Le garden State, un texte signé Edmée De Xhavée  

Publié le par christine brunet /aloys

 

 

J’ai vécu 15 ans au New-Jersey, surnommé « The Garden State ». L’ État jardin. Beaucoup de fleurs, un amour évident pour les jardins, et quelques imposantes demeures qui ouvrent leurs grilles pour que la beauté d’une nature mise en scène soit à tous le temps d’une promenade. On a alors le grand privilège de voir ces merveilleuses maisons conçues par ces riches qui aimaient la beauté et la vivaient au quotidien. 

 

Par exemple Montclair, où je travaillais les dernières années, est l’écrin d’une propriété-joyau, la maison Van Vleck. Plus de 400 variétés de fleurs et plantes, avec des azalées et des rhododendrons très rares et un wistéria de 68 ans, un rêve de pluie qui ondoie autour de deux colonnes doriques du côté jardin. Le jardin est à son apogée en mai et début juin, avec les azalées et rhododendrons en fleur. La maison date de 1916 et est de style italien, avec une simple élégance, et fut construite par Joseph Van Vleck pour sa femme Amanda et leurs … dix enfants ! C’est leur plus jeune fils, Joseph Van Vleck Jr qui en a dessiné les plans. 

Quelques kilomètres plus loin, il y a l’arboretum de Morristown, la maison Frelighuysen. C’est la maison d’été de George et Sara Frelighuysen au bord de la rivière Whippany et datant de 1891. A la mort de ses parents, Matilda, leur fille unique, s’amouracha passionnément du jardinage, et transforma peu à peu le jardin en cet arboretum, devenu public à sa propre mort.  Là, on se promène dans un grand parc entourant une maison de style colonial-revival. Il y a aussi le jardin aux herbes potagères, et celui des herbes médicinales. Des bourdons et papillons se posent sur les buddleias et chardons, s’abandonnant à la simple joie d’avoir des ailes et au goût de l’ivresse des parfums. L’hiver, la promenade y reste agréable, et des hordes de biches passent en soulevant la neige silencieuse sous leurs sabots légers. 

Doris Duke, une remarquable pauvre petite fille riche nous a laissé ce qui donnait un peu de paix à son âme et beaucoup de sens à sa vie : Duke Gardens. Elle y a créé plusieurs jardins paisibles – un jardin italien construit autour d’une statue de Canova, un jardin colonial explosant de ces voluptueuses fleurs du sud : camélias, magnolias, azalées…, un jardin édouardien envahi par l’arôme capiteuse des orchidées - où cependant la sensualité et l’appétit de vivre parlent avec force. 

Doris Duke n’a pas souvent été heureuse mais sans doute ses jardins lui ont-ils donné ses moments de renaissance. 

Le New Jersey est véritablement l'État jardin, une joie qui explose de toutes ses couleurs à la fin du printemps, offerte à tous par ceux pour qui argent n'était pas seulement synonyme de puissance, mais aussi d'hymne aux beautés de la nature. A deux pas de New York - qui a, il faut le dire, son incroyable mais extraordinaire Central Park - on a de la chance, si on aima la botanique, dans ce coin du monde. Si on aime la gastronomie… le chançomètre descend en flèche ! 

 

Publié dans Textes

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M
Merci Edmée, pour ce texte bien agréable.
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C
Je me suis pas mal baladé aux Etats-Unis, mais là, je découvre !
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B
Un texte riche en détails qui propulse le lecteur dans un beau voyage où la nature peut dévoiler ses splendeurs. Personnellement, je ne connais pas le New Jersey. Merci donc Edmée pour cette promenade fleurie.
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E
C'est vrai qu'au niveau de la beauté de la nature, le New Jersey est riche...
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J
Une belle plume, comme toujours, riche en détails...<br /> Voilà qui donne envie de découvrir cet endroit dédié à la nature.<br /> Merci, Edmée.
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P
Merci à Edmée de nous emmener dans cette cité-jardin. Voilà un endroit qui me plairait sans aucun doute !
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C
Cela nous donne une image assez belle des States et ça fait du bien en ce moment. Pas de conspirationnistes à l'assaut de ces jardins fleuris donc. Parfait.
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