Rolande Michel a lu "La bukinê d'Anna" de Marie-Noëlle Fargier
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Dans un style empreint de poésie, Marie-Noëlle Fargier nous oblige à remonter le temps. Son amour de la nature et du passé se confondent et suintent à travers les mots, tout simplement, comme une source claire à laquelle notre imagination se désaltère avec plaisir.
Il était une fois…, il y a des siècles, un lieu appelé « Le Crouzas »…
L’auteur nous y entraîne, de chibotte en chibotte, à la découverte de deux mondes différents.
Quand l’histoire commence, Belenda, la guérisseuse, vient de mourir en donnant le jour à Matobe, une enfant aveugle, fruit d’amours clandestines. Le peuple auquel elle appartient est dirigé par des hommes avides de pouvoir qui prétendent appliquer les lois de dieux cruels. Sans la moindre pitié, ils condamnent à mort tout être différent.
Ainsi, si ses sœurs ne décidaient pas de la cacher de l’autre côté du fleuve, Matobe serait condamnée à mourir. Varna l’emmène dans la forêt de l’Ombre où Matobe grandit, à l’abri de la haine et en communion profonde avec la nature. Grâce à la bukinê de sa soeur, une sorte de coquillage qui émet des sons, Inanna reste en contact avec elles.
Hasard ou signe du destin ? Matobe croise un jour la route de Ghanan. C’est son père. Il est le chef d’une tribu où des gens pacifiques, résolument anti violents et respectueux de la nature, honorent un seul dieu. L’amour et le partage sont leurs seules richesses.
Matobe emmène ses sœurs dans cette tribu. Peu à peu, les deux peuples apprennent à se connaître. Au fil des échanges, les mentalités changent, des liens se tissent, des amours naissent.
Devenue inutile, la bukinê tombe et est emportée par le courant du fleuve.
Quelques siècles plus tard, un peu comme si l’histoire se répétait, nous retrouvons trois sœurs. Anna vient de donner un récital dans un château qui surplombe la Loire. Comme pour remercier le Ciel, elle porte à ses lèvres le talisman qui ne la quitte jamais, une bukinê que son grand-père à trouvée, il y a très longtemps, au pied d’une chibotte. L’écho reste silencieux et seule une colombe lui répond….
Au-delà de ses qualités et de la poésie qui s’en dégage, ce livre est aussi porteur de messages d’amour et de tolérance. Véritables sources de richesse, l’écoute de l’autre, la communication ouvrent les cœurs et les esprits et gomment les différences.
Le temps existe-t-il ? Les événements sont-ils amenés à se répéter, un peu comme s’ils étaient les éléments d’une roue qui n’en finirait pas de tourner ? En prenant conscience de ces messages que je crois éternels, ce sont des questions que pourraient se poser les lecteurs.
Rolande Michel