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Un extrait d’"Ainsi, je devins un vampire" par Joe Valeska

Publié le par christine brunet /aloys

Un extrait d’Ainsi, je devins un vampire,

par Joe Valeska

 

« Pourquoi je pense être un vampire ? JE SUIS un vampire, Lela ! Non un mystificateur. Et votre question, si je ne m’abuse, était de savoir ce que je recherchais… »

Une idée machiavélique me traversa soudainement l’esprit. Je me mis à réfléchir à cette nouvelle option. Lela affichait un air dubitatif.

La pauvre n’arrivait plus à me suivre.

« Pour tout vous dire, je recherche un très vieil ami. Je ne l’ai pas revu depuis une éternité… Pour moi, il était un modèle. Un père. Avec sa bénédiction, nous nous mariâmes, sa fille et moi. Hélas, après dix belles années ensemble, Valentina contracta une terrible maladie qui la laissa défigurée. La tristesse se transforma en frustration, la frustration devint rage et la rage engendra la folie. Elle se mit à faire des choses terribles. L’époque étant alors ce qu’elle était, on l’accusa de sorcellerie. Malgré mon opiniâtreté, je ne pus la sauver. On lui coupa la tête – plantée sur une pique pour servir d’exemple. C’est pourquoi je voudrais retrouver son père, si loin, à ce moment-là, et lui dire, les yeux dans les yeux, que j’étais là, moi, le jour où l’on massacra sa fille. Elle ne mourut pas seule, abandonnée comme un chien. J’étais là, aux premières loges ! »

Lela, les bras croisés, soutenant élégamment son menton de la main droite, avait compris mon manège. Elle ne semblait pas prostrée. Elle l’était.

« C’est une histoire tragique… ânonna-t-elle. Mais vous maintenez vos propos ? Vous êtes une créature de la nuit ? »

« Vous m’ennuyez, Milady… » répondis-je sur un ton caustique, espérant réveiller sa fougue – ce qui fut le cas.

« Je vous ennuie ? Je suis tellement désolée… Pourrions-nous savoir qui a fait de vous un vampire, Monsieur Delecroix, puisque vous êtes donc un vampire ? Serait-ce Dracula ? Nosferatu ? Lestat de Lioncourt ? Et quel âge avez-vous ? Cent ans ? »

« Serait-ce un interrogatoire ? Allez-vous me coller une lampe sur le visage ? Je préfère vous prévenir, l’ail n’aura aucun effet sur moi ! Pour ce qui est de mon âge, j’ai vingt-cinq ans depuis deux cent cinquante-sept ans. Je suis né en 1739. En réalité, j’ai plus de deux cent quatre-vingt-deux ans. Mais finissons-en avec les détails, voulez-vous ? Je me nourris de sang, c’est vrai. Je dors parfois dans un cercueil, c’est vrai. Il est tout aussi vrai que le feu et la lumière du soleil me tueraient, ainsi qu’un pieu dans le cœur, mais je suis néanmoins très puissant et je dispose de grands pouvoirs. Nul homme ne pourrait me battre à mains nues. Honorez votre part du marché, Milady, et je vous dévoilerai l’un de mes dons. »

« Virgile, pour l’amour de Dieu, ne faites pas l’imbécile… » dit-elle à voix basse, de façon à n’être entendue que de moi.

« L’amour de Dieu ? Mais où était-Il, votre Dieu, quand on fit de moi cette chose ? Où était-Il donc, votre Dieu, quand mon frère cadet… »

Je ne pus terminer ma phrase. La métisse m’étudia attentivement, puis sourit.

« Je voudrais que nous fassions un pacte, Virgile. »

« Un pacte ? Mais de quoi parlez-vous ? Les règles, Lela, c’est moi qui les dicte ! »

« Mais les femmes ne sont plus aussi soumises qu’à votre époque, Monsieur Delecroix ! me nargua-t-elle. Les choses ont pas mal évolué. Vous êtes bien un vampire ? Vous allez donc me mordre le cou, devant la caméra, puis vous allez me donner votre sang. »

Cela s’appelle : ‘‘Tel est pris qui croyait prendre’’.

« Vous aurais-je fait perdre l’esprit ? C’est hors de question, m’entendez-vous ? »

« C’est ça ou l’enregistrement est terminé. Voyez-vous, moi aussi, je dispose de ‘‘très grands pouvoirs’’ ! »

Un lourd silence s’abattit dans la salle des Marbres. Bom, bom ! Bom, bom ! Bom, bom ! faisaient les trois cœurs humains. Le son m’était insupportable.

« Vous êtes complètement folle, la réprimandai-je avec un mépris non dissimulé dans la voix. Vous plaît-il donc à ce point de me défier ? Vous auriez tort de surestimer ma patience, Lela ! Je pourrais vous persuader que vous êtes un chat et vous laisser dans cet état à jamais ! »

Je tournai la tête vers Ante et lui fis signe d’arrêter sa caméra. Il s’exécuta aussitôt.

« Que signifie ce scénario ? demandai-je à Lela. Avez-vous la moindre idée de la chose que vous deviendriez ? Savez-vous ce que nous devons endurer, tous les jours de notre putain de vie ? »

« Mon pauvre Virgile, comme vous devez souffrir, persifla-t-elle. Ne plus vieillir, ne plus redouter la maladie… Soyez assuré de ma profonde et réelle sympathie ! Quant au ‘‘scénario’’, c’est vous qui l’avez réécrit. »

« Il semblerait que vous ayez perdu la raison… regrettai-je. J’en suis hélas le seul responsable. »

« Tu réalises un peu ce que tu demandes ? intervint alors Cassandre. Devenir un vampire ? Lela ! Tu n’es pas sérieuse ? C’est pour l’enregistrement, n’est-ce pas ? C’est de la provocation ? Lela ? LELA !?! »

« Reste en dehors de ça ! » répondit cette dernière, plutôt sèchement.

« Hé ! On se calme, O.K. ? s’écria le cameraman. J’en ai plein le cul de vos histoires ! Il n’a jamais été question que Virgile fasse un vampire de qui que ce soit ! T’es tombée sur la tête, c’est pas possible ! »

« Tu as envie de te retrouver sans emploi, le Croate ? C’est MON problème. Ni le tien ni celui de Cassandre ! » se fâcha Lela.

« Le ‘‘Croate’’ ? On en est donc là, ESPÈCE DE PUTE ? » l’insulta copieusement le cameraman, vexé.

