Christine Brunet a lu "l'homme au grand chapeau n'avait rien à cacher ni rien de grand" d'Albert Niko
Voilà longtemps que j'avais envie de découvrir ce livre, un intérêt attisé par les nombreux textes qu'il nous propose sur ce blog.
Et puis, avouez que ni le titre ni la couverture sont banals !
Alors ?
Et bien, comment dire...
Albert Niko nous propose un recueil de textes courts, voire très courts, certains à la limite de la poésie tout au moins dans le format.
Mais rien n'est banal ! Tout est singulier, atypique ! Certains ressemblent à un match de boxe dans lequel les mots serviraient de coups de poing et le lecteur de punching ball, des uppercuts à mains nues que le lecteur encaisse, ébahi.
Certains autres sont des flashes, des coups de lumière sur des situations du quotidien : les objets sont à l'honneur mais décalés (comme sur la première et la 4e de couverture), peut-être parce que les objets n'on pas besoin de tricher, eux... des objets du quotidien qui auraient une âme et transportent le passant sur des chemins surprenants.
Jeux de mots, jeux d'images, images sans fard, souvent cash, style qui ne s'embarrasse pas des conventions : l'auteur ne prend pas de gants dans un univers qui oscille entre tendresse et violence...
Parfois l'auteur dérape et le lecteur zappe avec lui, débordé.
D'ailleurs ce livre prend de court le lecteur imprudent qui, longtemps, gardera en lui l'image de ce foutu lampadaire ou de cette magnifique cabine téléphonique anachronique appelée à disparaître... Lorsque le vivant s'invite dans l'objet ou la chose, cela donne de petites phrases qui arrêtent la lecture telle cette mise en exergue en début de partie : " les gouttelettes d'eau en formation contre les vitres ne peuvent au mieux que glisser"*... un méli-mélo entre vérité de Lapalisse, poésie, mots images... Le temps suspend son vol puis reprend son cours lorsque le lecteur se décide à tourner la page...
Voilà ! Pas envie d'en dire plus... Un livre pour tous les curieux et les amoureux des mots ! Un livre complexe et multiple comme vous pourrez le constater ci-après à la lecture d'une précision de l'auteur que je tiens à vous faire partager...
* Remarque de l'auteur après lecture de la chronique : "les gouttelettes d'eau en formation contre les vitres ne peuvent au mieux que glisser" ne sont pas tant une évidence que symbolique : le recueil "Négatif d'un amour" (ou le carbone d'une journée à écrire) évoque principalement toutes ces choses écrites d'avance, comme un aveu d'échec, ce que l'on souhaite transformer d'une réalité arbitraire, comme un décor tombé d'un coup du ciel. Une réalité que l'on ne traverse que géographiquement, sans en retenir de sens, de signification (si jamais cela fait sens...). Ces goutelettes ne passeront pas "au travers".
Christine Brunet
www.christine-brunet.com