Ces petits, un poème de Marie-Thérèse Carlier
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CES PETITS
Tous ces petits
A la vie mal affermie,
Trop tôt anéantis,
Pourtant sans dédits
Ni sans vils compromis
Qu'ont-ils fait, honnis
En leur courte vie?
Est-ce un oubli
Venu de l'infini
Qui les a trahis ?
Ou peut-être maudits ?
En quelle envie
Du mal se sont ils-mis ?
Hors de leurs nids,
Innocence bannie
Ils n'ont pas menti
Ils n'ont pas gémi
Juste des non-dits
Comme du vin la lie
Ils connaissent le mépris
Pourquoi sont ils-affadis
Au fond de leur lit
Ces petits génies
Qui n'auront jamais grandi
De quels puissants la déontologie
*
De la normalité les a bannis ?
Quel crime ont-ils commis
Pour être de la sorte punis ?
Aux jours où les enfants rient
Ceux-ci sont sans amis
A quelles règles sont-ils soumis
Réfugiés dans leurs replis?
Ils n'ont pourtant jamais rugi
Ni se sont enhardis
A pousser de rage leurs cris
Ce ne sont que des petits bandits
Aux joues pâlies,
Aux silences d'une violence inouïe,
Aux regards nus où se lit
Toute l'indifférence qu'ils reçoivent à l'envi
Ils sont à peine nés qu'ils entrent en agonie,
Ces petits à un destin fatal déjà soumis.
Pour eux, jamais on ne prie,
Ils ne connaîtront que l'oubli
D'une vie non accomplie
D'eux aucun ouvrage ne se publie
Ils disparaîtront sans amis,
Dans un de ces hôpitaux de la non-vie,
Derrière les portes de l'oubli
Où ils gisent dans leur imposé dédit,
Même les anges ne voient d'aussi petits,
Dans leur souffrance induits.
*
Pour ces anges, l'enfer vite s'oublie
Ils s'envolent vers d'autres êtres sans félonie,
Leurs tombes ne seront bénies,
Pas de place pour eux au Paradis
A moins qu'un être de lumière d’amour pétri
Leur offrent un coin d'amour hardi
Leurs âmes seront peut-être sauvées de tout ennemi
Un carré de fleurs par leurs cendres sera enrichi,
Sublimé par cette quintessence amie
Celle de l'aube du monde, quand le bonheur n'était interdit...
Bon vent, petits amis !