La dispute s’envenima. Il me fut impossible de les calmer avec de simples paroles. Aussi, je me concentrai sur le cercueil ouvert, puis l’envoyai se fracasser non loin de la cheminée. Axel ne dit rien. User de mon don de psychokinésie, je ne le fais que très rarement, mais, là, moi aussi, j’en avais ‘‘plein le cul’’ !

Ante et Cassandre étaient blêmes. Lela, feignant une totale indifférence, s’éloigna de nous. Je profitai de ce moment de trouble pour m’immiscer au plus profond de ses pensées. Il me fallait comprendre.

À quel jeu jouez-vous, Mademoiselle Jeannette ? Qu’est-ce qui pourrait expliquer ces changements d’humeur ? Là… Détendez-vous… Laissez-moi pénétrer dans votre cerveau. Aidez-moi à comprendre. Non, n’essayez pas de m’en empêcher, c’est peine perdue. Voilà, oui. J’y suis presque. Laissez-vous aller. Comme ça, oui. C’est très bien. Oui, je comprends enfin…

L’effort de concentration fourni m’avait légèrement affaibli, mais je rejoignis la jeune femme et posai une main sur son épaule, caressant l’articulation fragile à travers le velours de son manteau, qu’elle n’avait pas quitté. Elle se mit alors à sangloter.

« Pourquoi avez-vous fait cela ? Vous savez tout, n’est-ce pas ? » murmura-t-elle.

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Et voici le dernier épisode de la nouvelle proposée par Ani Sedent : L’étrange aventure de Zoé Calendula

Publié le par christine brunet /aloys

 

L’étrange aventure de Zoé Calendula – Épisode six

 

  Les jours et les semaines qui suivirent, Zoé réalisa nombre d’analyses, celles commandées par les différents départements scientifiques, évidemment, mais aussi toutes celles que lui permit le matériel de pointe embarqué.  Elle effectua plusieurs sorties dans l’espace, toutes plus inutiles les unes que les autres, se repassa encore et encore les vidéos du rover, étudia chaque pixel de chaque photo et chaque vidéo, mais ne découvrit rien ! Rien de plus que ce qu’elle avait vu.

  Après chaque journée d’un travail acharné, elle s’écroulait sur sa couchette, épuisée, l’esprit en ébullition.  Si les analyses révélaient quelques détails qui avaient jusque là échappés aux scientifiques et si de nouvelles données sur la composition des gaz entourant la planète s’ajoutaient régulièrement aux nombreuses déjà récoltées, aucune ne donnait d’indices sur la véritable nature de Vénus.

  La véritable nature de Vénus…  Le monde qu’elle avait aperçu avait éveillé en elle une certaine nostalgie.  Ce sentiment, assez paradoxal pour une personne ayant fait des études scientifiques avant de se diriger vers l’aviation, puis l’espace, venait d’un lieu que Zoé pensait avoir laissé derrière elle en même temps que l’enfance.  Un lieu fait de rêves et de magie, sans guerre, sans famine, sans tensions géopolitiques.

  Au cours de leurs recherches, Sakura émit plusieurs hypothèses à propos du phénomène, mais sa nature, même évolutive, l’empêchait de comprendre ce que ressentait Zoé.  Pourtant, la jeune femme sentit s’opérer chez l’IA des changements importants.  Sa logique mise à rude épreuve, Sakura posa énormément de questions auxquelles Zoé tenta de répondre au mieux. Leurs conversations lui ouvrirent de nouvelles perspectives et, un jour, elle déclara se réjouir ‒ ce fut le mot employé ‒ de partager cela avec le docteur Higashino.

  Les semaines passèrent, puis les mois et Zoé dû se faire une raison, Vénus ne livrerait plus aucun secret.  Enfin, l’année de mission presque écoulée, elle prépara le retour vers la Terre.

  ‒ Sakura ?

  ‒ Oui, lieutenant Calendula.

  ‒ Peux-tu mettre un chiffrement inviolable sur mon journal personnel ?

  ‒ Bien sûr, lieutenant.  Avez-vous une préférence pour l’enregistrement ?

  ‒ Oui, sur puce dermique s’il te plaît, dit Zoé en posant l’objet dans le réceptacle adéquat.

  ‒ Enregistrement du chiffre terminé.

  ‒ Merci Sakura.

  La jeune femme récupéra la puce, l’inséra dans une seringue transdermique et se l’injecta à l’intérieur du poignet.

  « Ouvre mon journal, transfères-y toutes les données relatives à la mutation de l’atmosphère de Vénus, ainsi que les photos et vidéos du rover et indique sa perte dans le journal de bord.  Ajoute que je soupçonne une panne due à…

  Zoé hésita.

  ‒ Un accident causé par l’acide sulfurique ? suggéra l’IA.

  ‒ C’est parfait Sakura, merci.  N’oublie pas les enregistrements internes… si possible, crée un brouillage irréversible.  Transfère aussi les données sensibles de la sonde atmosphérique et signale une interférence passagère pour le morceau manquant.

  ‒ Demande effectuée, lieutenant.

  ‒ Sakura ?

  ‒ Oui, lieutenant ?

  ‒ tu peux conserver ces données en mémoire, mais veille à ce que personne ne puisse y avoir accès.  Si ce que nous avons entraperçu de Vénus est un tant soit peu réel, je ne veux pas que qui que ce soit ait la possibilité de venir l’abimer.

  ‒ Bien lieutenant…  Données cryptées.  Lieutenant Calendula ?

  ‒ Oui, Sakura.

  ‒ Cela veut-il dire que je ne pourrai pas partager cette expérience avec le docteur Higashino ?

  Zoé soupira.

  ‒ Je suis désolée, Sakura…

  ‒ M’autorisez-vous à lui parler de nos discussions ?

  ‒ Bien sûr, tant que tu ne révèles pas ce que nous avons vu je te laisse juge de la confiance à accorder au docteur Higashino.

  ‒ Confiance ?

  ‒ Est-ce que tu as envie de papoter avec le professeur Rossolis ? demanda Zoé.

  ‒ Papoter, lieutenant calendula ?

  Sakura chercha la définition du mot et répondit aussitôt :

  ‒ Je ne veux pas papoter avec le professeur Rossolis, lieutenant !

  ‒ Alors, demande-toi pourquoi tu penses pouvoir le faire avec le docteur Higashino.

  Le silence retomba, puis…

  ‒ Merci, lieutenant Calendula.

  ‒ De rien, Sakura.  Bon ! Je suppose qu’il va me falloir réintégrer le caisson pour le voyage de retour ?

  ‒ C’est une recommandation du professeur Rossolis, lieutenant Calendula.

