Né en 1978, Frédéric MAILHAN étudie l’Histoire à l’université de la Sorbonne avant de créer sa société de communication. Il gèrera celle-ci pendant 4 ans avant d’intégrer le monde bancaire où il travaille encore aujourd’hui.
RÉSUMÉ DU LIVRE:
Si mon pays était occupé, aurais-je le courage d’entrer en Résistance ? Saurais-je accepter ce que la guerre révèle de moi-même ? Et saurais-je éviter la violence et la folie ?
Dans une France occupée par l’armée américaine, Gabriel entre en Résistance.
Par hasard. Par idéologie. Par romantisme.
L’idéalisme du début va cependant rapidement laisser place à la réalité d’un combat qui l’emmènera chaque jour un peu plus loin dans la nuit. Sa propre nuit.
EXTRAIT DU LIVRE :
« Le jour se lève sur un Paris que je ne reconnais plus depuis longtemps.
Mais malgré l’occupation, malgré la clandestinité, malgré les effluves d’alcool, malgré le goût de mauvaise cocaïne collée à ma gorge, malgré tout cela, ce Paris est beau.
Beau de ses rues désertes, beau de cette impression de vivre un moment unique.
Je suis né avec cette guerre.
La nausée de cette nuit et de ces gens que j’ai conduits à l’abattoir n’effacera pas ce sentiment terrible et merveilleux à la fois.
Je suis vivant. Sans doute comme jamais je n’ai pu l’être avant.
La vie s’est accélérée, je n’ai pas d’autre choix que d’en saisir l’essentiel.
La guerre et le combat m’auront appris à vivre.
La base de la tour Nord de Notre Dame vomit quelques unes de ses pierres dans la rue.
Il y a encore quelques jours cette seule vision aurait justifié mon combat. Mais aujourd’hui il m’en faut plus. J’ai gagné en compréhension ce que j’ai perdu en idéalisme. J’accepte les règles du jeu. Ma guerre commence aujourd’hui.
En saisir l’essentiel… J’ai tellement peur de mourir. »
Il est significatif que le verset le plus célèbre de la Bible : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19,18) commence par ces paroles : « Tu ne vengeras ni ne garderas rancune ». Pour la tradition juive, il est plus qu’évident que le commandement d’amour, repris à à l’envie par Jésus dans les Evangiles, n’est praticable que si l’homme extirpe de son cœur toute velléité de vengeance, et même toute rancune.
Difficile exercice pour l’homme que celui de l’amour de son prochain ! Peut-être même impossible, au point qu’il a fallu exiger au moins qu’à défaut, il ne haïsse pas. Car le verset précédent celui de l’amour du prochain (Lévitique 19,17) dit : « Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur. » Si nous récapitulons la progression des deux versets 17 et 18 du chapitre 19 du Lévitique : 1 « Tu ne haïras pas » ; 2 « Tu ne vengeras ni ne garderas rancune » : 3 (seulement !) « Tu aimeras ».
C’est sans doute à l’aune de cette constatation (qui a le mérite du réalisme) qu’il faut envisager la position juive traditionnelle sur la réconciliation. Qu’on ne se hâte pas trop, pour autant, de lui plaquer l’étiquette de sévérité. L’inadmissible comparaison entre le soi-disant Dieu vengeur du Judaïsme et le Dieu d’amour du Christianisme n’a heureusement plus cours dans la théologie chrétienne depuis qu’elle ignore moins ses racines juives.
Le Judaïsme veut simplement affirmer qu’il n’est de possibilité de réconciliation pour l’homme vis-à-vis de son prochain ou pour un peuple vis-à-vis d’un autre, que s’ils éliminent le ferment de la haine, de la vengeance et de la rancune. Ce n’est qu’après avoir fait table rase de ces obstacles qu’ils peuvent prétendre se réconcilier. Et aussi en ne tournant pas le dos à la mémoire. Deux autres commandements de la Torah, apparemment synonymes, disent en effet : « Za Khor », « souviens-toi ! » (Du mal que t’a fait Amalek), et « Lotishkakh », « N’oublie pas ! ». Il y a là l’expression des formes active, et passive de la nécessaire mémoire sans laquelle aucune réconciliation n’est possible.
