Carine-Laure Desguin a lu "Silencieux tumultes" d'Edmée de Xhavée

SILENCIEUX TUMULTES pourrait être le prochain feuilleton de l’été, celui que des millions de téléspectateurs attendraient angoissés chaque vendredi soir, avec sur le bord des lèvres des questions vitales qui leur feraient oublier le gratin enfourné depuis belle lurette ou la séance chez leur psy préféré: Mais pourquoi donc la fille de Léonie reste-t-elle avec cet homme qui…? Et, aux environs du troisième épisode, le suspens étant à son comble, Quelle est cette beauté peinte par XXX (je ne peux tout dévoiler !) sur ce tableau digne d’un impressionniste, mais qui donc est-elle ? Ce visage ne m’est pas inconnu…
Car tous les ingrédients sont présents, plusieurs générations prises dans les tumultes d’un entrelacs d’amours et de désamours dans une grande maison très stylée entretenue par des domestiques et des jardiniers, pour faire de cette saga qui commence en 1928 et qui se termine en 2009, un succès télévisé ou mieux encore, une adaptation cinématographique qui se nommerait Au vent en emporte le temps.
Mais ce xième livre d’Edmée de Xhavée, c’est bien plus que tout ça, c’est 196 pages écrites dans un style d’une rare poésie, avec des allusions aux légendes régionales, aux recettes d’une savoureuse cuisine de terroir, à des objets inusités et presque inconnus de nos jours.
Et je ne peux donc résister au plaisir de vous offrir quelques lignes de ce petit bijou qui devrait s’inscrire d’ores et déjà au sein du patrimoine culturel de la province de Liège.
Page 55 :
Sur la table ronde empire marquetée et cerclée de cuivre ciselé et étincelant, de superbes dahlias jaillissent d’un vase chinois, tandis qu’un Val Saint Lambert, juché sur le petit guéridon japonais laqué rouge, offre sa transparence à un plumetis de grappes de verges d’or, dont les tiges feuillues s’élancent en se croisant, vigoureux traits verts dans le cristal de l’eau ou la lumière tremble.
Page 83 :
Derrière la haute haie de troènes, le jardinier des voisins poussa sa tondeuse, et l’odeur de l’herbe coupée lui parvient au gré du souffle de l’air chaud de cette journée de mai. De gros nuages galopent épars dans le ciel, troupeau vaporeux dans un bleu autrement pur.
Page 174 :
Elle prend soin de laisser les lumières allumées dans la maison, et de les voir prendre vie à mesure que la nuit s’assombrit, imaginant, derrière chacune des fenêtres éclairées, les silhouettes de ceux qui ont habité ce lieu avant eux.
Alors, convaincus ? N’hésitez pas, ouvrez la porte de cette belle maison et laissez vous emporter par les souffles de ces silencieux tumultes.
Silencieux tumultes, Editions Chloé des Lys, 2018.
Carine-Laure Desguin
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