  ‒ Bien sûr !

  Pendant que Sakura préparait l’Argos à quitter l’orbite de Vénus, Zoé s’assura que rien parmi  les données, analyses et échantillons attendus ne poserait question.  De plus, vu le nombre d’analyses supplémentaires qu’elle avait effectué, ainsi que la masse de données ajoutées, il était peu probable que qui que ce soit s’inquiète de quelques interférences, ou de la perte du rover.

  ‒ Vaisseau prêt au départ, lieutenant Calendula.

  Zoé posa un dernier regard sur la merveilleuse perle de nacre autour de laquelle tournait l’Argos, ferma les panneaux qui protégeraient la fenêtre pendant le voyage et rejoignit le compartiment où l’attendait le caisson de stase.  Sakura se chargea de le rendre opérationnel et, à contre-cœur, Zoé s’y coucha.

  ‒ C’est bon, Sakura, je suis prête.

  Le caisson se ferma.  Sur la vitre, des lumières clignotèrent.

  ‒ Lieutenant Calendula, une photo vient d’être téléchargée dans notre banque de donnée, désirez-vous la voir avant qu’intervienne la mise en stase ?

  ‒ Une photo ? bien sûr que je veux la voir !

  Sur la vitre s’afficha une image scintillante du rover tirant un petit chariot où se tenaient des enfants riant aux éclats.  Curieusement, le robot semblait s’amuser, lui aussi.

  ‒ Image transférée dans votre journal personnel, lieutenant.

  ‒ Merci, Sakura.

  ‒ Bonne nuit… Zoé.

 

 

FinÉtoiles contour

 

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Ani Sedent nous propose l'épisode 5 de sa nouvelle "L’étrange aventure de Zoé Calendula"

Publié le par christine brunet /aloys

L’étrange aventure de Zoé Calendula – Épisode cinq

 

  Une vidéo anima le paysage.  La rivière coula gaiement en mêlant son joyeux gazouillis à celui des oiseaux, les herbes ondoyèrent au gré de la brise et la neige au sommet des montagnes refléta la lumière du soleil avec toute la candeur de sa blancheur immaculée.  Puis le rover cessa de suivre le fil de l’eau pour s’enfoncer dans la vallée où il zigzagua parmi des arbres chargés de fruits, s’enfonça entre des champs de céréales aux épis d’or et d’émeraude, en longea d’autres, qui s’étiraient en longues nappes fleuries, et cahota sur des chemins bordés de vignes.  Au loin, un château, tout en tourelles et toits pointus, faisait le beau sur un éperon rocheux, parmi de splendides jardins suspendus d’où cascadaient des filets d’eau cristalline ravis de se déverser dans un lac autour duquel se nichait un petit village de conte de fées.

  Soudain, le rover s’arrêta et deux grands yeux d’un vert exceptionnel envahirent le champ de la caméra.  Zoé sursauta devant cette apparition inattendue.  Un nez apparut en gros plan, bientôt remplacé par un doigt qui tapota l’objectif de la caméra.  Fascinée, Zoé se sentit comme Alice tombée dans le terrier du lapin blanc.  Sur l’écran, le doigt disparut et une silhouette apparut dans le champ de la caméra.  Le personnage ne devait pas mesurer plus d’un mètre cinquante, avait les traits fins, des oreilles aux pointes délicates et de grands yeux dont les sourcils disparaissaient sous une touffe de cheveux blonds qui lui donnaient des airs de pissenlit.  Il pencha la tête et observa le rover avec un étonnement qui se mua bientôt en inquiétude.  Il sortit du champ de la caméra et réapparut presqu’aussitôt monté sur le dos d’un cervidé au pelage argent, qui l’emmena rapidement en direction du village.

  Zoé, qui s’était penchée vers l’écran, se laissa retomber dans le fond de son fauteuil.  La planète, déclarée inhabitable pour toutes sortes de raisons scientifiquement incontournables, semblait, en définitive, moins déserte qu’elle n’aurait dû.

  ‒ Comment est-ce possible ? s’interrogea-t-elle à voix haute.

  ‒ Données insuffisantes, répondit Sakura, avant d’ajouter : le rover émet désormais en direct.

  Sur l’écran, Zoé vit le paysage défiler à nouveau alors que le rover, qui avait reprit son exploration, suivait les traces du cervidé.  Soudain, il s’arrêta et dirigea son œil électronique vers une zone herbeuse où paissait tranquillement un splendide cheval blanc.  Alerté, l’animal leva la tête et, sous les yeux émerveillés de Zoé, s’ébroua, dispersant les mille reflets posés par le soleil sur son rostre d’or.  Puis, soudain, la caméra le laissa pour se tourner vers une mare où coassait un chœur de grenouilles, avant de suivre, en un arc de cercle parfait, une nuée de papillons aux ailes irisées.  Le rover reprit sa balade sur un petit chemin, dont il préleva quelques cailloux au passage et se dirigea résolument vers le village aperçut au loin.

  De son côté, Zoé n’arrivait pas à quitter l’écran des yeux.  Tout cela était impossible !

  ‒ Sakura ?

  ‒ Oui lieutenant Calendula.

  ‒ Y-a-t-il eu un problème avec le caisson de stase, pendant le voyage ?

  ‒ Aucun, lieutenant.  Il a fonctionné selon les paramètres recommandés.  Désirez-vous que je fasse un diagnostique ?

  ‒ Oui ! Recherche le moindre détail, aussi infime soit-il qui pourrait être un indice de dysfonctionnement.

  ‒ Diagnostique initié.

  En attendant, Zoé continua à suivre la progression du rover.  Alors qu’il approchait du village, un groupe de petits personnages vint à sa rencontre.   À sa tête, une belle dame en tunique brodée et longs cheveux parsemés de perles, affichait une mine désolée.  Elle tenait à la main un bâton couronné d’une gemme étincelante.

  ‒ Diagnostique terminé, annonça l’IA.  Aucun dysfonctionnement, même infime, n’a été relevé, lieutenant Calendula.

  ‒ Merci, Sakura, soupira l’intéressée, les yeux rivés sur l’écran.

  D’un pas serein, la belle dame s’approcha du petit tout-terrain, se pencha sur lui et, par l’intermédiaire de la caméra, planta son regard dans celui de Zoé.  Elle chuchota quelques mots dans une langue aussi mélodieuse que le chant des oiseaux, des mots qui sonnèrent comme des excuses, puis recula et leva son bâton vers le ciel.

  ‒ Mouvement dans l’atmosphère de la planète, déclara Sakura alors que l’alarme se mettait en route.

