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Micheline Boland nous propose une courte nouvelle "La statue"

Publié le par christine brunet /aloys

LA STATUE    

 

Au milieu du petit parc se trouvait la statue d’Apollon. Une statue en bronze devant laquelle les femmes, les jeunes filles et quelques hommes, l’air admiratif, se plaisaient à faire de longues pauses.

C’est qu’il était bel homme l’Apollon. Les lèvres charnues, les traits réguliers, le front lisse, les cheveux bouclés, la musculature parfaite, les mains fines. Ceux qui s’arrêtaient face à lui détachaient difficilement leur regard de sa beauté.

Un jour de printemps, une svelte demoiselle grimpa sur le socle et s’approcha tant et si bien qu’elle posa ses lèvres sur les lèvres du dieu. Après un long, tellement long baiser, Appolon quitta son socle et on le vit s’éloigner au bras de la belle. Jamais, on ne les revit. A présent, le socle est devenu le refuge de prédilection des pigeons de la ville. 

 

Micheline Boland

 

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"Slipped Away", une nouvelle signée Rayan Zowski

Publié le par christine brunet /aloys

Slipped Away

 

Nous sommes dimanche. Et comme tous les dimanches, je vais la voir. Cela m’est important. Cela m’est même essentiel. Elle se trouve toujours à la même place. Depuis six ans. Déjà...

Je suis face à elle.

- Salut Mamie. Comment ça va ? Moi ? Oh, ça peut aller. On peut dire que ça va très bien même en ce moment. Il se peut, je dis bien, il se peut que pour une fois dans ma vie, une fille s’intéresse enfin à moi. Son prénom ? Elle s’appelle Mavis. Oui, c’est joli. D’ailleurs, tout comme son prénom, Mavis est jolie. Très jolie. Et en plus de ça, c’est vraiment une chic fille. Oui, elle est vraiment sympa. Oui, je suis sûr qu’elle te plairait. Et elle me fait rire aussi, comme tu le faisais si bien... D’ailleurs, si ça se trouve, c’est toi qui me l’as envoyée sur mon chemin. Et je t’en remercie...

Je me souviens de tes crêpes. Comme elles étaient bonnes ! J’ai beau exactement les préparer comme tu les faisais, j’ai beau utiliser les mêmes ingrédients, j’ai beau suivre ta recette à la lettre, celle que tu m’as écrite de ta main, mais rien n’y fait : je n’y arrive pas. Pas parce que je ne sais pas cuisiner, j’ai eu un excellent professeur… c’était toi. Mais non, impossible de les réaliser comme toi. C’est vraiment plus que ballot, cela a toujours été mon plat préféré.

Je venais souvent te voir, tu étais la seule à m’écouter. Tu étais la seule à me comprendre. Et encore une fois, je t’en remercie...

Bon ben, je vais devoir te laisser. Il y a un vieux couple là-bas qui me regarde bizarrement. Je les soupçonne de penser que je viens des Châtaigniers, tu sais, le centre pour personnes ayant des problèmes psychiques. Allez, salut Mamie. Rendez-vous dimanche prochain...

 

Je la quitte.

 

- Na na. Na na na na na. I miss you.*

 

*Slipped Away (Avril Lavigne)

 

Rayan Zowski

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Ben Nappier nous propose une nouvelle "Boy of steel"

Publié le par christine brunet /aloys

Boy of steel

 

Nous sommes la nuit du 31 octobre. Halloween est enfin arrivé. Tous les enfants de la ville d’Anvy se promène pour la traditionnelle chasse aux bonbons.

Jennie et Karl marchent dans l’une des rues de la cité.

- Quelque chose me dit qu’on va battre notre record, cette année. J’en suis certain !

- Je pense aussi. La récolte promet d’être très bonne !

- On commence par la maison de madame Skellington ?

- Excellente idée ! Madame Skellington est connue pour etre très généreuse !

- Quel blaireau !

Jennie et Karl se retournent. C’est Stany, la terreur de l’école. Toujours accompagné de Rémy et Kenny, ses deux amis (pour ne pas dire ses deux gorilles).