Pardonner appartient aux victimes, et à elles seules. Se réconcilier appartient à leurs descendants : réconciliation basée sur la reconnaissance de la faute chez leurs bourreaux ou leurs descendants et sur la mémoire indestructible des forfaits. C’est par cette voie étroite que passent la réconciliation, la paix, et l’amour.
Qu'allait-elle y faire sur cette route ? Partant de Namur, Jacqueline a suivi les coquilles dorées placées en rue et très vite, les bords de Meuse se sont révélés bien agréables. Le pâle soleil belge lui donnait des ailes et les kilomètres succédaient aux kilomètres. La France était en vue.
Les pèlerins qu'elles rencontraient se plaisaient à lui raconter leurs exploits passés mais aussi futurs. La traversée des grandes plaines semblait lui convenir. Elle parcourait en un jour ce que d'autres faisaient en deux ou trois étapes.
Un entraînement d'enfer ! Depuis deux ans, elle marchait de plus en plus. Elle en était arrivée à dégoûter tous les compagnons qui voulaient aussi la défier !
En moins de trois semaines, Jacqueline était en Espagne !
Chaque soir à l'étape elle téléphonait à son ami François, resté en Belgique. Elle lui décrivait les chemins emprunté, les villages traversés et lui, à l'autre bout du fil, prenait consciencieusement note de son récit et le retranscrivait sur son ordinateur.
Le dernier soir, elle ne téléphona pas et il commença à s'inquiéter. Peut-être une panne de téléphone, se dit-il pour se rassurer… Le lendemain, toujours rien ce qui commença à inquiéter François.
Où était Jacqueline ? La police avertie, on commença les recherches. Pourtant le chemin qu'elle avait dû emprunter était facile et sûr. Quelques témoins l'avaient vue approchant de la basilique. Elle s'était évaporée en quelques minutes.
François décida de se rendre sur place en avion et en dépit de ses efforts, il revint en Belgique complètement désespéré par cette disparition.
Pendant ce temps-là, au Couvent des Dominicaines Cloîtrées de Saint-Jacques de Compostelle, on préparait l'intronisation de la nouvelle mère supérieure Sœur Jacqueline, venue de Belgique.
C’est arrivé bêtement, je prenais le livre en main en le tenant par la tranche lorsque j’ai vu une pluie de caractères tomber sur le sol. Etonné j’ouvre le bouquin et m’aperçoit que c’est le texte des quatre dernières pages qui s’est détaché, sans doute mal imprimé. Il restait quelques lettres par ci par là mais beaucoup trop peu que pour déchiffrer quoi que ce soit.
J’étais fort embêté, d’autant plus que c’est le HX14 de Christine Blondet et que j’arrivais à la fin là où on apprend qui manipulait qui.
Heureusement je connais l’auteure et lui téléphone en la priant de bien vouloir m’envoyer la partie manquante par email. Mais elle me rappelle quelques minutes plus tard assez énervée pour me signaler que ces pages manquent désormais sur son fichier également et qu’elle ne se souvient plus comment finit l’histoire ? Idem du côté de son imprimeur…
T’as intérêt à ramasser ces caractères et à les remettre dans l’ordre menace-t-elle la voix rageuse.
D’accord mais comment ? Je calcule rapidement que quatre pages cela représente des milliers de caractères et me mets immédiatement à l’ouvrage avec une pince à épiler, une grande feuille blanche et de la colle à papier.
Ca m’a prit une semaine entière et pour dire vrai l’opération achevée il me restait une centaine de caractères inemployés que j’ai brossé de la main, l’air de rien, dans la poubelle. Pas sûr que c’était le texte prévu mais elle a quand même obtenu le grand prix du meilleur roman policier de l’année. Même que devant l’ébahissement de Laurent Ruquier et Yann Moix qui la félicitaient pour la chute phénoménale et inattendue de son thriller elle eu l‘audace de répondre qu’elle n’avait jamais manqué d’imagination.
Elle vient de m’envoyer son HX15 et je tourne ses pages avec soin en vérifiant à chaque fois que toutes les lignes restent bien en place.