  ‒ Qu’est-ce qui se passe ?

  ‒ Atmosphère en phase de mutation…  Modifications terminées.  Composition : Dioxyde de carbone en teneur élevée.  Résultats corroborés par la sonde atmosphérique.  Surface de la planète : masquée par une couche opaque d’acide sulfurique.

  ‒ Le rover ?

  ‒ Il a cessé d’émettre lieutenant Calendula.

 

À suivre…Étoiles contour

 

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Ani Sedent nous propose l'épisode 4 de sa nouvelle "L’étrange aventure de Zoé Calendula"

Publié le par christine brunet /aloys

 

L’étrange aventure de Zoé Calendula – Épisode quatre

 

  Zoé regarda la combi qui pendouillait mollement derrière une vitre et se dit qu’elle allait peut-être devoir l’enfiler pour vérifier, de visu, si les senseurs n’avaient pas été endommagés pendant la traversée.  Sakura aurait dû être immédiatement alertée, bien sûr, mais peut-être y avait-il eu, là aussi, un problème.  Revenant sur la passerelle, Zoé entra dans le bureau attenant et chercha sur ses tablettes les données relatives aux senseurs.

  ‒ Rapport de la sonde atmosphérique en attente, annonça la douce voix de l’IA.

  ‒ J’écoute.

  ‒ Atmosphère stable.  Composition… diazote, dioxygène, argon, dioxyde de carbone…

  ‒ C’est bon ! J’ai compris, grommela Zoé.  Autre chose ?

  ‒ La sonde transportant le rover est en phase de descente lieutenant Calendula.

  ‒ Hum !

  Zoé songea qu’elle devait toujours être en stase dans son caisson, en train de rêver, et qu’elle n’avait plus qu’à attendre son réveil.

  ‒ Sakura, analyse des données de l’atmosphère de Vénus lors de la mise en orbite, demanda-t-elle néanmoins.  Donne-moi la composition la plus importante.

  ‒ Dioxyde de carbone, à plus de quatre-vingt-seize pourcents.

  ‒ Donc, à ce moment là, les senseurs fonctionnaient encore parfaitement.

  ‒ Ils le font toujours lieutenant, fit remarquer l’IA.

  ‒ Mouais ! Le rover ?

  ‒ En phase d’atterrissage, lieutenant.

  ‒ Bon ! Je vais me préparer pour une sortie dans l’espace.  Je compte sur toi pour me tenir au courant des données envoyées par la sonde et par le rover dès qu’il sera en mouvement.

  ‒ Demande enregistrée lieutenant Calendula.  Que dois-je consigner dans le livre de bord à propos de votre sortie dans l’espace, lieutenant ?

  ‒ Mon envie de prendre l’air.

  ‒ Il n’y a pas d’air dans l’espace, lieutenant Calendula.

  Zoé soupira.

  ‒ Note que je sors vérifier l’état des senseurs.

  ‒ Ils sont en parfait état, lieutenant.

  ‒ C’est ce qu’on va voir !

  Les sorties dans l’espace étaient aussi attendues que redoutées par les spationautes et Zoé ne dérogeait pas à la règle.  Arrimée au câble de sécurité, elle rampa le long de la coque de l’Argos en direction des senseurs.  Sous elle, Vénus tournait tranquillement dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.  Au moins une chose normale, se dit la jeune femme, non sans une certaine ironie.  Elle continua son inspection de la coque, en évitant de se focaliser sur l’étrange éclaircissement de l’atmosphère de la planète, et ne releva rien d’inhabituel.

  ‒ Lieutenant Calendula, résonna dans son casque la voix de Sakura, votre cœur bat un peu vite, est-ce que tout va bien ?

  ‒ Je nage dans un océan de vide glacé, une grosse boule tourne sous mes pieds et je risque de découvrir à tout moment une importante avarie sur la coque, alors oui, mon cœur bat un peu vite… c’est normal !

  ‒ Si vous le dites, lieutenant.

  ‒ Des nouvelles du rover ?

  ‒ Il vient de se poser, lieutenant Calendula.  Les premières images devraient bientôt nous parvenir.

  ‒ Bien, on avance !

    Zoé reprit sa progression et constata que ni l’Argos, ni les senseurs ne souffraient d’avaries.

  ‒ Des images en provenance du rover se téléchargent en ce moment même, lieutenant.

  ‒ Je rentre, garde-les-moi au chaud !

  ‒ Au chaud, lieutenant ?

  ‒ Laisse tomber !

  Zoé retourna vers le sas, qui s’ouvrit aussitôt.  Dès qu’elle fut débarrassée de sa combinaison, elle courut sur la passerelle découvrir les images envoyées par le rover.

  ‒ Images prêtes, vidéos en cours de téléchargement, prévint Sakura.

  ‒ Sur écran s’il te plaît.

  La vitre de la passerelle de l’Argos s’opacifia légèrement et une première photo apparut.  Floue, elle laissait apercevoir une vallée où semblait serpenter une crevasse.  Au loin, des masses plus sombres faisaient penser à des montagnes.

  ‒ On ne peut pas avoir quelque chose de plus net ? demanda Zoé déçue.

  ‒ Nettoyage en cours, annonça l’IA.

  ‒ Quelques secondes suffirent au programme pour rendre l’image nette et laisser Zoé la bouche ouverte et les yeux écarquillés.

  ‒ C’est une blague ! s’exclama-t-elle.

  ‒ Le rover n’est pas programmé pour faire des blagues, lieutenant Calendula.

  ‒ Et toi ?

  ‒ Je n’ai jamais essayé lieutenant et d’après mes banques de données cela ne se fait pas pendant le travail.

  ‒ Tu serais surprise, s’amusa Zoé malgré la situation.

  Sur l’écran, s’étalait une image parfaitement nette d’une jolie vallée verdoyante traversée par une rivière à l’eau cristalline.  Des montagnes aux sommets enneigés défilaient en arrière plan, telles des matrones devisant sur le pas de leur porte.  Des fleurs et des graminées émaillaient le paysage de leurs couleurs et plumets duveteux, donnant au paysage un petit air guilleret.

  ‒ D’autres photos ?

  Plusieurs images défilèrent, montrant toutes le même paysage bucolique.

  ‒ Des vidéos ? demanda Zoé, résignée.