- Va t-en ! Tu vas nous gacher la soirée ! s’emporte Jennie.

- Nous sommes dans un pays libre. Je fais ce que je veux…

Rémy et Kenny éclatent de rire.

- Franchement, qu’est-ce que tu lui trouves à ce bouffon ? Ce n’est pas un costume de Superman qu’il porte, c’est un vulgaire pyjama. En plus, il n’a même pas de cape. C’est pathétique ! Il me donne juste envie de vomir…

Le menton de Karl tremble.

- Et alors Supermerde ? On va se mettre à chialer ?

Jennie attrape la main de Karl.

- Allez, viens, Karl. Ne restons pas ici…

Jennie et Karl s’enfuient.

---

 

La pleine lune scintille de mille feux ce soir… 

Stanny est couché confortablement dans son lit. Il repense à Jennie.

- Quelle conne ! Si c’est pas malheureux, une si jolie fille ! Ce monde est vraiment cinglé…

Stany se met à bailller.

- Putain ! Et demain matin, on doit aller chez Mémé. J’ai trop envie de jouer à la Playstation…

 Stany ferme les yeux. Appparemment, le marchand de sable est passé…

 

---

 

- Stany ! Dépeche-toi ! On va arriver en retard !

Stany descend les escaliers en trainant les pieds. Comme il a l’air de mauvaise humeur…

- Je peux pas rester à la maison ? Je serai sage, c’est promis.

- Ne dis pas de bêtise. Mamie sera contente de te voir.

« Et merde ! Fais chier, bordel ! »

Madame Bittern ouvre la porte… Elle hurle ! Stany, quant à lui, ne peut s’empecher de ressentir une immense peur.

La voiture… complètement écrabouillée. Mais ce qui lui fait surtout fuiter le liquide dans son pantalon… C’est cette cape rouge, posée sur ce qui reste de la voiture...

 

Ben Nappier

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Elisabeth Chancel nous propose une nouvelle "Les mots superflus"

Publié le par christine brunet /aloys

Les mots superflus

 

 

            Valentin poussa un long soupir, comme pour exhaler l'énorme tension accumulée depuis ce matin. Quelques jours plus tôt, il avait déclaré sa flamme à Marnie. Tous deux âgés d'une trentaine d'années, ils s'étaient rencontrés lors d'un week-end de bénévolats auprès de personnes sans-abris. Plusieurs points communs les avaient rassemblés, à commencer par leur timidité. Depuis, ils avaient trouvé moult prétextes pour se voir tous les jours. Ce n'est que trois mois plus tard qu'ils avaient échangé leur premier baiser et, peu après, leurs premières promesses d'engagement.

Ce soir, une toute autre scène allait se jouer. Valentin entrait dans la cour des grands : il se préparait à sa demande en mariage. Traditionnelle et romantique, elle serait divine. Afin de ménager son effet, il s'était contenté d'un laconique et mystérieux texto : « Rendez-vous au Trente ».

 

Dès qu'elle avait reçu le message, Marnie avait compris. Elle avait répondu tout aussi brièvement : un simple cœur en smiley. En Valentin, elle retrouvait conjuguées toutes les qualités qu'elle rêvait chez un homme : tendresse, écoute, bienveillance, douceur, sincérité. Elle ne vivait plus que pour le moment où il s'engagerait pour la vie auprès d'elle. Valentin y avait encore fait récemment allusion. Si le destin pouvait la lier indéfectiblement à cet homme qu'elle aimait sans mesure, elle serait comblée de bonheur. C'est ce que Marnie s'était exclamée en relisant ce texto aussi succinct que les billets amoureux et clandestins du XIXème siècle.

 

Ce soir était leur soir. Un sourire béat sur le visage, Valentin termina d'ajuster sa cravate et passa sa main sur son costume bleu. Depuis le fameux cœur-smiley qui l'avait ému, il n'avait reçu aucun message de Marnie. Sans doute, avait-elle besoin de se préparer calmement à la nouvelle existence qu'il allait lui offrir. Après deux textos sans réponse, Valentin n'avait pas insisté.  Ils auraient tout le loisir d'épancher leur cœur au cours de cette soirée.

