5
ses attentes sont des lambeaux
creusés jour après jour
p’tit dèj pilules
dîner pilules
souper pilules
trois grammes d’infirmière
une cuillère à soupe de kiné
palpable
l’ergo comme dessert
et une farde de documents
vierges
ça c’est pour votre euthanasie
il entend
voici un bic tout sera manuscrit
(obligatoire)
quelqu’un viendra demain
cette personne vous informera
de tout ça
le vieux de la zéro/vingt-trois
ne décroche pas les yeux
de la commande du lit
et de sa guirlande électrique
il allume la télé et
éteint ses pensées
Alice se dit qu'elle en a parcouru du chemin pour arriver à réussir avec brio ses études de Master en Psychologie clinique. Elle voulait à tout prix travailler dans le domaine de l'enfance. C'était comme si c'était écrit dans ses veines. Ses parents, par tout l'amour qu'elle et son frère cadet Grégoireavaient reçu, lui avaient ouvert d'ailleurs la voie. Certes, Alice avait sûrement les aptitudes suffisantes pour réussir ses études. Elle qui, pourtant, avait eu tant de difficultés à assimiler les matières vues à l'école primaire.
Côté lecture, Alice se souvient des premières phrases écrites à la craie blanche par son institutrice sur le grand tableau noir, égayé de lignes rouges horizontales. Mélanie allait à l'école et la petite fille donnait une rose à saMadame et lorsqu'Alice revenait de l'école, ses parents consacraient beaucoup de temps à lui faire relire les phrases nouvelles mais aussi les vocalises souvent dépourvues de sens et d'images. Dès lors, les "ma-me-mi-mo-mu" faisaient écho aux "la-le-li-lo-lu" et les oreilles d'Alice ne percevaient pas grand-chose de ce charabia sorti tout droit des manuels scolaires et décrété nécessaire à l'apprentissage de la lecture. De plus, cela s'était compliqué ensuite avec toutes les lettres inutiles et muettes, sans compter les voyelles qui se mariaient avec les consonnes pour former des sons ! A l'heure des devoirs, Alice se souvient qu'elle faisait souvent irruption dans la cuisine, son manuel scolaire en main.
— Et ça Maman, comment dit-on ?
— Ça, c'est "an"... comme dans le flan que je prépare en guise de dessert !
Et Alice savait venir plusieurs fois de suite pour identifier les sons derrière lesquels les voyelles jouaient à cache-cache.
Extrait 5
Les jours où il ne pleut pas, au coin de la rue qui la mène chaque matin à la crèche, Madeline peut passer un peu de temps à la plaine de jeux.
Alice et Nicolas adorent la voir pousser les barreaux de la grille du parc communal, emprunter ensuite le petit chemin de graviers et courir, de ses petits pas alertes, vers la balançoire ou le toboggan. Au début, la petite fille n'était pas très rassurée de quitter le chemin de graviers pour aller sur la pelouse où sont installés les jeux. Elle n'avait jamais marché sur l'herbe. Alice et Nicolas ont toujours en tête l'instant où, pour la première fois, ses petits pieds incertains se sont posés sur le gazon. Madeline s'est alors accroupie, a caressé de ses mains l'herbe imprégnée de rosée et ensuite a commencé à cueillir, de ses petits doigts délicats, quelques pâquerettes. Et c'est à ce moment-là que le cœur d'Alice a craqué et qu'elle a dû retenir une larme au coin de l'œil.
— Fleurs pour Maman, a alors dit Madeline, en regardant Alice et Nicolas.
Chloé Derasse écrit depuis toujours. Elle évoque la vie, décrit la nature, détaille les gens, relate les événements. Dans ce cinquième ouvrage pourtant, elle aborde pour la première fois le délicat sujet des Troubles du Comportement Alimentaire (TCA). Oscillant entre anorexie et boulimie depuis de nombreuses années, l’auteure nous livre ici, sous la forme d’une fiction, un témoignage bouleversant. Son récit, si douloureux et pourtant si plein d’espoir, mêle l’inventivité de son écriture à une réalité souvent méconnue.
