Joël Godard nous propose un extrait de son ouvrage "Ailleurs est un pays aux rivières lentes", en deux parties
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Joël Godart nous présente deux poèmes en prose extraits de son recueil : «Ailleurs est un pays aux rivières lentes».
1 Partie
Pour qui souhaite s’exprimer par la poésie, s’offrent à lui différentes formes : vers classiques, vers libres ou prose (certains parlent aussi de verset). On peut vouloir s’échapper de ce retour pesant et systématique de la rime en fin de vers – ces textes que nous avons tous appris à ânonner à la petite école ! Et aussi de ces règles arbitraires fixées par certains et que même le grand Baudelaire a transgressée dans nombre de ses poèmes. Le vers libre a l’avantage de ne pas perturber le lecteur grâce à l’apparence de vers sur la page; bien sûr la rime est absente mais le jeu des assonances, des allitérations, des rejets, etc… donne à l’auteur une grande liberté d’expression. (à suivre)
XXVIII
Nous ne sommes pas seuls. L’armée des hommes
lève le camp. Nous ne sommes pas seuls. Les doigts
de la mer se pressent sur ma bouche. L’écume dans
mes cheveux, le sel sur mes lèvres, je ressemble à
une créature venue du fond des mers . Mes yeux posés
sur le sable attendent le retour de la marée. Nous ne
sommes pas seuls. Là où la mer rejoint le ciel, où mon
souffle devient rauque, je saurai vous conduire de toute
ma force, mes peurs, mes doutes, mes rires
– mon armée.
XLIX
Pensées, mes salamandres ! Que de journées
passées pieds nus dans la rivière à vous chercher !
Mes mains en cornets essayaient de vous retenir
– sans vous faire de mal.
Pensées ! Vos couleurs sont restées dans ma mémoire,
et quand je vous relâchais, car il fallait rentrer avant la
nuit , pour ne pas inquiéter les parents, je vous regardais
en silence vous faufiler entre les pierres humides,
rejoindre la Grande Obscurité.