Peu avant vingt heures, il franchissait le seuil du restaurant très chic dans lequel il avait réservé. Il se réjouit d'être arrivé le premier et insista auprès du serveur pour obtenir une table à l'écart. Ce serait leur bulle. Le cœur fébrile, Valentin s'installa devant un verre.

Au début, les minutes s'envolèrent rapidement, puis de plus en plus lentement... Toujours seul face à un apéritif qu'il faisait durer, le pauvre homme sentait le vide s'emparer de tout son être. Une heure s'écoula. Bien entendu, comme tout homme moderne qui se respecte, Valentin avait harcelé sa fiancée de mille textos, mais ceux-ci étaient restés sans réponse. Pourtant, il ne se résigna pas. Ce n'est que vers vingt-deux heures que le personnel excédé l'incita fortement à quitter la salle de restauration.

 

Titubant comme un homme ivre, accablé, les yeux dans le vague, Valentin emprunta au hasard les rues rennaises. Lorsque la fatigue le força à s'arrêter, il se trouvait au pied d'un immeuble qu'il connaissait bien : celui où il avait maintes fois raccompagné Marnie. Telle une âme en quête d'une délivrance, il fit les cent pas sur le trottoir, incapable de détacher le regard du logement de sa bien-aimée.

Soudain, au moment où il allait se laisser choir sur le trottoir, deux femmes sortirent de l'immeuble à vive allure : la plus âgée courant après la plus jeune.

-Ma chérie ! Non, ne fais pas ça ! Tu ne vas pas tout abandonner pour un connard !

-Laisse-moi, maman, répondit la plus jeune en montant dans sa voiture.

La mère, au comble du désespoir, se jeta aux bras du seul témoin : Valentin ! Le malheureux avait perdu toute conscience du présent depuis qu'il avait reconnu la silhouette élancée de Marnie surgissant hors du bâtiment comme une furie. Le visage blafard, il regardait sans la voir la mère de Marnie qui s'accrochait à lui en le suppliant.

-Monsieur, aidez-moi, je vous en prie. Ma fille va très mal depuis quelques jours. Elle prend le volant alors qu'elle vient d'avaler plusieurs antidépresseurs. Aidez-moi à la raisonner !

Valentin reprit ses esprits lorsque le moteur de la Peugeot commença à ronronner. Il se précipita vers le véhicule de sa dulcinée et frappa violemment à la porte de la conductrice. Marnie éteignit le moteur et ouvrit la vitre. Son regard était brouillé de larmes et son visage si défait que Valentin en eut le cœur brisé. En une fraction de seconde, il oublia son épouvantable soirée d'attente.

-Que se passe-t-il ma chérie ? Que t'arrive-t-il ?

-Comment oses-tu demander cela ?, hurla la jeune femme en bondissant hors de la voiture.

Elle paraissait si outrée que Valentin fit prudemment un pas en arrière.

-Je te le demande parce que cela m'intéresse. Tu m'intéresses. Enfin, Marnie, je croyais que mes sentiments à ton égard n'étaient plus secrets...

-Arrête ton baratin, espèce de monstre ! Tu m'as trahie, abandonnée, ridiculisée !

-Je ne comprends pas, Marnie. Pourquoi te mettre cet état ? Et notre rendez-vous ?

-Ah tu veux retourner le couteau dans la plaie ? Très bien ! Parlons-en de ce rendez-vous de malheur qui était pour moi synonyme de mille promesses de bonheurs ! Tu devais me demander en mariage !

-Oui en effet mais...

-Mais tu t'es dégonflé ! Pas la peine de te justifier ! Ah, je t'ai attendue ! Ah, ça oui ! Jusqu'à une heure du matin ! Je connais par cœur chaque millimètre de la décoration de ton foutu bistrot. Le Trente là, ou je sais plus comment !

-Le... Trente ?