 

À suivre…Étoiles contour

 

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Ani Sedent nous propose le 3e épisode de sa nouvelle "L’étrange aventure de Zoé Calendula"

Publié le par christine brunet /aloys

 

L’étrange aventure de Zoé Calendula – Épisode trois

 

 

  Zoé ouvrit les yeux et connut un instant de panique lorsqu’elle se vit enfermée dans un caisson dont la vitre s’illuminait comme un sapin de Noël.  Puis le caisson s’ouvrit et elle entendit une voix annoncer d’un ton lénifiant :

  ‒ Le voyage s’est passé selon les prévisions, lieutenant Calendula.  Nous allons pénétrer l’orbite de Vénus dans cinq, quatre, trois, deux, une seconde.  Mise en orbite réussie.

  ‒ Merci Sakura, dit Zoé, moins intéressée, pour l’instant, par l’orbite de Vénus que par ses jambes molles et le goût affreux dans sa bouche.

  « Aïe ! s’écria-t-elle, alors qu’une aiguille se plantait dans sa cuisse.

  Aussitôt, elle sentit ses jambes retrouver leur tonicité et le brouillard qui ramollissait sa cervelle, s’évaporer totalement.

  ‒ Un déjeuner vous attend dans la cambuse lieutenant Calendula, la renseigna Sakura.

  ‒ Parce que tu fais, aussi, le café ? s’amusa Zoé.

  ‒ C’est l’appareil prévu à cet effet qui le fait, lieutenant Calendula, je ne fais qu’activer son programme, rectifia l’IA.

  ‒ Puisque je suis la seule humaine à bord, appelle moi Zoé, d’accord ?

  ‒ Demande enregistrée…

  ‒ Bien !

  Zoé se rendit dans la cambuse et découvrit que si quelques modules contenaient des denrées lyophilisées, elle était censée utiliser la première génération de synthétiseur de nourriture qui trônait au fond de la pièce.  Une mission vouée à l’expérimentation, avait dit le professeur Rossolis.  Eh bien, expérimentons ! se dit la jeune femme.  Le café se révéla plutôt bon et la nourriture telle qu’elle était sensée être, même si le goût pouvait être amélioré.

  ‒ Sakura, tu peux consigner que le synthétiseur fonctionne, mais que la nourriture est un peu fade.

  ‒ Remarque enregistrée, lieutenant.

  Zoé alla ensuite prendre une douche et se changer.  Elle avait du pain sur la planche et plus aucune minute à perdre.

  Elle terminait le laçage de ses bottines quand une alarme retentit.

  ‒ Sakura ? appela-t-elle en filant sur la passerelle.

  ‒ Nos capteurs ont détecté du mouvement dans l’atmosphère de la planète, répondit l’IA.  Analyse des données en cours…

  Zoé débloqua les panneaux métalliques qui protégeaient les vitres de l’Argos et songea en découvrant Vénus, une perle à la rondeur quasi parfaite suspendue sur le velours noir de l’espace, que cette beauté avait tout d’une déesse.

  ‒ Sakura, du nouveau ?

  ‒ Erreur détectée.  Vérification des données en cours…

  ‒ Dis-moi ce qui se passe, s’impatienta Zoé.

  ‒ Atmosphère non conforme.

  ‒ Quoi ? Qu’est ce que tu racontes ? L’atmosphère c’est l’atmosphère, sa conformité est en rapport avec l’évolution de la planète ; dioxyde de carbone en l’occurrence.

  ‒ De nouvelles données indiquent la présence d’azote, oxygène, argon, dioxyde de carbo…

  ‒ Impossible ! s’écria Zoé.  Tu es en train de m’énumérer les composants de l’atmosphère terrestre.  Sakura, analyse et mise à jour des capteurs.

  ‒ Demande enregistrée.

  Qu’est ce que c’était que cette histoire ?  Si Vénus était considérée comme planète sœur de la Terre, c’était plus pour son diamètre et sa masse que pour son atmosphère.

  ‒ Évaluation terminée.

  ‒ Alors ?

  ‒ Les senseurs ne recèlent aucune anomalie de fonctionnement, lieutenant Calendula.  L’atmosphère de la planète présente actuellement les mêmes caractéristiques que celles de la Terre.

  ‒ Mais… c’est impossible !

  ‒ Sa pression atmosphérique et sa température sont également très proches de celles de la Terre, avant le dix-neuvième siècle.

  Incrédule, Zoé se laissa choir sur un siège.

  ‒ Il doit y avoir un problème avec les capteurs, ce n’est pas possible !

  ‒ Je peux refaire un diagnostique, si vous le désirez lieutenant.

  ‒ Oui, vas-y !

  ‒ Diagnostique en cours…

  Pendant ce temps Zoé tenta de reprendre pied.  Elle était sensée faire des tas de relevés, envoyer des sondes sur la planète, recueillir des données, faire des analyses et c’est ce qu’elle allait faire.

  ‒ Diagnostique terminé, capteurs en parfait état de fonctionnement, annonça l’IA.

  ‒ Sakura, prépare-toi à envoyer une sonde dans l’atmosphère de la planète.  Deux vérifications valent mieux qu’une.

  ‒ Demande enregistrée, lieutenant.  Puis-je suggérer d’envoyer un rover à la surface ?

  ‒ Bonne idée, fais ça aussi…

  Zoé se leva et se dirigea vers le sas où étaient rangées les combinaisons.  Une sortie dans l’espace pour réparer une quelconque avarie étant toujours possible, chaque vaisseau en possédait.

  ‒ Sondes lancées, lieutenant Calendula.

  ‒ Merci Sakura, préviens-moi dès que tu reçois des données.

 

À suivre...

 

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Ani Sedent nous propose le second épisode de sa nouvelle "L’étrange aventure de Zoé Calendula"

Publié le par christine brunet /aloys

L’étrange aventure de Zoé Calendula – Épisode deux

 

  Enfin, les ingénieurs quittèrent le quai d’embarquement, laissant Zoé au pied de la rampe de l’Argos.

  ‒ Nous vous accompagnons à l’intérieur, dit le commandant Morgane, en désignant les trois scientifiques qui l’accompagnaient.

  ‒ Nous avons apporté une petite modification au microscope embarqué, précisa l’un d’eux.  Nous l’avons muni de la dernière génération de métalentilles et je voudrais être certain que vous saurez l’utiliser.

  Zoé les suivit à l’intérieur, un peu contrariée d’avoir l’impression de n’être que la cinquième roue du carrosse dans son propre vaisseau.  Car, quoi qu’en pensaient tous ces rampants, elle était chez elle sur l’Argos ; en tout cas, elle le serait pendant l’année que durerait sa mission.

