La Rinascente d'Edmée de Xhavée : premier avis dans "mes impressions de lecture'

Publié le par christine brunet /aloys

http://mesimpressionsdelecture.unblog.fr/2017/03/24/la-rinascente-edmee-de-xhavee/

 

« Edmée plonge au tréfonds des cœurs et des âmes, et même parfois des tripes, de ses héros pour en extirper les joies et les douleurs les plus intimes et les plus vives pour montrer que l’amour et que la vie ne sont souvent qu’illusion et  amertume ». Lorsque que j’avais lu un précédent recueil de nouvelles d’Edmée, j’avais conclu mon propos par cette phrase qu’aujourd’hui je cite en introduction à la lecture de son nouveau recueil car elle a toujours ce même regard sur ce qui unit ou sépare les femmes et les hommes. A travers huit nouvelles qui sont autant de vie de femmes trompées, abusées, bafouées, elle reprend son thème de prédilection avec un peu plus gravité encore, peut-être même une petite de dose de férocité et de cynisme. On dirait qu’elle croit de moins en moins à « l’amour toujours », et qu’elle éprouve de plus en plus une grande méfiance vis-à-vis du mariage et de toutes les liaisons se voulant pérennes, ces unions qui servent surtout à maintenir le patrimoine au sein de la famille, conserver l’honneur le rang de la phratrie, du clan, perpétuer et préserver le « nom ».

« On tombe amoureux comme on tombe malade, ou fou de peinture, ou de courses de voiture. Une passade, elle passe. Un amour… on ne peut faire autrement que le vivre. On « tombe » dedans ». Un amour on le vit le temps qu’il dure car il est n’est que très rarement à vie. Le hasard qui réunit les amoureux à vie n’a pas souvent l’occasion d’exercer son talent, les mariages et unions diverses relèvent bien plus souvent des convenances ou du confort personnel. Auparavant on parlait d’alchimie de l’amour désormais on évoque une quelconque chimie qui relierait les amoureux…

Pour se convaincre de cette vision de l’auteure, il suffit de lire la quatrième nouvelle, celle qui concerne une jeune femme qui découvre que son mari la trompe et qui va vider son chagrin et sa colère dans les jupons de sa mère et de ses deux tantes qui lui racontent, chacune à leur tout, leur chemin sentimental personnel lui laissant ainsi découvrir que la sérénité qu’elles affichent toutes les trois n’a rien à voir avec leur vie sentimentale. Elles ont du combattre, accepter, biaiser, louvoyer, composer… pour construire une vie qui leur apporte une certaine satisfaction.

C’est, selon Edmée « la Rinascente » la renaissance, les retrouvailles avec les amis, les amours de jeunesse, quand on en a fini avec ce qu’il fallait faire : se marier, fonder un foyer, avoir des enfants pour assurer la descendance, faire carrière pour ne pas écorner le patrimoine familial, quand le couple s’étiole, que l’amour s’évapore doucement, que les enfants quittent leur nid, que les contraintes disparaissent, c’est le moment de renaître, de construire une autre vie, celle dont on a rêvé, celle qu’on n’a jamais pu vivre…, avec ceux qu’on retrouve. C’est la petite lueur d’espoir que l’auteure laisse filtrer entre les  lignes de ses sombres nouvelles.

Lire Edmée, c’est caresser un tissu de soie rêche, boire un vieil apéritif démodé, à la fois doux et amer, c’est se laisser bercer par la musique du texte, comme par un concerto pour piano de Mozart ou un Stück Musik de Schubert. Mais c’est surtout lire une page de l’histoire du XX° siècle, l’histoire d’un monde qui fut et qui n’a pas su s’adapter pour être encore, un monde qui n’a pas pu, ou pas su, prendre la mesure de tout ce que les deux abominables grands conflits avaient changé dans la vie des populations en Europe au XX° siècle. Le destin d’une classe sociale qui régentait le monde au XIX° siècle et qui a dû laisser sa place à une bourgeoisie nouvellement enrichie aux mœurs moins sclérosées, aux idées plus larges et plus hardies. L’histoire d’une classe sociale qui a poussé sous les tapis de son faste passé, les poussières nauséabondes de ses mœurs peu en harmonie avec son image.

Il y a aussi dans ces textes des souvenirs d’enfance, l’évocation de lieux où l’auteure a certainement séjourné et surtout beaucoup de nostalgie mais aucun regret, l’auteure semble, elle-même, avoir su renaître à une nouvelle vie après sa vie professionnelle.

 

Publié dans avis de blogs

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J
Je suis en train de le lire également et personnellement je trouve le regard porté sur le mariage très lucide. On retrouve le thème cher à l'auteur qu'il faut construire soi-même sa vie, aller à l'essentiel. Pour "renaître", il faut souvent transgresser les conventions sociales. Oser être soi-même, malgré l'autre et les autres.<br /> Les hommes infidèles ne sont d'ailleurs pas vraiment condamnés dans le livre. Ils cherchent ailleurs l'amour, le vrai, qui n'est plus présent dans leur mariage qui s'étiole.
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E
Exact, je ne suis pas contre les hommes du tout, ils ne sont pas les "mauvais". La vie les a leurrés (ceux qui trompent) et voilà... tout le monde se construit en dépit de ça, ou autour de ça, mais continue de chercher son chemin au lieu de ululer que la vie est trop injuste :D
M
Une note de lecture tout en finesse comme l'écriture d'Edmée.
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E
Merci à Denis Billamboz pour cette note de lecture très soignée. <br /> <br /> Philippe, c'est bizarre, les hommes trouvent que ma vision est sombre, les femmes que ma vision est réaliste. Je crois tout à fait en l'amour, mais le mariage, quant à lui, est plus aléatoire. On y reste parfois pour des raisons qui n'ont rien à voir avec l'amour. Mais c'est une vieille histoire. Et il y a les "arrangements", qui ne sont pas toujours preuve de veulerie mais d'objectivité, d'ouverture d'esprit. <br /> <br /> Merci en tout cas de t'y être plongé. J'espère que certaines des nouvelles te rendront du peps :D
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P
Je suis en train de le lire...<br /> Un peu pessimiste quand elle parle d'amour, Edmée, non? <br /> Une écriture que j'aime beaucoup, mais ça, je le sais depuis longtemps !
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