Valentin se trouva totalement abasourdi par le flot de paroles déversées par Marnie. Mais celle-ci ne lui laissa pas le temps de réfléchir davantage et le bouscula violemment :

-Allez, dégage d'ici !

En se tenant à bonne distance, Valentin tenta une dernière fois :

-Marnie, c'était ce soir notre rendez-vous ! Ce soir, le Trente novembre ! Et ce n'était pas dans un bistrot mais au Clos Champel, ton restaurant préféré et celui où nous avions convenu de nous retrouver lors de notre prochain rendez-vous. En recevant ton cœur-smiley par message, j'ai pensé que tu avais compris...

Au fur et à mesure qu'il parlait, Marnie se rapprochait de lui. Frémissante, pâle comme la mort, une main sur le ventre, elle paraissait ne pas comprendre.

-Que dis-tu ? Le Trente n'était pas un bistrot, mais une date ? Mais... mais... j'ai cru que... que tu avais changé d'avis et que tu avais trouvé un nouveau resto... J'ai cru que... Oh mon Dieu... J'ai vécu trois jours en enfer... J'ai bloqué ton numéro, j'ai supprimé nos photos... Je... je n'avais plus de raison de vivre... Je... Oh pardon...

A ces mots, Marnie s'évanouit et Valentin la rattrapa de justesse dans sa chute. La mère de la jeune femme, qui avait assisté à la scène avec un effarement croissant, poussa un cri d'horreur et se jeta sur le pauvre fiancé :

-Alors c'est vous le fameux connard ? Vous êtes venu achever ma fille, n'est-ce pas ?

Elle rythmait chacun de ses mots à l'aide de coups de poing. Valentin se protégea tant bien que mal car il soutenait en même temps sa chère et tendre. Enfin, il parvint à repousser son assaillante :

-Vous voyez bien que c'est une erreur, vieille folle ! Appelez les secours au lieu de hurler !

Marnie se mit à gémir doucement. Sa tête tournait, tout était flou autour d'elle et une seule certitude l'ébranlait : Valentin l'aimait ! Lorsqu'elle reconnut les battements du cœur contre lequel sa tête était posée, elle sourit amoureusement. Tout en embrassant la femme qu'il aimait pour la vie, Valentin se jura d'abandonner à tout jamais les textos laconiques et mystérieux !

 

 

FIN

 

Elisabeth Chancel

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Rayan Zowsky nous propose une nouvelle "Purple Dance"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Purple Dance

 

Je suis assis au comptoir du Réverbère. Nous sommes dimanche soir. Et je n’ai pas trop le moral.

Il y a deux semaines de cela, Maman était partie rejoindre Papa. A présent, mes parents ne sont plus sur cette Terre. Bon Dieu ! Comme ça fait mal…

Je me souviens encore, c’était un soir de 1984. J’avais alors 10 ans.

Papa, Maman et moi mangions tranquillement. Personne ne prononçait un mot. Il faut dire aussi que Papa et Maman s’étaient disputé quelques minutes avant. J’avoue, je n’étais pas du tout à l’aise. J’avais tellement envie qu’ils se réconcilient. Mais je n’étais qu’un gosse, je n’osais pas intervenir.

Papa se leva et alluma la radio. Je me sentais légèrement mieux, ce silence commençait vraiment à me peser...

Michael Jackson avait terminé de chanter. Dommage, c’était « Beat It ». J’adorais cette chanson. L’animateur annonça alors un nouveau morceau, un inédit… « Purple Rain » d’un certain Prince. Dès les premières notes, je commençais déjà à accrocher. Quelle claque ! Quelle musique !

La chanson continuait… quand commença le fameux solo guitare. J’avais vraiment l’impression que des petits ours me déposaient des bisous sur mes oreilles.

C’est alors que Papa se releva. Il avait fait un de ces bonds ! J’avais très peur. Qu’allait-il se passer ? Pourvu que…

Papa s’approcha de la radio… et monta le son. Il s’approcha ensuite de Maman… et l’invita à danser. J’étais sur les fesses, Papa avait toujours eu horreur de ça. Mais apparemment, il en avait assez d’être fâché avec Maman.