La réconciliation selon l’Islam (Le Coran et les Hadiths)
« Aide ton frère, qu’il soit opprimé ou oppresseur » dit le Prophète. Un compagnon s’étonne et dit : « J’aiderai mon frère opprimé, mais l’oppresseur, comment l’aiderai-je ? » « En l’empêchant de mal faire », répondit le prophète (hadiths)
Les musulmans expriment de multiples façons la paix et la réconciliation, largement encouragées et recommandées par les principes fondamentaux de l’Islam. Le mot Salam, très souvent employé par les textes coraniques traduit l’idée de salut et de salutation ; il concerne, à la fois, le salut terrestre et céleste. Al salam qui prend le sens de paix. « Quand vous entrez dans des maisons, prononcez salam l’un sur l’autre (…) » (XXIV, 27). Cette recommandation se matérialise par la fameuse formule connue de tous : « Assalamou aleikoum » (« Que la paix soit sur vous »). C’est dire que la paix (salam) traverse la quotidienneté du musulman qui doit, avant tout, rechercher la coexistence pacifique. « Ne dites pas à celui qui n’offre pas la paix : ‘’ Tu n’es pas croyant ‘’ » (IV, 94).
La guerre (harb) doit demeurer une exception alors que la paix (salam, hudna, muwada’a), dans le sens de quiétude, musalaha qui signifie réconciliation, musalaha qui veut dire faire la paix, cultiver la paix est un principe général. Il y a encore d’autres vocables de la langue arabe qui font référence à la paix ou à l’idée d’abstention d’hostilité et d’agressivité. De très nombreux versets coraniques, qu’il serait fastidieux de citer ici, incitent les musulmans à réaliser la paix et établir des relations sinon cordiales du moins pacifiques avec les autres tribus, peuples ou nations qui constituent l’humanité. « (…) Nous vous avons créés d’homme et de femme, Nous vous avons désignés en nations et tribus pour que vous vous connaissiez entre vous (…) » (XLIV, 13). Ce verset, à lui seul engage les musulmans à pratiquer la muwada’a et la musalama.
La guerre que l’on assimile au Djihad n’est pas, loin de là, exclusive aux musulmans qui la pensent, à l’instar des autres comme une défense contre l’agression extérieure. Mais dès que s’arrête l’agression, il est normalement mis fin aux hostilités, ce qui rend la réconciliation et la paix possible. Tandis que la guerre civile (hard ahliyya), considérée comme une fitna (épreuve, discorde, désordre, trouble, sédition), est réprouvée par le Coran et les hadiths (Hadits du Prophète) qui obligent les musulmans à procéder à l’arbitrage (tahkim) et à mettre fin à l’effusion de sang, sévèrement condamnée. « Rien d’autre : les croyants sont frères » (XLIV, 10). Le texte coranique considère que la fitna est pire que le meurtre. Dans tous les cas, la guerre et le désordre sont réprouvés par les textes scripturaires, qui incitent les hommes à s’entraider dans le crime et l’inimitié (hadiths).
La réconciliation selon le christianisme (Les Testaments)
Parler du sens de la réconciliation pour les Chrétiens n’est pas aussi simple qu’il y paraît.
Une première difficulté vient du fait que le nouveau Testament (qui est à l’origine de cette conception) parle essentiellement de la réconciliation entre Dieu et les êtres humains, opérée en Jésus-Christ.
La réconciliation entre les êtres humains découle de cette réconciliation avec Dieu. Peu de passages bibliques parlent du sens « éthique » de la réconciliation qui, à l’origine, est un concept essentiellement théologique. Sa traduction en terme éthique n’est pas des plus faciles. Et ce d’autant plus qu’une deuxième difficulté surgit quand on s’intéresse de près au mot même de « réconciliation » : on verra en effet, qu’en revenant au sens étymologique de ce mot dans le Nouveau Testament, un réajustement s’avère nécessaire et utile.
Il ouvre des perspectives qui risquent de surprendre mais qui donnent à la réconciliation un sens, à la fois, plus « réaliste », mais aussi plus dynamique et stimulant. Le sens le plus courant du mot « réconciliation » vient du latin reconciliare qui signifie : se re-concilier, retrouver une harmonie, se remettre ensemble, se réunir,…
La réconciliation dans ce sens est-elle concrètement possible ?