  Néanmoins, parce qu’elle était parfaitement consciente des enjeux, la jeune lieutenante se laissa guider jusqu’au laboratoire du vaisseau, où elle écouta attentivement les directives des scientifiques afin de les rassurer sur sa capacité à maîtriser le microscope.

  ‒ C’est parfait, approuva le plus petit des savants avec un sourire encourageant.

  ‒ Si vous avez le moindre problème, dit celui avec des mèches bleues dans les cheveux, référez-vous au manuel de votre tablette.

  ‒ Ne vous inquiétez pas, je prévois de continuer à me familiariser avec le matériel scientifique pendant le voyage, les rassura Zoé.

  ‒ À ce propos, il reste une chose que vous devez savoir avant que le vaisseau quitte l’orbite, déclara soudain le troisième.

  L’homme avait un visage impassible derrière un bouc bien taillé, des yeux glacés et l’attitude d’une personne sûre d’elle qui attendait des autres une totale attention lorsqu’elle ouvrait la bouche.

  Son ton alerta Zoé qui se tourna vers lui, avant de lancer un regard interrogatif vers le commandant.

  ‒ Une décision de dernière minute à laquelle je n’adhère pas, la renseigna celui-ci.

  ‒ L’intérêt est purement scientifique et, en l’occurrence, votre avis ne compte guère, répliqua l’homme au bouc, en toisant le commandant.

  Morgane lui lança un regard assassin, mais ne répondit pas à cette attaque en règle.

  ‒ Allons-y ! Qu’on en finisse, dit-il simplement.

  Perplexe, Zoé les suivit à nouveau, cette fois, sur la passerelle.  Si la jeune femme était parfaitement capable de piloter les avions à réaction les plus sophistiqués, pour des raisons évidentes l’Argos était essentiellement un vaisseau automatisé, les manœuvres les plus complexes étant calculées par une IA.  Pour autant, Zoé avait bien l’intention de mettre ses trois mois de voyage au service d’une étude approfondie de son fonctionnement, ainsi que du matériel scientifique mis à sa disposition.

  La passerelle passa automatiquement en mode diurne dès qu’ils y pénétrèrent.

  ‒ IA, prépare le caisson.

  ‒ Procédure initialisée.  Vous pouvez m’appeler Sakura, professeur Rossolis, répondit une voix féminine.

  ‒ Ridicule ! siffla le professeur entre ses dents.  Il va falloir que j’aie une discussion avec Higashino.

  ‒ Caisson en attente, professeur Rossolis.

  ‒ Et si vous expliquiez au lieutenant Calendula de quoi il retourne, exactement, professeur, intervint Morgane.

  Rossolis se tourna vers le commandant, qu’il transperça de son regard froid, mais s’il pensait l’impressionner il en fut pour ses frais.

  ‒ Je peux savoir ce que l’on attend de moi ? demanda Zoé, que la tension ambiante mettait mal à l’aise.

  ‒ Suivez-moi, ordonna Rossolis.

  L’Argos était un vaisseau de petite taille, formé de deux modules cylindriques, le premier, principalement occupé par la passerelle, abritait également une petite cabine, un bureau et une cambuse.  Le second servait de laboratoire, d’une part, et de lieux de stockage pour les échantillons, d’autre part.

  « Cette mission, se décida enfin à expliquer le professeur, est vouée à l’expérimentation.  Vaisseau expérimental, moteur expérimental, gravité artificielle expérimentale, même votre IA est pourvue des dernières avancées en la matière… bien qu’il me faille déplorer les idées fantasques du docteur Higashino.

  ‒ Venez en au fait, intervint Morgane, alors qu’ils pénétraient dans une petite pièce où reposait un caisson de belle taille.

  Sur la vitre occupant la quasi-totalité du couvercle défilaient des données, ainsi que des barres de progression.  Ces dernières s’illuminaient successivement, indiquant des cycles de chargement.  Lorsque tous furent complets le couvercle se souleva sur un soupir qui fit frissonner Zoé.

  ‒ Ceci est le caisson de stase où vous allez passer les trois prochains mois, lieutenant Calendula, annonça le professeur Rossolis.

  Incrédule, Zoé se tourna vers le commandant Morgane.

  ‒ Je suis désolé lieutenant, mais l’ordre vient d’en haut.

  ‒ C’est exact, enchérit le professeur.  Comme vous le savez d’autres équipages sont en mission sur Jupiter et Saturne.  Cependant, l’exploration spatiale ne va pas se limiter à notre système solaire, aussi devons nous déjà préparer l’avenir en nous basant sur des données fiables.  Ce caisson a été testé en laboratoire avec succès, il ne reste plus qu’à le tester en situation réelle.

  Zoé déglutit avec difficulté.  Elle qui pensait s’être préparée à toutes les éventualités…

  ‒ Vaisseau prêt à quitter l’orbite de la terre, annonça Sakura.

  ‒ Vous pouvez garder vos chaussures, dit le professeur Rossolis en abaissant la partie latérale du caisson.

  Zoé n’avait pas le choix, elle se coucha dans l’habitacle et le professeur referma la cloison.

  ‒ Je veillerai sur votre sommeil, lieutenant Calendula, assura Sakura.

  Mais Zoé ne se sentit pas rassurée pour autant.  Elle allait passer trois mois privée de sa capacité de décision, trois mois sans rien voir, sans rien entendre, sans rien maîtriser, sa vie mise entre parenthèses alors qu’elle traverserait un environnement hostile.

  Le professeur Rossolis abaissa le couvercle.  Sur la vitre, des données défilèrent.  Le professeur dit quelque chose qu’elle ne comprit pas et, anxieuse, elle inspira, une fois, deux fois, puis sombra dans l’inconscience.

  ‒ Sakura, au moindre clic anormal, tu réveilles le lieutenant Calendula.

  ‒ Demande enregistrée, commandant Morgane.

  ‒ Comment osez-vous !? s’insurgea Rossolis.

  ‒ Si vous avez des doléances, professeur, je vous prierais de me les faire parvenir par la voie hiérarchique.  Et maintenant, tout le monde dehors !

  Le commandant quitta le vaisseau pour rejoindre la salle de contrôle d’où, peu de temps après, fut donné à l’Argos l’ordre de départ.

 

À suivre…Étoiles contour

 

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Ani Sedent nous propose une nouvelle en épisodes !! "L’étrange aventure de Zoé Calendula – Épisode un"

Publié le par christine brunet /aloys

 

L’étrange aventure de Zoé Calendula – Épisode un

  Un dernier regard sur l’environnement terrestre et Zoé monta dans l’ascenseur dans un état d’excitation à la hauteur de l’évènement.  Son rêve était en train de se réaliser et, même si elle avait encore du mal à y croire, elle ne douta pas un seul instant qu’ils avaient fait le bon choix.  Ce job était pour elle, elle l’avait toujours su.

