Lisa Geppert nous présente son recueil "La couleur de l'oubli"

Note biobibliographique
Lisa Geppert est née en 1989 en Lorraine. Elle découvre le lyrisme moderne durant ses études et réalise un mémoire sur la thématique du fragment et de la ruine en poésie à travers les textes de Paul Celan, Pierre Reverdy et T.S Eliot. Les formes brèves, lacunaires et épurées l’inspirent : c’est dans ce « peu de mots » que naissent les images qui traversent sa poésie. Elle exerce aujourd’hui comme professeur de lettres dans le second degré, tout en continuant à écrire.
Ses textes ont été publiés dans la revue Phaéton (Editions L’Ire des marges) de Septembre 2015, ainsi que dans la revue Voix d’encre n° 53 (2015).
Son recueil La Couleur de l’oubli est à paraître aux éditions Chloé des lys.
Résumé
Le recueil La Couleur de l’oubli est une invitation à explorer le monde des ombres. Ombres des pensées, de sentiments, fantômes extraordinaires surgissant des profondeurs… Ombres qui traversent nos vies, fugaces, et qui nous hantent parfois.
Il est question de vie et de mort, de passage. Les voix se mêlent, transcrites par le gras et l’italique, invitant à une seconde lecture, plus sombre ou ironique. Au lecteur d’y trouver son chemin… Le guide attend.
Extrait
Il faut savoir parler des ombres
Leur lueur éclaire
le silence inquiétant des nuits
La pluie traverse la peau
elle s’infiltre dans
chaque fissure
et glisse lentement vers l'intérieur
C’est un froid dont personne n’ose parler
Ce froid de la nature et des premières lueurs
Cette peur simple de ne plus être là demain
pour goûter au soleil
Se lèvera-t-il seulement ?
et l’eau poursuit son avancée rythmée par le cœur
qui soupire déjà : la nuit sera longue !
Ainsi s’éteignent les jours avant d’avoir brillés
(Je me couche contre les os de mes frères muets)
La terre se nourrit de ces stries glaciales
qui pourfendent le ciel
Les ombres nous ont donné un nom
Il faut le saisir s’accrocher à son éclat
L’oubli est le seuil par delà lequel la mémoire
trouve son chemin
Il y a des mots qui se perdent d’avoir été posés sur le
mauvais rivage
comme ces racines plantées dans un sol trop friable
qui après quelques années se retrouvent
dénudées
— dès lors leurs tristes rameaux s’agitent au dessus des
eaux sombres
Ainsi nous avançons
à contre courant
La chair à vif d’avoir été trop éraflée par le temps
Des débris de nous-mêmes flottent au bord de ces rives où
seules les ombres peuvent encore passer
Ils s’éloignent lentement vers les chutes qui engloutissent
tout —
On raconte que parfois par temps clair
ceux qui errent trouvent sur la plage
quelques morceaux échoués :
lorsqu’on les ramène on entend un murmure —
(personne ne comprend ce que chantent les
ombres)