Comment raisonnablement demander à des ennemis de se « réconcilier » dans le sens de revivre ensemble en harmonie, alors qu’entre eux, il y a eu non seulement des haines et des peurs – parfois ancestrales – mais aussi des assassinats, tortures, des morts, des souffrances sans nom ? Dès lors, la réconciliation à laquelle nous appelle Dieu à travers Jésus-Christ n’est-elle pas surhumaine, ne demande-t-elle pas une abnégation telle que finalement peu d’entre nous peuvent y avoir accès ? Ou alors faut-il considérer la réconciliation comme une promesse eschatologique, qui n’adviendra qu’à la fin des temps ?
En Grec, et donc dans sa « version originale », le mot réconciliation est construit sur la racine « autre » (allos), qui a donné le verbe allassô (« changer ») sur lequel sont construits le verbe katallassô (que l’on traduit par « se réconcilier ») et le substantif katallagê (que l’on traduit par « réconciliation » ). On voit donc que dans son origine grecque, « se réconcilier » indique avant tout un changement chez la personne qui se réconcilie.
Changer à l’égard de l’autre, ce n’est pas vouloir unir ou harmoniser ce qui est fondamentalement différent, dissonant, opposé. La réconciliation côté-grec-apparaît comme un encouragement à « faire avec » les différences, les blessures, les divergences et même les incompatibilités, c’est un encouragement à en vivre dans le dialogue renoué au lieu d’en mourir dans l’ignorance de ce qu’est vraiment l’autre.
En acceptant de parler les uns avec les autres, nous acceptons de regarder en face nos différences de points de vue, mais aussi les incompréhensions, les malentendus, les idées fausses que nous avons les uns sur les autres, les peurs peut-être que nous avions les uns des autres et qui venaient s’ajouter inutilement à la réalité de nos différences.
Reste la question de la réconciliation entre les êtres humains et Dieu, « modèle » pour la réconciliation entre les humains. La Genèse nous parle de l’Alliance entre Dieu et les hommes, offerte par Dieu comme une alliance éternelle à laquelle il sera toujours fidèle. Cette première alliance, sans cesse renouvelée, est le fondement solide et stable sur lequel a pu s’appuyer et peut encore s’appuyer tout être croyant au Dieu unique, au Dieu d’amour dont nous parle la Bible. Mais alors, si cette Alliance était posée, ferme et solide, dès le début de l’histoire entre Dieu et l’humanité, pourquoi la venue du Christ a-t-elle été nécessaire à la réconciliation entre les hommes et Dieu ?
Une petite remarque de grammaire grecque s’avère ici nécessaire, simple, mais essentielle : dans le Nouveau Testament, Dieu n’est jamais sujet du verbe « se réconcilier ». Ce n’est jamais Dieu qui se réconcilie avec les hommes, mais c’est toujours Dieu qui réconcilie les hommes avec Lui. Ce sont les hommes qui ont besoin de changer de regard sur Lui à et l’égard de Lui, parce que ce sont les hommes qui ne cessent de se créer un Dieu à leur image, correspondant à leurs fantasmes, à leurs rêves, à leurs peurs.
Toute la Bible essaie de faire prendre conscience aux hommes à quel point les êtres humains ne cessent de voir Dieu, non tel qu’il tente de se révéler, mais tel que les hommes voudraient qu’il soit. C’est-à-dire un Dieu tout puissant comme les hommes voudraient l’être, manipulant les êtres humains comme ils aimeraient le faire, un Dieu aimant la perfection comme les hommes l’exigent d’eux et des autres, un Dieu punissant ceux qui ne marchent pas droit, comme les hommes aimeraient punir ceux qui leur déplaisent, un Dieu ayant besoin de violence et de la mort en l’occurrence, la mort de son Fils pour pouvoir pardonner aux hommes,…
Aussi, pour faire comprendre aux hommes qu’il n’est pas celui qu’ils croient, pour ouvrir leurs yeux et changer leurs regards, Dieu leur envoie son Fils, Jésus-Christ. Et en Jésus-Christ, Dieu se révèle de façon visible, être du côté des pauvres, des faibles, des malades, des rejetés, des mal-aimés, des marginaux, des « pas comme les autres »… Dans la vie de Jésus-Christ, Dieu se révèle radicalement tout le contraire de ce qu’imaginent les hommes. Dans la mort de Jésus-Christ, Dieu se révèle comme Celui qui ne peut empêcher l’humiliation, la souffrance et la mort de son Fils, alors que les hommes avaient tendance à croire que la souffrance et la mort étaient des punitions divines…
Dans la résurrection de Jésus-Christ, Dieu se révèle comme Celui qui veut redonner la vie là où il y a la mort. Il se montre totalement autre que la mort, alors que les hommes se plaisent à invoquer son nom quand ils tuent leurs ennemis,…
Aussi, la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ ouvrent les yeux des hommes sur Dieu. C’est en ce sens qu’elles réconcilient les hommes avec Lui. Ainsi, quand Paul appelle les hommes au ministère de la réconciliation, c’est à une triple tâche qu’il les convie : mieux faire connaissance avec eux-mêmes, avec les autres et avec Dieu en renouvelant leurs regards.