EXTRAIT
Alice enfonce les doigts dans sa bouche.
Une première fois. Une deuxième.
Jusqu'à ce que la nausée la gagne.
Un liquide brunâtre remonte à sa gorge et se déverse dans la cuvette.
Elle recommence.
L'acidité lui brûle l’œsophage mais elle s'en fiche.
La colère qui l'envahit est telle que plus rien n’a d’importance.
Dans le fond de la toilette, des petits pois flottent.
Elle remet sa main.
Le goût de la purée sur sa langue la rassure.
L’entièreté du repas est presque passée.
Encore un petit effort !
Un nouveau jet jaillit. Quasi transparent cette fois.
Voilà.
C'est la fin.
Tom, 13 ans, et sa petite sœur Sarah arrivent de Paris à Nantes alors que l'année scolaire est déjà commencée
. Orphelins, ils n'ont plus qu'une tante à Nantes et celle-ci n'est pas enchantée de les accueillir. Dans cette ville, ils ne connaissent personne. Ils vont y rencontrer Lisa, une jeune fille qui vient de s'installer en France avec ses parents. Lisa y déteste tout : la pluie, la ville, le collège. Elle n'a qu'une envie, retourner vivre en Suisse pour retrouver ses amies et les pistes de ski. Elle annonce d'emblée qu'elle n'a aucune intention de rester habiter ici. Un soir, la tante de Tom et Sarah disparaît mystérieusement. Ils vont tenter de la retrouver tandis que la police tente en vain de percer cette énigme. Des élèves de St Stan' vont leur venir en aide pour mener une enquête. La bande des six collégiens se lance dans des aventures étonnantes avec de nombreux rebondissements. Les liens d'amitié qui se tissent entre eux leur permettront de surmonter les épreuves.
MON AVIS :
Ce roman assez court est adapté aux enfants, je n'avais pas compris avant de le démarrer ! C'est super pour un premier polar !
Tom et sa sœur se retrouvent orphelins. La seule famille qu'il leur reste est une tante qui vit à Nantes, ils déménagent donc de Paris. Une nouvelle vie s'ouvre à eux...
Lisa habite en Suisse, mais ses parents déménagent à Nantes pour leurs emplois respectifs. Lisa est très en colère de cette nouvelle situation, elle est bien décidée à retourner dans son pays d'origine au plus vite.
Quand la tante Bertha disparaît, les enfants vont mener une enquête difficile afin d'aider la police à la retrouver. La fratrie a tellement peur de se retrouver sans aucune famille ! Leur tante est la dernière personne qui peut s'occuper d'eux. Cette disparition va rapprocher les 3 enfants, Lisa va se rendre compte qu'il est possible de se faire de nouveaux amis dans cette ville inconnue.
J'ai trouvé ce polar très sympa et adapté à des enfants dès 12 ans, il est très bien écrit et assez intéressant concernant l'enquête. Les thèmes abordés sont bien maîtrisés, les codes du roman policier sont respectés et les enfants sont attachants. À découvrir, pour les jeunes, comme pour les moins jeunes !
Longtemps professeur à l'Institut Saint-Luc de Ramegnies-Chin, Bernard Wallerand a côtoyé de près le monde de la jeunesse, axant très souvent son enseignement autour de la thématique des droits des enfants. Etant sensible depuis toujours à cette cause, l'idée du roman "Au-delà des barreaux" est née de façon spontanée, à la suite d'un reportage au journal télévisé. On y montrait une bénévole qui s'occupait d'une petite fille née en prison, séjournant avec sa maman. Chaque matin, la bénévole emmenait la petite à la crèche et allait la reconduire chaque soir à la prison, auprès de sa maman, profitant de cet instant pour lui donner des nouvelles de la journée, tissant ou retissant les liens !