Maman le regarda… elle lui sourit et lui prit la main. Tous deux dansèrent un slow. Je ne le savais pas encore, mais j’étais en train de vivre le plus bel instant de mon enfance. C’était beau. C’était grand. C’était immense. C’était l’amour…

Je reviens en 2025. Je ne peux pas m’empêcher de regarder le ciel à travers la grande vitre…

Soudain, une autre chanson commence à se faire entendre. Une chanson que je ne connais que trop bien… Je m’apprête à quitter le café, l’émotion sera trop éprouvante… quand un homme se lève de sa chaise. Il a fait un de ces bonds ! Il tend la main à une dame… celle-ci lui sourit et lui prend la main. Tous les deux s’installent au milieu de la salle… et commence à danser un slow.

C’est dingue… la noirceur disparaît, je me surprends même à sourire.

Comme ils sont beaux…

 

 

Rayan Zowski

 

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"Cauchemar", une courte nouvelle signée Ben Nappier

Publié le par christine brunet /aloys

 

Cauchemar

 

Je marche seul sur le fil. Cela fait maintenant trente-trois ans que ça dure. J’avance non pas à l’aide d’un bâton, mais de mes bras. Je n’ai jamais su marcher droit. Je n’arrête pas de zigzaguer. En bas, je vois des créatures. Des créatures horribles, affreuses et épouvantables. Elles n’attendent qu’une seule chose, que je tombe. Il y en a qui sont même dotées d’ailes. Elles ne se privent pas de me déstabiliser. Heureusement, parfois, il y a des colombes, venant de je-ne-sais-où, qui les combattent. Mais hélas, pour moi, elles ne sont pas toujours présentes. Pour tenir, je me répète souvent « Je dois y arriver tout seul. Je dois y arriver tout seul. Je dois y arriver tout seul. » Comme c’est éprouvant. Physiquement, mais surtout mentalement.

Mais ce ne sont pas les créatures du bas dont j’ai le plus peur. Non, il y a quelque chose de pire. De bien pire... la voix. La voix qui se trouve juste derrière moi. Tellement glaciale, tellement effrayante, tellement terrifiante… Je n’ai jamais osé me retourner.

La voix ne crie pas, elle murmure. A cause d’elle, j’ai failli tomber plusieurs fois. J’ai même souvent été à deux doigts de lâcher prise. Cela s'est même joué à un doigt...

Ce qui me fait tenir, c’est la lumière au bout du fil. Quand je la vois, je ressens une petite chaleur m’envahir. Mais j’ai beau avancer, avancer et avancer, elle me parait inatteignable, et donc sans fin. J’espère bientôt l’atteindre, car j’ai l’impression que la fameuse voix m’attrapera bientôt.

 

En fait, je me demande si elle ne me tient pas déjà…

 

Ben Nappier

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Micheline Boland nous propose une nouvelle "Le miroir"

Publié le par christine brunet /aloys

LE MIROIR

 

Une fois de plus, j'avais dit non et comme d'habitude, j'en éprouvais une certaine fierté. Depuis l'enfance, je trouvais toujours un bon prétexte pour échapper à une corvée. Dresser la table, ranger, cirer les chaussures de la famille, ce n'était pas pour moi ! En tant qu'aîné, n'avais-je pas mieux à faire : lire, contrôler un devoir, préparer un exposé ou simplement rêver.

 

À trente ans, il était rare que quelqu'un ose encore me demander un service. Aujourd'hui, n'ai-je pas refusé de rester plus tard à l'agence pour remplacer une collègue dont le père se meurt ? J'ai prétexté que je devais reprendre mon neveu à l'école, ce qui est faux évidemment.

 

En m'arrêtant devant le miroir des toilettes je n'ai vu que le mur derrière moi. Je me suis déplacé, me suis mis sur la pointe des pieds, en vain ! J'ai entendu distinctement le miroir qui m'a dit : "Nul n'est aidé par toi. Pourquoi ferais-je  autrement ?"

 

Le lendemain, mon réveil a fait grève lui aussi, puis ce fut le tour de mon GPS ! Et j'ai donc raté un rendez-vous important.