Je tourne le coin profondément enfoncé dans mes pensées et m’aperçois avec étonnement que j’ai dépassé le Carrefour express de la rue Malibran où je comptais faire mes courses. Je suis distrait à un point ! Mais de là à parcourir trois cent mètres pour rien… je reviens donc sur mes pas et pénètre dans le magasin un sourire un peu niais sur les lèvres. Deux baguettes, un peu de fromage en tranches…
C’est en rentrant chez moi et en prenant le même coin mais dans l’autre sens, rue Lemaître, que je m’aperçois cette fois ci avec stupeur que je débouche en fait à son extrémité, devant le 200 alors que j’habite au 50.
Je ne suis quand même pas fou ! Pour aller au Carrefour, je sors de chez moi à droite depuis des décennies puis tourne une seconde fois à droite dans la rue Malibran…
Il y a quelque chose qui me turlupine. Je reviens donc sur mes pas tourne le coin Malibran à gauche et… idem. Je me retrouve tout au bout de ma rue comme si j’arrivais par l’autre côté, rue Voltaire.
Une vieille dame passe d’un air débonnaire et je lui demande poliment s’ils font des travaux dans le quartier.
- Non pourquoi ?
Je lui explique ma méprise.
- Ah vous aussi répond-t-elle soudain intéressée ? Voilà deux semaines que ça m’arrive mais je n’ose plus en parler car mes amies me prennent pour une folle. J’habite au numéro 20 et chaque fois que je prends ce coin, je me retrouve tout au bout de la rue à cinq cent mètres. Du coup je ne passe plus par là.
- Je me demande… et si nous faisions le tour du pâté de maison dans l’autre sens et débouchions tous les deux au même moment sur ce même coin en venant vous de la rue Malibran et moi de la rue Lemaître. On devrait logiquement se rencontrer, se cogner presque.. ou alors se trouver l’un et l’autre aux extrémités des deux rues mais sans se voir et donc éloignés de cinq cent mètres ? Vous avez un téléphone ?
- Oui.
- Vous avez dix minutes à perdre ?
- sûrement, d’autant plus que tout ça m’intrigue vraiment.
- Parfait, faisons comme ça, appelons-nous et restons en contact constant jusqu’au moment de tourner le coin et de se rencontrer même si nous ne serons alors distants que de quelques mètres ?
Croyez-le ou non, ça n’a rien donné. Je l’ai entendue dans mon écouteur jusqu’au dernier instant puis au moment de se rejoindre… plus rien. Je ne l’ai plus jamais revue.
Ca ne s’est d’ailleurs jamais arrangé. C’est pas gênant, gênant mais bon… Désormais je vais faire mes courses chez Leclerc en prenant à droite en sortant de chez moi. C’est un peu plus long mais j’ai l’impression que leurs baguettes sont plus fraîches.
Extrait d'un journal intime retrouvé au fond d'un grenier
Samedi, le 18 mai 1861
Il est près de six heures et je suis réveillée. J'écris ces quelques lignes à la hâte. Aujourd'hui est un grand jour, celui de mon mariage.
Charles m'a choisie parmi toutes les jeunes filles de bonne famille que ses Parents ont voulu qu'il rencontre avant de faire son choix.