Ayant vécu en famille d'accueil, Bernard Wallerand sait aussi ce qu'est la main tendue vers un enfant et connaît la tendresse et la pérennité des liens créés. Dans "Au-delà des barreaux", les barreaux remémorent la séparation, la mort, les grilles du cimetière. Ils conduisent à l'univers de la prison et son lot de désespérances mais font aussi allusion aux barreaux du petit lit vers lequel des mains se tendent. Ils évoquent enfin les barreaux de la grille de la plaine de jeux à travers lesquels une enfant s'éveille à la vie, sous les yeux d'un couple aimant et attentionné qui, au sortir de la prison, la conduit à la crèche. Page après page, jour après jour, "Au-delà des barreaux" ouvre les grilles de l'enfance et la clé du récit célèbre l'accueil des tout-petits.
A travers ses romans, lorsque Bernard Wallerand évoque la mort, c'est la vie qui rejaillit. Quand surgit l'abandon, c'est la main tendue qui s'offre. Au moment où la détresse s'installe, c'est l'espérance qui redonne le sourire...
Résumé
Alice assiste aux funérailles d’une vieille dame. Au-delà des barreaux de la grille du cimetière, le corbillard conduit la défunte vers sa dernière demeure.
Anna, enfermée dans son passé, prisonnière de son mari, marque à la craie rouge des petites barres de désespérance sur le mur gris de poussière de sa vie grillagée. Elle purge sa peine au-delà des barreaux de la mort.
Adélaïde, à travers les barreaux de son petit lit, est éclairée de tendresse à fleur de peau et la petite Madeline, qui voyait les oiseaux sur la cime des platanes à travers les fenêtres de la prison, adore pousser la barrière de la plaine de jeux.
Quant à Mathilde et Léon, leur cellule d’amour semblait si ombragée avant que ne s'ouvrent les grilles de l'existence....
Ainsi, page après page, jour après jour, "Au-delà des barreaux" ouvre les grilles de l'enfance et la clé du récit célèbre l'accueil des tout-petits.
Extrait
Qu'en a-t-il été des dernières heures et des derniers murmures de cette dame à qui on rend hommage ? Alice, la cinquantenaire dont les mèches grises semblent griffonner des nouvelles nuances sur sa chevelure blonde n'en sait quasi rien, mis à part quelques borborygmes insipides énoncés par le prêtre durant son homélie et qu'elle essaye de comprendre au passage. De surcroît, quelques parcelles du passé nullement évoquées font surface dans l'âme blessée d'Alice. Elles remontent du fond du puits de la vie de la défunte telle une eau nauséabonde et que les pluies abondantes répandues sur ses années auront sans doute purifiée.
Ses influences littéraires vont d’Edgar Allan Poe à Oscar Wilde, en passant par Graham Masterton, Stephen King et Anne Rice. C’est d’ailleurs la découverte du roman Entretien avec un vampire qui le décida à devenir un auteur publié, qui fit naître le besoin d’un échange.
Refusant toute étiquette, Joe Valeska aime le mélange des genres : Fantastique, Horreur, Mystère, Policier, Comédie et Drame.
Après ses Contes épouvantables et Fables fantastiques, réédités en deux volumes illustrés, et les deux premiers volumes de sa saga Meurtres Surnaturels (Éditions Chloé des Lys), l’auteur retrouve son héros charismatique, l’acteur Julian Kolovos, dans un final (?) épique : Le Triomphe de Julian Kolovos.
RÉSUMÉ
Julian et ses compagnons ont triomphé de la diabolique Lénora Morgenstein. Mais la louve-garou a brisé la star en assassinant sa bien-aimée, laquelle était enceinte… Qui plus est, l’honneur de Julian Kolovos a été sali de la plus abjecte des façons… Par sa propre sœur !
Comment diable Ivana a-t-elle pu agir de la sorte ?
C’est un Julian Kolovos mis à terre que nous retrouvons au début de ce chapitre final (?) où il est question de pardon, de rédemption et de fraternité, toujours. Des liens du sang… Et que veulent ces vampires, menés par le fascinant Alcibiade ? Que viennent-ils faire au château Kolovos ? Amis ou ennemis ?