 

Et si les objets refusaient dorénavant de m'aider ?

 

Micheline Boland

 

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Philippe Desterbecq nous propose une nouvelle "Fidèle..."

Publié le par christine brunet /aloys

Fidèle

- Fidèle ! Tu parles que tu m'as toujours été fidèle ! Et la jolie secrétaire aux jupes trop courtes, on en parle?

- Ah...oui...bah, c'était juste une incartade, un petit coup de canif dans le contrat...

- Des coups de canif, on peut dire que tu en as donné pendant nos 40 années de vie commune !

- Pas tant que ça, je t'assure...

- Ce n'est pas parce que je n'ai rien dit que je n'ai pas remarqué tes aventures. Elles sont toutes notées là, dans ce carnet !

- Mais...tu exagères ! Il ne peut pas y en avoir tant que ça !

- Regarde, je les ai toutes notées par ordre alphabétique !

- Angélique, je l'avais oubliée, celle-là. Bon, là, c'est normal, tu venais d'accoucher de Renaud et je me sentais bien seul...

- Bien sûr. J'étais à l'hôpital, je me remettais doucement de ma césarienne et toi, tu étais tout seul dans ton lit tout froid... Et tu te trompes, ce n'était pas la première, mais la troisième ! Avant elle, il y a eu Angélina, la belle Italienne et Natacha, la Russe. Toutes, je les connais toutes, je te dis. Elles sont toutes là, enfermées dans mon carnet !

- T'es sûre de toi parce que moi, je ne me souviens pas de ces deux-là !

- L'Italienne, tu te l'es tapée pendant que j'étais partie en classe de mer avec mes élèves et la Russe, c'était quand mon père est mort et que je tenais compagnie à maman.

- Si tu le dis...

- C'est comme ça ! Tout est là ! Tu ne peux pas nier. A chaque fois que tu t'es retrouvé seul, tu m'as remplacé par une blonde, une brune ou une rousse dans notre lit !

- C'est un peu ta faute...

- Quoi?

- Ben, fallait pas me laisser seul ! Tu sais bien que je ne supporte pas la solitude !

- T'aurais pas pu aller boire un verre avec un de tes potes au lieu de te taper une midinette?

- Ça aurait été beaucoup moins gai...

- Je te l'accorde...

- Et toi, tu m'as toujours été fidèle sans doute !

- Evidemment ! Pendant nos 40 longues années de mariage, je n'ai jamais regardé quelqu'un d'autre que toi !

- Tu as eu tort...

- Quoi? Tu vas me reprocher de t'avoir été fidèle?

- Ben, ça aurait peut-être mis un peu de piment dans notre vie...

- Tu me dégoutes ! Et tu sais quoi? Depuis 6 mois, je fréquente un homme beaucoup plus beau et beaucoup plus jeune que toi ! Je te quitte, Victor. Je pars. Vincent m'attend là, sur le trottoir...

- Tu ne vas quand même pas encore me laisser seul? Tu sais que je n'aime pas la...

- Mais, je m'en fous, Victor ! Et comme je suis gentille, je te laisse mon carnet. Il n'est pas plein, tu pourras le remplir à ta convenance... Adieu !

 

La porte claque, Anna est partie. Victor est seul avec toutes ses conquêtes inscrites dans ce fameux carnet ! Oui, c'est vrai, il y a encore quelques places...

 

- Allô Olga? T'es libre ce soir?

 

Philippe Desterbecq

https://philippedester.canalblog.com

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Rayan Zowski nous propose une nouvelle "L'homme qui avait peur du noir"

Publié le par christine brunet /aloys

L'homme qui avait peur du noir

C'était un lundi, un lundi soir.

Dans la ville de Tournai, il existe un troisième réveillon. Un troisième réveillon qui tient à cœur à beaucoup de Tournaisiens, le lundi perdu. Ce jour-là, dans de nombreux foyers de la cité des cinq clochers, la tradition exige de manger du lapin. C'est une histoire de rois mages. Estelle me l'avait racontée, mais je dois avouer que je n'ai pas retenu l'explication.

