Deux nouveaux textes signés Albert Niko !!

Mon oncle
monta sur Paris lorsqu’il fut en âge de travailler, où il fut employé dans une poissonnerie et trouva l’amour (qui lui fit l’effet d’un programme à 90° avec triple essorage)
d’où il rentra rincé à vie dans sa Bretagne natale
perçut rapidement une pension d’invalidité
qu’il ne fit plus que boire au bar
sans que lui soit donné le temps de jamais venir à bout de son ardoise
(la prise multiple de psychotropes combinée à une alcoolisation régulière le conduisant prématurément au cimetière
où ses frères durent se cotiser pour lui payer un enterrement décent.)
***
C’était il y a une bonne quinzaine d’années, j’avais alors 28 ans et je descendais mes premières pistes blanches de rmiste. Pour lui, ça faisait déjà quelques mois qu’il ne payait plus le loyer, et itou pour l’électricité ou le téléphone – ça c’est pour l’algèbre parce que côté géographie on pensait à un choc des plaques tectoniques à voir comme chaque objet paraissait avoir été projeté ça et là comme suite à un typhon. L’évier de la cuisine, avec ce qu’il contenait, figurait la réplique cubiste d’un plein aquarium de poissons morts – et le sol était tellement graisseux que vos pieds collaient où que vous marchiez. Au point où il en était arrivé, il n’y avait plus grand chose à faire, et je le voyais fouler son champ de bataille comme un général à qui il incomberait de reconnaître et dénombrer les pertes – ce qui était bien évidemment trop pour un seul bonhomme ; alors avant de s’enliser totalement il rassembla quelques affaires et alla s’installer dans un camping.
L’idéal pour maintenir le contentieux à distance tout le temps de la belle saison, avant de trouver une nouvelle solution.
Je sais pas ce qu’il est devenu comme j’ai quitté la région peu après mais j’imaginais qu’il avait dû faire le tour de ses amis.
J’ai espéré qu’il en comptait de sûrs.