Joyeux noël !!!! Et pour aujourd'hui, un conte... signé Raymonde Malendreau
Je vous souhaite à toutes et à tous un joyeux noël !!!!
Pas de folie avec le champagne et le foie gras !
LE TRAINEAU PERDU
Chouette ! A leur réveil, les jumeaux Dimitri et Florent s’aperçoivent qu’il a neigé toute la nuit. Ils vont tout de suite chercher leur luge au grenier.
Ils s’apprêtent à partir mais Maman les arrête. « Ah non, ce sera pour tantôt ; il fait encore trop froid. Et si vous sortez maintenant, écharpe et bonnet. Compris ? »
Un « Oh » déçu. Tans pis. Alors, en avant pour une bataille de boules de neige avec les garçons d’à-côté.
Leur dîner à peine avalé, ils s’habillent chaudement et partent vers le bois. Ils savent qu’il y a là un chemin creux en pente, idéal pour les descentes rapides. Il fait froid et sec. Le soleil brille sur les tubes de givre qui entourent chaque brindille. L’air sent bon la résine. Leurs pas sont les premiers à marquer la neige et, dès qu’ils frôlent une branche, une cascade blanche leur dégringole dans le cou.
Le silence est impressionnant. On n’entend que le croassement des corneilles noires qui se poursuivent au-dessus des arbres et se disputent on ne sait trop pourquoi.
Dim et Flo remontent le traîneau tout en haut du chemin et se laissent descendre. La neige se tasse peu à peu et tout va de plus en plus vite. Parfois, la luge cale sur une pierre cachée et les envoie rouler jusqu’en bas de la pente. Ils rient comme des fous et glissent encore et encore.
Ils en oublient l’heure et la nuit les surprend soudain. Le soleil a disparu et ils frissonnent.
Il est grand temps de rentrer. D’autant plus que la forêt s’anime de bruits inquiétants : murmures, courses secrètes dans les buissons et même d’horribles grognements.
Les sangliers !!! Le cœur battant, Dim et Flo se hâtent.
* C’est quoi, ces lueurs vertes ? demande Flo brusquement.
* Où ça des lumières vertes ?
* Là, regarde, vers la droite.
* Ça, ce sont des yeux de renards.
* Tu crois ? Les renards ne sont pas si grands. Cela pourrait être des loups, non ?
* Tu veux rire. Tu sais bien que Grand-père a tué le dernier il y a plus de cinquante ans.
* Et… s’ils étaient revenus ?
Les lueurs vertes se rapprochent vite. Pris de panique, les jumeaux abandonnent leur traîneau et se mettent à courir à travers bois en aveugles. Ils entendent le halètement des animaux sur leurs talons. Ils manquent de tomber plusieurs fois en trébuchant sur des souches. A la dernière seconde, ils avisent un arbre creux où ils se réfugient, hors d’haleine. Sauvés !
Petit à petit, le froid mordant et l’humidité leur tombent sur les épaules. Dans sa course, Flo a perdu un gant et il souffle sur sa main qui gèle déjà. Dehors, on entend la neige craquer sous des pattes.
Soudain, la lune se lève et c’est comme au théâtre. Maintenant, ils les voient bien. Deux grands loups, l’un sombre, l’autre clair, sont assis et attendent. Une vapeur blanche leur sort de la gueule. Le troisième, un louveteau gris, joue tout seul. Leurs ombres se dessinent en noir sur la neige qui brille.
Les jumeaux se taisent. Ils n’en avaient jamais vu auparavant, sauf dans les films ou à la télé, bien sûr. La peur les tenaille. Et cette peur-là, elle vient de loin et de longtemps.
Pourtant, les loups n’ont pas l’air méchant ; on dirait juste deux grands chiens.
Le louveteau s’arrête de jouer. Il s’approche de leur cachette et les renifle. Puis Il se dresse sur ses pattes arrière et avance prudemment le museau. Il tient quelque chose entre les dents.
- Regarde Flo ! Il te rapporte ton gant !
Les grands loups rappellent leur petit, se lèvent, tournent la tête vers eux et se mettent en route. C’est clair, ils invitent les deux frères à les suivre. Dim et Flo ont peur. Vont-ils courir ce risque ? Ont-ils le choix ? S’ils restent là dans leur arbre, ils mourront de froid avant qu’on ne les retrouve.
La troupe se met en marche. Les animaux se retournent de temps à autre comme pour vérifier qu’on les suit bien. Les garçons marchent en silence. Ils ignorent où on les mène ; ils ne reconnaissent pas le paysage. Dans leur fuite, ils ont perdu tous leurs repères.
Et puis les loups s’arrêtent … autour de la luge abandonnée.
Maintenant, les jumeaux savent où ils sont. Il n’y a plus qu’à continuer tout droit et, au bout du long chemin, il y a la maison avec sa chaleur et ses lumières rassurantes.
Quand ils veulent remercier leurs compagnons, ceux-ci ont disparu comme par magie.
- Pourquoi ils sont partis si vite ? se demande Flo.
- Oui, c’est dommage ! J’aurais bien aimé leur dire merci et surtout caresser le petit loup.
- Mais peut-être que ses parents n’auraient pas voulu qu’on le touche et qu’ils se seraient fâchés ?
- C’est vrai, on ne sait pas. Mais qu’est-ce qu’on va pouvoir frimer chez les copains !
Après un silence et tandis qu’ils se dépêchent, Dim reprend
- Tu sais, il vaut mieux qu’on ne dise rien.
- Parce qu’on ne nous croira pas et qu’on se moquera de nous ?
- Évidemment qu’on nous traitera de menteurs.
- Mais de toute façon, on finira bien apprendre que les loups sont revenus ?
- Bien sûr. Et que se passera-t-il quand on le saura ?
- On les attrapera pour les mettre dans un zoo ou quelque chose comme ça ?
- Voilà. C’est pour ça qu’il ne faut rien dire. Il ne faudrait pas que ce soit de notre faute, tu comprends ? Donc silence ! OK Flo ?
- OK Dim. Regarde, Maman nous attend sur le perron. Elle doit être vraiment inquiète. On va se faire drôlement punir !
- Sûrement ! Et ça va commencer par : « C’est à cette heure-ci qu’on rentre ???!!! »
Ils rient tous deux en douce en s’approchant de la maison avec un air coupable
Raymonde Malengreau