Estelle, c'est ma copine. Nous nous sommes rencontrés à la gare de Tournai. Je suis originaire de la ville d'Ath, la cité des géants. Je me rends à Tournai pour mon travail.

Je me souviens encore, c'était justement un lundi. Je lisais un recueil de poésie sentimentale dans le train. J'ai toujours été un grand sentimental. Je pense que ce n'est pas facile pour un homme de dévoiler sa sensibilité. Mais moi j'ose, je m'affirme...

Quand le train fut arrivé, je pris mon sac pour y ranger mon livre... Quand je vis un numéro de téléphone et un prénom collés. J'avais l'impression de me trouver dans un épisode de "La quatrième dimension". Ce genre de situation, ça ne ne m'était encore jamais arrivé...

Le soir même, je pris tout mon courage, j'ai appelé. Il était aux environs de 21h. Estelle m'avait expliqué qu'elle avait également adoré ce recueil. Nous avons échangé pendant deux heures. Je n'ai pas vu le temps passer... Le week-end qui suivit, nous nous sommes vus. Nous nous sommes installés dans un des petits lunchs de la gare. Le reste appartient à l'histoire. Notre histoire...

Nous étions donc le lundi du lapin perdu. Pour l'occasion, nous avons reçu les parents d'Estelle chez elle. C'était la première fois que je les voyais. Je ne vous dis pas dans quel stress j'étais, je suis un grand timide de nature...

- Et le vin, ma puce ? Ne me dis pas que tu l'as oublié ?

- Non, Papa. Tim, tu veux bien aller la chercher à la cave ? Tu verras, la bouteille est rangée dans l'armoire, juste à gauche.

La cave...

- Quelque chose ne va pas ? demanda le père d'Estelle.

- Si si. Tout va bien. J'y vais...

---

J'ouvris la porte, il faisait tellement noir en-dessous...

J'allumai. Je descendais les marches très prudemment... 

Une fois arrivé en bas, je vis l'armoire. J'ouvris la porte et saisis la bouteille. Finalement, tout s'était bien passé... Jusqu'à ce que la lumière s'éteigne.

J'étais plongé dans le noir. Je ne voyais plus rien, je n'avais pas pensé à prendre mon smartphone avec moi. Je me rappelais alors de mon vieil oncle...

Ce soir-là, c'est lui qui me gardait. J'étais dans sa maison. Je jouais à la console portable sur la table à manger. J'avais perdu ma partie pour la énième fois, plus aucune vie. Sous la colère, j'ai juré... et fis tomber une bouteille de vin. Mon vieil oncle avait assisté à la scène. Il se précipita sur moi, me frappa et me tira vers la cave. Je fus enfermé pendant longtemps, très longtemps...

Quand la porte s'ouvrit, c'est Maman que je vis. J'étais recroquevillé sur moi-même, tout tremblant. C'est la dernière fois que je vis mon vieil oncle, Maman et Papa ne lui avaient jamais pardonné. Et moi non plus...

J'étais à nouveau plongé dans le noir. Je pouvais bien la sentir, la bouteille. C'était elle, c'était à cause d'elle que je m'étais retrouvé à nouveau dans cette maudite cave.

J'ai lâché la bouteille. Cette dernière se brisa. J'ai hurlé.

Je n'osais plus bouger. J'entendais la voix, la voix de mon vieil oncle : "Sale morveux !" Je tremblais. Je tremblais tout comme ce terrible soir. Combien de temps allais-je rester dans cet enfer ?

La porte s'ouvrit. Je levais les yeux, une silhouette. Elle alluma la lumière. Je n'osais plus bouger.

Estelle descendit tout doucement. Elle s'approcha de moi, elle me prit dans ses bras.

- Il est parti ? lui demandais-je.

- Oui. Il est parti...

Estelle me prit tendrement la main. Et nous remontâmes... Ensemble.

 

Rayan Zowski

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Rayan Zowski lit l'une de ses nouvelles...

Publié le par christine brunet /aloys

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