Albert Niko nous propose un court poème...

Vers le Dakota
Le sens réside dans une brouette.
Ou dans la manière qu’à cet homme de tenir sa brouette, et ce qu’il reste du jour est ce qu’il en rapporte.
Le sens réside dans un paquet de riz crevé.
Et cette mouche décrivant une même boucle autour d’une ampoule.
C’est une vieille femme que tu n’as jamais vue sans son chien, sans son gilet rose, sans autre image d’elle-même qu’une vieille dame sortant son chien et qui, rendue en haut de la côte, a toujours ce regard pour la fuite des jours vers le Dakota.
Dix fois par jour.
C’est un bus qui s’éloigne, un train qui t’arrive et que tu prends juste parce qu’il n’a jamais été question qu’il en soit autrement.
Et, tournant la tête, tu rencontres ces deux seules chaussettes noires pendant du séchoir, ainsi qu’une batterie de pommes qui jamais ne rêvent d’une autre vie.
Et tout ce que tu peux voir au-delà, de ta fenêtre – les maisons, les voitures garées, toutes ces petites créatures qu’un soleil aveugle affole – est mort en apparaissant.
Albert Niko