Bernadette Gérard-Vroman nous propose une poésie "Langue de nos ancêtres"

Publié le par christine brunet /aloys

Langue de nos ancêtres


Revigorée par un canard, *
Je pars pour un lointain voyage
Où revit au travers des âges
Cette langue d’oïl, le picard.


Grâce au théâtre, tout un art,
L’héritage est mis à la page,
Les mots revêtent leur plumage,
Vont dérider les teints blafards.


Elle fait partie du folklore,
Ses empreintes, nul ne l’ignore,
Elle est l’alliée des corons.


Qu’elle soit du Nord ou de l’Oise,
Souvenons-nous de Mousseron
Et de ses poésies patoises.

Bernadette Gérard-Vroman


*Canard : morceau de sucre trempé de l’alcool (calvados, genièvre, rhum) ou dans le café que l’on fait fondre dans la bouche.


J'ai fort quièr el français, ch'est l'pus joli langache,
Comm' j'aime el biau vêt'mint qué j' mets dins les honneurs.
Mais j'préfèr' min patois, musiqu' dé m'premier âche,
Qui, chaqu'jour, fait canter chu qu'a busié min coeur.
Dins l'peine, un mot patois nous consol' davantache;
Dins l'joie, à l'bonne franquette, i corse el bonne humeur.
Il est l'pus bell' rinscontre au cours d'un long voïache,
L'pus douch' plaint' du soldat au mitan des horreurs.
L'patois s'apprind tout seul, et l'français, à l'école.
L'un vient in liberté, l'autr' s'intass' comme un rôle.
Les deux sont bons, bin sûr, mais not' patois pourtant,
Rappell' mieux les souv'nirs d'eun' jeunesse effacée.
L'patois, ch'est l'fleur sauvach' pus qu'eune autr' parfeumée...
Ch'est l'douche appel du soir d'eun' mère à ses infants.
Sonnet de Jules Mousseron, Poète mineur (1868-1943)

Publié dans Poésie

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B
Merci à vous tous d'être passés par ici :) <br /> Heureuse d'avoir pu partager ceci avec vous.<br /> Bon w.e. à vous tous.
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J
Hiiiiiiiiiiiiiiiii, cela fonctionne ! Bravo et félicitations pour ce petit bijou de poème, Bernadette, ainsi que cet aperçu du dialecte ... Reconnaissance à toi.
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J
Tout plaisir ! J'essaie de poster un commentaire et peut-être que cela fonctionnera. J'ai dû me réabonner, ... mais je ne reçois toujours pas la newsletter ... (?)
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E
Je ne le connaissais pas non plus et je pense que c'est normal puisque c'est dans un langache particulier. A Verviers nous avons mon lointain parent Corneil Gomzé, très connu... juste chez nous :) <br /> <br /> C'est beau de chérir son langage, oui. Et les canards, qu'enfants nous prenions, mais il s'agissait seulement du sucre trempé dans le café !
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C
Mousseron, je ne connaissais pas du tout.
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B
Moi non plus, avant que je ne fasse des recherches suite à l'écriture de ce poème, inspiré d'une pièce de théâtre que je suis allée voir en 2013.