Une (peut-être) conclusion qui tient toutes ses promesses…
EXTRAIT
Les chevaux, dans le pré, et tout particulièrement le pur-sang de Julian, Pendragon, étaient agités…
Francesco, son fils, Adam, Max, Kristoff et Janine revenaient de la clairière, au milieu de la forêt, où ils s’étaient recueillis devant les cairns, dernières demeures de Ningsih et Joshua, dans un silence monastique.
À peine furent-ils à l’intérieur du château, Julian se mit à humer l’air et murmura qu’ils n’étaient pas seuls. Il ne parlait absolument pas des employés de maison… Il se tourna vers son père et lui dit de rester derrière eux. Après quoi, cernés par les hauts-reliefs majestueux qui semblaient les épier, ils se mirent à marcher en direction du grand salon avec la plus grande prudence.Ils passèrent l’arche séparant le vestibule de la pièce la plus impressionnante de leur demeure ancestrale. Là, à leur grande surprise, debout de part et d’autre de la longue table, se tenaient quatre personnes qu’ils ne connaissaient ni d’Ève ni d’Adam. Deux jeunes femmes et deux jeunes hommes.
– Mais qu’est-ce que ça veut dire ? s’indigna Francesco. Que faites-vous chez moi ? Qui êtes-vous ? Ce château n’est pas un musée !
Ils ne répondirent pas.
Julian craignait le pire…
Leur attention fut soudain attirée par un rire discret qui provenait d’à côté de la cheminée, celle dont le contrecœur représentait Excalibur dans la pierre. Positionné comme il l’était, le fauteuil dissimulait qui se trouvait là. « Montrez-vous ! », ordonna Julian. La personne se leva alors et se dirigea vers le bout de la table. Elle était vêtue d’un pantalon large en lin blanc et d’une veste blanche à double boutonnage avec un col à revers et des poches à rabat sur le devant. À la main, elle tenait un diadème rehaussé de pierres précieuses. Elle le posa sur la table, délicatement. C’était elle. Ivana Kolovos !
– Comment, c’est toi !?! s’irrita Francesco, les yeux lui sortant de la tête… Tu n’es plus la bienvenue, ici ! Après ce que tu as fait subir à ton frère, comment peux-tu oser remettre les pieds dans cette maison ? Nous ne voulons plus entendre parler de toi, Ivana ! Dehors ! Et n’oublie pas d’emmener tes camarades avec toi, surtout ! Dehors !!!
– Papa, Julian, je suis venue m’excuser… sanglota-t-elle. Je ne suis pas responsable de ce qui est arrivé… Oh, mon frère ! Pourras-tu me pardonner un jour ? Tout ce que tu voudras… Je te le jure, je ferai tout ce que tu voudras ! Je n’ai jamais été aussi sincère, tu dois me croire ! Mais ces personnes, là, je ne sais pas qui elles sont… Ce ne sont pas mes amis. Pourquoi restent-ils immobiles et muets, tous ? Je n’y comprends strictement rien !
– Tu affirmes ne pas les connaître ? se troubla Julian, l’espace d’une seconde. Mais tu nous fais quoi, là ? Une crise de schizophrénie ? Arrête ton char, s’il te plaît, Cléopâtre… Quand nous sommes arrivés, tu étais en train de ricaner, Ivana. Nous avons tous entendu. Et il faudrait te croire ? Mais à quoi joues-tu !?! Ça suffit, les mensonges ! C’est pourtant vrai qu’ils ne bougent pas…
– Mais je ne joue pas, grand frère ! Nous avons fêté tes trente-neuf ans et les vingt-sept ans d’Adam, et puis, tout à coup, il y avait cette vidéo. Et j’ai tourné un film, non ? En fait, je crois que ces gens travaillaient avec moi. Mon Dieu, tout est si embrouillé !
– Ou ta sœur est réellement schizophrène, Julian, lui glissa Janine à l’oreille, ou alors… (Elle fronça les sourcils et pinça les lèvres.)