  Elle déposa son équipement dans le box prévu à cet effet et s’installa au mieux dans l’habitacle où d’autres avaient déjà bouclé leur ceinture.  Le début de la montée était toujours un peu déstabilisant, mais Zoé savait que cela ne durerait pas.  L’ascenseur avait été conçu pour répondre aux besoins des voyageurs.  S’il était ultra fonctionnel, il était également confortable… et puis trois jours de grimpette n’étaient pas excessifs quand la fin du voyage augurait du commencement d’un autre, bien plus fascinant celui-là.

  Soixante-douze heures plus tard, l’ascenseur ralentit enfin, avant de s’arrêter complètement.  Le champ de confinement se désagrégea et les portes s’ouvrirent sur la station spatiale.  Chacun récupéra ses affaires et s’engagea dans un hall qui faisait furieusement penser à la salle des pas perdus de n’importe quelle gare du monde.  Zoé dirigea immédiatement son regard vers les immenses baies vitrées et, au-delà, les vaisseaux en partance pour Mars qui attendaient les voyageurs dans leurs berceaux de métal.  C’était un spectacle fascinant qu’elle aurait aimé pouvoir admirer plus longtemps, mais elle était attendue et il n’était pas question qu’elle fasse poireauter son chef de mission.

  Les bureaux de la station, semblables à ceux du centre spatial terrestre, occupaient l’étage supérieur.  Zoé présenta son œil à la borne biométrique de la plateforme d’élévation, un tube de verre assez large pour trois personnes, et entendit la voix désincarnée de l’IA du complexe déclarer :

  ‒ Vous êtes attendue dans la section 1/A, lieutenant Calendula.

  L’enveloppe du tube tourna sur elle-même, libérant un accès dans lequel Zoé s’engouffra.  La plateforme s’éleva aussitôt pour la déposer, un instant plus tard, dans une section où l’attendait un grand type maigrichon.

  ‒ Lieutenant Calendula, se contenta-il de dire en manière d’accueil, tout en tendant la main, non pas pour serrer celle de l’intéressée, mais pour s’emparer du dossier attendu par le chef de mission.

  « Le commandant Morgane vous attend, ajouta-t-il en invitant Zoé à le suivre.

  Cette dernière lui emboîta le pas pour parcourir différents couloirs jusqu’à une salle de réunion confortable, mais désespérément vide.  Aussitôt, le grand maigrichon disparut, la laissant seule et sans plus d’explications.  N’ayant rien d’autre à faire, Zoé s’assit et tenta de donner un coup d’accélérateur au temps en rythmant son passage du bout des doigts sur la surface miroitante d’une table aux reflets d’ébène.

  ‒ Lieutenant Calendula, résonna soudain une voix aux accents graves, j’espère que vous êtes au top, car je ne suis prêt à entendre aucun regret de dernière minute tendant à reporter votre mission !

  ‒ Aucun regret, commandant ! s’exclama Zoé, en se levant vivement.

  ‒ Bien ! Je n’en attendais pas moins de vous.  Avez-vous reçu les dernières mises à jour concernant le programme ?

  ‒ Reçues et assimilées, commandant.

  ‒ Parfait ! Suivez-moi !

  Le commandant Morgane activa l’ouverture d’une porte que Zoé n’avait pas remarquée jusque là et pénétra dans un couloir à la luminosité verdâtre.

  ‒ Je déteste cette couleur, déclara-t-il, on a l’impression de déambuler dans l’œsophage d’un ver atteint de reflux.  Je me demande à quoi a pensé le concepteur !

  Zoé, qui aimait pourtant cette couleur, ne put qu’acquiescer, ce couloir avait un aspect maladif incontestable.  Il n’était, heureusement, pas très long et c’est rapidement qu’ils débouchèrent sur un quai d’embarquement à la luminosité plus avenante, où patientait un groupe hétéroclite constitué d’ingénieurs, de scientifiques, mais aussi de quelques politiques et journalistes triés sur le volet.

  ‒ Désolé pour ça, soupira le commandant alors qu’ils approchaient du petit groupe.

  Des flashs illuminèrent le quai, des voix s’élevèrent, des questions fusèrent que Zoé n’entendit pas, son attention entièrement tournée vers l’Argos et sa coque brillante soumise aux dernières attentions des robots de maintenance.  Hypnotisée, elle observa leurs va et vient le long de la rampe ouverte sur les entrailles du vaisseau.

  ‒ Mademoiselle Calendula, comment vous sentez-vous ? entendit-elle malgré tout.  Êtes-vous fière d’être la première spationaute à vous rendre sur Vénus ? Que ressentez-vous ? Pensez-vous avoir été choisie pour ce voyage parce que vous êtes une femme ?

  Entourée par les journalistes, elle abandonna la vision fascinante de son vaisseau pour leur offrir son plus beau sourire, pendant que le commandant Morgane répondait pour elle sur un ton qui fit reculer la meute.  Suivit une séance photo avec les politiciens, accompagnée de quelques nouvelles questions auxquelles Zoé répondit du mieux qu’elle put.  Tout ce petit monde s’en alla ensuite boire un verre et manger des petits fours, laissant la voie libre aux ingénieurs et leurs recommandations sur l’entretien du matériel, le carnet de bord et l’absolue nécessité de le tenir avec rigueur et minutie.  Toutes tâches dont Zoé avait déjà connaissance et comptait s’acquitter avec son efficacité habituelle.

 

 

À suivre…Étoiles contour

 

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Ani Sedent nous propose un troisième extrait de son dernier roman "Les oiseaux de pierre"

Publié le par christine brunet /aloys

[…]

  Après un court instant d’hésitation, le bibliothécaire acquiesça d’un léger mouvement de tête avant d’inviter Ronan à le suivre.

  Dès qu’ils furent hors de vue, Merlin se tourna vers Hortie.

  ‒ Bien que je le trouve inquiétant, loué soit Ronan ! Nous voilà débarrassés de la Fouine pour un moment.

  ‒ Je croyais que vous vouliez lui demander la permission demporter le grimoire, se moqua la fée en désignant la vitrine où reposait l’ouvrage.

  ‒ Je nai pas pour habitude de demander de permission pour quoi que ce soit, se défendit Merlin, vexé.  Je pensais plutôt contraindre Chantepouille à me le remettre.

  ‒ Bien sûr !

