Rolande Michel a lu "Le temps de l'errance" de Jean-François Foulon
J'AI LU LE TEMPS DE L'ERRANCE
de Jean- François FOULON
J'ai lu et relu à plusieurs reprises cet ouvrage avec un plaisir sans cesse renouvelé.
Je me suis bien longtemps demandé comment trouver des mots dignes de
qualifier une œuvre d'une intensité poétique aussi exceptionnelle, à la fois pleine de tendresse et empreinte d'un romantisme teinté d'angoisse, d’incer titude et de questionnement.
Pour Jean-François Foulon, la rime est accessoire, même s'il se plaît à la taquiner avec une facilité déconcertante.
Quel que soit le mode d'expression choisi, l'auteur laisse errer sa plume, au hasard de ses états d'âme, de ses souvenirs, de ses angoisses.
Certains thèmes essentiels, que je me bornerai à évoquer, sont récurrents.
Rêver !
C'est bien là le propre de l'Homme, ce qui le différencie de l'animal, depuis la nuit des temps !
L'auteur évoque, non sans nostalgie, son enfance, et les endroits familiers dont sa mémoire a même enregistré les odeurs.
Associés à la musique, ses souvenirs lui ont permis de fuir un présent sur lequel il jette un regard attristé.
Grâce à eux, il a pu s'évader dans ses rêves, à la poursuite d'une étoile, et exprimer, à travers l'écriture, son espoir d'un monde meilleur.
Comme il le dit si bien :
"Heureux ceux qui partent sur des navires affrétés pour nulle part, sans savoir s'ils reviendront."
La mer symbolise l'Infini, L'Éternité. Attiré par elle, l'Homme hésite un temps, diffère son départ, et se décide enfin à prendre le large, à embarquer sur ses rêves, "des navires dont les nuages sont les voiles". À quel prix ? Vers quelle destination ? Peu importe. Il marche...
Au cours de son cheminement, il arrive que "ses pas se perdent"dans les gares, le temps d'une halte, en attendant le train de la vie. L'emprunter le
condamne à la solitude.
Très vite, les traces de ses pas s'effacent cependant, comme il en va de celles qu'il laisse quand il marche sur les routes enneigées.
Existons-nous vraiment ? Se pourrait-il que nous rêvions notre vie ?...
Tout au long de son périple, l'Homme assiste, impuissant, à la destruction de la nature, à la victoire du matérialisme, du sexe, de la drogue.
Et le temps fuit inexorablement, un peu comme si la mort et son silence étaient le but ultime de toute existence.
Mais le temps a-t-il jamais existé ou l'avons-nous créé ?...
À l'automne de sa vie, après des années d'errance au cours desquelles il a le sentiment d'avoir tourné en rond, l'Homme arrive au bout du chemin. Sa fin est proche.
Confronté à la réalité, soudain lucide, il en arrive à la conclusion que fuir, en quête d'un ailleurs illusoire, ne servait à rien. Il se demande alors si ce voyage, qui le ramène à son point de départ, en valait la peine.
Pourtant, en cours de route, il a connu l'amour qui embellit la vie et fait souffrir aussi. Mais, comme toute chose, l'amour est éphémère. Le poète a rêvé d'une femme inconnue qu'il aurait voulue parfaite et unique.
Cette quête d'amour idéal, si chère aux romantiques, Jean-François Foulon l'exprime avec infiniment de douceur et de délicatesse. Mais de ses amours imaginaires ou vécues, seuls lui restent les regrets et la solitude.
Avant d'en terminer, j'aimerais vous inciter à méditer sur cette déclaration d'amour sublime que toute femme rêverait d'entendre :
"Je ne me souviens plus où nous nous sommes rencontrés,
Ni de quel pays tu venais.
Je n'ai jamais rien su de ton enfance ni de ta famille.
J'ai même oublié ton nom.
Mais j'ai gardé au fond de moi le tendresse de tes caresses,
L'odeur de ta peau et la douceur de ton regard.
Je te reconnaîtrais entre toutes."