Christine Brunet a lu "Le transfert" de Carine-Laure Desguin

Je termine la pièce de théâtre signée Carine-Laure Desguin et je reste sans voix.
Je ne vais pas commencer par vous parler du texte. Pourquoi ? Tout simplment parce que le livre commence par une préface...
En fait, je ne lis jamais les préfaces mais, pour une fois, je m'y suis plongée... magnifique et très juste, une analyse signée Eric Allard. En fait, j'aurais dû la lire APRES parce qu'avant même d'avoir lu le premier mot de la première scène, je savais tout ce qu'il y avait à savoir... tout ce à quoi m'attendre et quoi en penser... Dommage.
Pas le choix... J'ai reposé le livre et l'ai rangé bien en vue pour qu'il titille à nouveau mon envie de découverte avec le besoin d'oublier cette satanée préface.
Pas simple mais le titre n'a pas cessé de me faire de l'oeil et j'ai succombé... Premiers mots, premières réparties... Je plonge dans un cauchemar mais je vais me réveiller, c'est sûr... Enfin peut-être : et si je n'étais pas ?
Je ferme les yeux et les rouvre en m'attendant à découvrir un environnement aseptisé et, penchés sur un moi en pyjama rayé, une tête de clown blanc (je déteste les clowns !), le regard vide d'une infirmière lobotomisée par la propagande et la physionomie d'un médecin qui refuse de l'être, lui (lobotomisé).
Réflexion sur la société, sur la psychologie humaine et ses travers, Le transfert est une pièce qui joue avec le lecteur, avec ses réactions, sa propre sensibilité et son sens critique. (Pas question de vous en dire plus, en fait, je ne vais pas réécrire l'analyse d'Eric Allard).
La plume de l'auteur est précise, naturelle, acide, ironique, affolante. Les dialogues suscitent le sourire ou tapent sur les nerfs... Les situations pourraient prêter à rire si elles n'étaient pathétiques. C'est là tout le brio de Carine-Laure, tout le talent.
Je lui souhaite de parvenir à faire jouer sa pièce sur scène afin de donner à ses mots toute la portée qu'ils méritent.
Christine Brunet
www.christine-brunet.com