  ‒ Et vous ? Quelle était cette idée pleine d’imagination qui devait nous permettre de récupérer le livre ?

  Sans répondre, la fée se tourna vers la vitrine, prête à l’ouvrir.

  Merlin l’en empêcha en posant une main sur le couvercle et un regard incrédule sur l’inconsciente.

  ‒ Vous cherchez à nous faire prendre ? s’énerva-t-il.  Il y a sûrement une magi-alarme sur ces vitrines !

  ‒ Merlin, vous exagérez, Chantepouille nest même pas mage.

  ‒ Et alors ? Le mage ferma les yeux et prit une longue inspiration avant de reprendre :

  « N’est-ce pas lui qui a proposé au recteur d’interdire la bibliothèque à ces sauvages d’étudiants ? Son deuxième prénom est Méfiance.

  ‒ Le troisième plutôt, non ? railla Hortie qui, les deux mains agrippées au couvercle de la vitrine, tentait de l’ouvrir ; sans grand succès.

  ‒ Quest-ce que je disais ! sexclama le vieux mage, triomphant.

  ‒ Ce nest quun loquet, Merlin.

  ‒ Oui, eh bien à votre place je me méfierais.

  Hortie aurait préféré se couper la langue plutôt que l’avouer, mais Merlin avait peut-être raison.  Chantepouille était suffisamment retors pour avoir fait piéger ses vitrines.  Ajustant sa vision magique, elle chercha les traces d’un sort d’alarme ou d’un quelconque mécanisme de défense.  Et là, bien cachées sous le rebord du couvercle, au fond d’un minuscule trou de serrure, de fines particules irisées trahissaient la présence d’un sortilège.

  ‒ Tournequenouille ! sexclama la fée en reculant.

  ‒ Javais raison ! Evidemment, j’ai toujours raison, se rengorgea Merlin.

  ‒ Au lieu de vous vanter comme un pou qui se pavane sur la tête d’un chauve, vous feriez mieux de m’aider à désamorcer ce sort avant que Chantepouille ne revienne.

  ‒ Ôtez-vous de là, intima le vieux mage en bousculant la fée.

  Il se pencha et approcha un œil de la serrure.

  ‒ Je vois.  Un sort de premier cycle ça, grommela-t-il.

  ‒ Et vous ne trouvez pas cela étrange ?

  ‒ Pourquoi serait-ce étrange ?

  Hortie croisa les bras et fixa le mage d’un regard noir.

  ‒ Un bibliothécaire, soupçonneux comme pas deux, qui décide de faire poser des magi-alarmes sur les serrures de ses vitrines et qui se contente dun sort de premier cycle ?  Allons, Merlin, réfléchissez !

  Piqué au vif, le vieux mage colla à nouveau l’œil sur la serrure.

  ‒ Par tous les sorts ! sexclama-t-il en se relevant.

  ‒ Qui avait raison, cette fois ? le nargua la fée.

[…]

 

Ani Sedent

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Ani Sedent nous propose un second extrait de son dernier roman "Les oiseaux de pierre"

Publié le par christine brunet /aloys

[…]

Moins impressionnante que les Lithiks et ses pics sombres, dont les plus hauts tutoyaient les nuages, la chaîne des Échos n’en restait pas moins une chaîne montagneuse aux reliefs imposants.  Composée de roche brute, comme une armée de pilastres gris, elle abritait un labyrinthe de sentiers qui, pour la plupart, ne menaient nulle part.  Arcadius et son équipage y avaient disparu et le loup bleu, la truffe collée au sol, suivait leur piste dans ce dédale granitique où le moindre bruit se répercutait à l’infini.

  Enfin, au débouché d’un sentier étroit et sinueux, apparut un cirque de roche grise où paradaient des sapins noirs, comme une garde inquiétante à un bâtiment dont l’architecture ne laissait aucun doute quant à son occupant ; une horreur à plusieurs étages, sorte d’hybride entre tour et palais, qui se voulait grandiose mais ne parvenait qu’à laisser perplexe.  Au pied de ce monument à la vanité d’Arcadius, comme un gros sac de cuir moisi abandonné là, le cogne-dur attendait, ses petits yeux en boutons de bottine rivés au sol.

  Angélie fit reculer Lupin.

 

 Pas bouger ! chuchota-t-elle au loup bleu, qui pencha la tête d’un air interrogateur et s’assit tranquillement pendant que la fée cherchait un abri d’où observer le palais à l’insu de son horrible gardien.

  Tapie dans l’ombre d’un rocher elle considéra le bâtiment, sorte de gâteau à étages bien loin de la tour ténébreuse qu’elle s’était imaginée, et constata que s’il n’avait rien d’une forteresse, y pénétrer allait être compliqué. 

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Pour terminer l'année, Ani Sedent nous propose un premier extrait de son Tome 3 "Les oiseaux de pierre"

Publié le par christine brunet /aloys

 

Domaine de Majorcastel – Forêt des Songes

  Temps : guerres magiques – 11éme embrasement

 

 

  Au sortir de la plaine Herborisse, les longues herbes soyeuses se muèrent en un velouteux tapis émeraude qui s’élançait en pente douce vers l’orée de la forêt des Songes.  Lupin le parcourut au petit trot, la truffe emplie des senteurs fraîches de l’humus, et suivit la clarté onduleuse qui caressait le sous-bois en amadouant les oiseaux dont les pépiements se mêlaient au discret froufroutement des branches.

  Le loup bleu avança d’un pas léger, sa grosse truffe collée au sol, curieux des odeurs de la forêt.  Il releva la tête et une fourrure caramel disparut vivement dans la verdure du sous-bois.  Accélérant l’allure, il s’enfonça plus profondément parmi les fûts sombres, veinés de mousse et de lichen, sous des houppiers où le vert et le bleu se disputaient le grand rôle.

  Au détour d’une sente, qu’égayait une colonie de champignons aux couleurs vives, apparut enfin le Cœur Ancien, un groupe de hêtres et de chaminets aux troncs noueux, qu’une lueur diaphane nimbait d’une pâleur fantomatique.

  Aux pieds de ces vénérables géants, certaines racines affleurant la surface s’entrelaçaient délicatement pour modeler un berceau moussu, tandis que d’autres, plantées au cœur de l’Invisible, s’abreuvaient aux sources de la magie.

  Émue, la jeune marraine-fée prit une inspiration tremblante et se laissa glisser au sol en douceur.  Lupin la regarda s’éloigner, puis s’assit brutalement pour se gratter énergiquement derrière l’oreille. 

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