GSL... Gilles Saint-Laurent, notre boss !!!!

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

GSL1999

Le dealer

 

 

Une lune pâle s'était levée, jetant une lumière glauque dans les ruelles de la ville. Le bruit d'une péniche trahissait de temps à autre le silence qui régnait à cette heure de la nuit.

 

La lumière d'un briquet illumina le visage de Dorian tandis qu'il allumait sa cigarette.

 

Un homme, âgé d'une vingtaine d'années tout au plus, s'approcha de lui.

 

- T'en as ? Combien ?

 

- 3 Euros le sachet d'Ecstasy. Avec elle, tu décolles sans problème et tu atterris bien plus tard. J'ai de l'herbe aussi, si tu veux.

 

- Non, l'ecsta, c'est juste ce que j'ai besoin : j'ai envie de planer comme un malade demain soir !

 

- Tiens, et si tu te fais choper...

 

- On m'en a vendu à l'entrée de la boite, un type baraqué mais j'ai pas vu son visage. Note que je sais pas à quoi tu ressembles, men !

 

- Pour toi comme pour moi, il vaut mieux que tu saches pas. Allez, casse-toi !

 

- Ouais ouais c'est ça !

 

Le jeune homme paya et s'éloigna. Le manège se reproduisit quelques instants plus tard, avec un junkie défoncé à un point tel qu'on aurait pu le croire atteint d'une maladie incurable.

 

- Salut, mec, t'en as ?

 

- Ecstasy, herbe, de la coke et un peu d'héroïne aussi.

 

- Héroïne, my lady héroïne, lança le junkie en ricanant.

 

- Un gramme ?

 

- Combien ?

 

- 40 euros.

 

- ok, j'ai assez !

 

Une demi-heure plus tard, tandis que Dorian allait quitter les lieux, un homme d'une cinquantaine d'années, à l'allure élégante, s'approcha.

 

- Combien ?

 

Dorian éclata de rire.

 

- Je tapine pas, sorry.

- Oh ! fit l'homme en déguerpissant aussitôt.

 

L'aube pointait de l'autre côté du fleuve, éclairant doucement le bâtiment en construction (celle-ci devait durer une bonne année mais vu l'absence d'hiver, les travaux seraient probablement terminés plus tôt).

 

Dorian traversa les ruelles, se dirigea vers la grand place et entra dans le self-service de la banque. Là, il y déposa la recette de la nuit, comme il le faisait chaque matin depuis 5 mois maintenant.

 

Il soupira, puis procéda à un virement. Enfin, ayant quitté les lieux, il rentra chez lui, épuisé, et s'endormit aussitôt.

 

Il fut réveillé brutalement par la voix intempestive de la radio diffusant les informations : à quelques mois des élections, chaque parti promettait de diminuer les impôts tout en réglant les problèmes sociaux et la pauvreté...

 

Il avala rapidement son déjeuner, se doucha et s'habilla. Moins d'une heure plus tard, il était à l'hôpital.

 

L'infirmière l'accueillit avec un regard triste.

 

Dorian n'avait pas besoin de plus d'explications.

 

- Vraiment désolé, monsieur. Elle est partie pendant son sommeil.

 

Il fit un signe de la tête et alla au 3ème étage, les larmes aux yeux.

 

Ayant embrassé sa mère, il attendit patiemment que le service des pompes funèbres entre en scène...

 

L'enterrement eut lieu quelques jours plus tard : à part le prêtre, l'enfant de choeur et lui-même, personne n'assista à la cérémonie.

 

Il avait choisi le plus beau cercueil, et la tombe débordait de fleurs.

 

L'après-midi, il se recueillit une dernière fois, avant d'aller se dénoncer à la police.

 

Publié dans Nouvelle

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L
Bien écrit et glauque à souhait...
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J
Avec du recul, oui, l'un de nous aurait dû trouver (Bob l'avait évidemment). J'avais bien trouvé les initiales LD, si siiii - rires -, et j'avais pensé au nom du parfumeur et couturier Yves Saint -Laurent, sans faire le rapprochement avec le prénom ! Vrai que cette plume et l'esprit du récit aurait dû nous mettre sur la voie. Nouvelle sombre et à suspens avec une chute digne d'un grand auteur finaud : bravo Laurent et merci Christine pour cette astucieuse présentation, Christine. Euh ... tu ne nous tiendras pas rigueur, hein, boss ?
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M
Mais oui bien sûr !
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S
C'est vrai que c'était trouvable, quand on y pense... Le noir est une couleur que tous les mots ne savent pas porter. Bravo patron !
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C
Je me disais que c'était bien écrit, un peu glauque. Mais bien sûr! Laurent Dumortier!
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E
Oooooh! Il nous a bien eus... Je ne pensais pas du tout à lui, mais je me suis délectée de la nouvelle :)
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