont on se demande si ça vaut la peine d’en parler. Puis l’auteur gratte un peu et derrière les personnages conventionnels, banals, parfois falots, se profile une passion, une douleur, une phobie… bref, une humanité criante qui semble nous rappeler qu’en fin de compte, on est toujours seul.
L’univers n’a pas changé. C’est celui de la petite bourgeoisie hennuyère catholique dans laquelle vit l’auteur. Un milieu où les conventions, le qu’en dira t-on et le ‘ce qui se fait’ tiennent lieu de morale. Un monde étriqué, où tout se passe dans la tête, faute de pouvoir l’exprimer avec emphase. Un milieu coincé, où le péché est vécu comme une calamité, alors qu’il fait peut-être tout simplement partie de la vie.
Et en matière de péchés, elle s’y connaît notre Micheline : qu’il s’agisse de la jalousie, de l’avarice, de l’envie… ou d’handicaps véniels (je ne trouve pas d’autre mot) qui vous rendent rêveuse, suiveuse, épieuse, hésitante, influençable, bigotte… lisez : la palette est très large et tous les personnages du livre en sont atteints, d’une façon ou l’autre.
Un exemple ?
C’est une Mémé, une bobonne tout ce qu’il y a de plus traditionnel, avec ses recettes de cuisine, les petits enfants qu’il faut chercher à la sortie de l’école, le mari qui est plutôt gentil… bref, une petite vieille qui n’a pourtant que 53 ans. Et puis un jour… comme ça, sans raison, une impulsion : elle enfile son manteau, court jusqu’à la gare et prend le premier train venu ! Il va à Namur… Peu importe. Elle s’assoit sur une banquette, encore étonnée par son escapade et essaie de faire le point d’une vie bien rangée, sans doute un peu terne.
Puis le remords ou le simple bon sens ? Elle se rend compte qu’elle ne va nulle part, descend à Châtelet et retourne à pieds. Lorsqu’elle rentre à la maison, personne n’a remarqué son absence ou si peu et tout reprend comme avant. Voila, c’est tout. Il ne s’est rien passé. C’est une non-histoire.
Sauf que racontée par Micheline, cela tourne à la grande aventure. Le dérisoire devient passionnant et la petite bonne femme une héroïne qu’on voudrait écouter pendant des heures en lui tenant la main. Car (et c’est peut-être la leçon principale, sous-jacente, qu’on retrouve dans ces nouvelles) chacun de nous a droit à la compréhension et ira en fin de compte au paradis. Comme dans la chanson de Polnareff.
Enfin, moi, c’est comme ça que je l’interprète.
Pour le reste, est-il utile de rappeler que le style est quasi parfait, le français d’une richesse sans forfanterie, les descriptions imagées avec une acuité toute particulière et le rythme soutenu. On arrive au bout avant de même de comprendre qu’on lit de jolies phrases littéraires.
Encore une fois bravo au comité de lecture de Chloé des Lys qui a su reconnaître un vrai talent.
Bob Boutique
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