Oh, béni soit le jour où je l'ai vu, jeune officier fringant dans ce bel uniforme. Il semblait savoir que tous les regards étaient tournés vers lui et pourtant il m'a longuement fixée en s'avançant vers Mère à qui il a demandé l'autorisation de m'inviter à valser.
Et nous avons valsé, valsé, j'en suis encore étourdie… À minuit, comme les jeunes filles sages, j'ai obéi à Mère qui voulait quitter la salle de bal. Nous sommes reparties dans le fiacre que Père avait envoyé nous chercher.
Cher journal, voilà plus de cinq ans que j'attends ce jour et j'ai peur ! Peur de le décevoir, peur que Charles ne me trouve pas digne de lui, peur aussi de cette nuit de noces dont Mère m'a parlé à demi-mots et en rougissant !
J'aime Charles plus que tout et bientôt, je serai sienne.
Ceci est la dernière page de ce journal intime. Plus rien n'est écrit après ces quelques lignes…
La question du pardon selon différents points de vues.
f-1- La réconciliation selon le Bouddhisme (La Loi du karma)
Pour le Bouddhisme, la cause de tout conflit est l’ignorance.
La réconciliation relève d’une sagesse, qui est l’expression de la nature de Bouddha que possèdent tous les êtres, mais qu’ils ne reconnaissent pas. Pour le Bouddhisme, les renaissances se produisent selon la loi du karma, loi naturelle de causalité selon laquelle les actes positifs font renaître dans des états heureux. L’être qui renaît n’est donc ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, mais plutôt l’héritier, de son enfance, de sa jeunesse.
Ainsi la réconciliation constamment prêchée par Bouddha à ses disciples peut-elle s’envisager dans trois domaines : Intérieur, extérieur et inter-réligieux. Dans le domaine intérieur, il importe de comprendre la vacuité des émotions conflictuelles : colère, jalousie, orgueil, etc., pour les abandonner et se réconcilier avec soi-même. Et, si l’état humain est plus favorable à l’Eveil, il est très fragile. Pour aller vers l’Eveil ou, à tout le moins, vers une nouvelle précieuse renaissance humaine, une conduite éthique et généreuse est indispensable. Ce qui a fait dire au Dalaï lama : « Soyez égoïstes, pratiquez l’altruisme ! »
La réconciliation extérieure naît d’un esprit paisible. Bouddha a enseigné que tous les êtres que nous rencontrons ont été nos mères dans une vie antérieure et que nous devons leur rendre leur bonté. Ainsi, un disciple de Bouddha, Sharibou, mendiait son repas (comme alors tous les moines) auprès d’une femme venant de pêcher un poisson, tenant son bébé dans les bras et frappant son chien qui voulait s’emparer du poisson. Sharibou vit le karma de ces quatre êtres. Dans leurs existences précédentes, le poisson, que la femme s’apprêtait à manger, avait été son père ; le chien, qu’elle battait sa mère ; et son bébé chéri, son pire ennemi. Sharibou, très attristé par l’absurdité du samsara (cycle des existences conditionnées), partit avant d’avoir reçu l’offrande de nourriture.
Les êtres cherchent le bonheur mais, à cause de leur ignorance, ils trouvent la souffrance, éprouvant de la haine et de l’attachement, ne voyant pas que tous sont leur propre famille. La sagesse implique l’Amour et l’équité envers tous, sans distinction entre ami et ennemi. Shantideva, un grand maître du passé, invitait ses disciples à reconnaître leur «ennemi » comme leur maître, parce qu’il leur révélait leurs défauts.
Dans le domaine inter-religieux, les bouddhistes considèrent les grandes religions comme l’émanation de la sagesse de tous les Bouddhas. Les critiquer revient à mettre sa petite sagesse au-dessus de celle des fondateurs de ces traditions, considérés comme des bodhissattvas, êtres éveillés œuvrant pour le bien de tous, selon leurs orientations particulières. Bouddha a comparé son enseignement à une barque permettant de traverser le fleuve du samsara pour accoster sur la rive de l’Eveil : pourquoi s’attaquer à cette barque puisqu’elle deviendra inutile lorsque le but sera atteint ? Il n’y a pas lieu non plus de s’attacher à quelque opinion que ce soit. « Lorsque l’on renonce à une opinion par le moyen de la compréhension, l’opinion en question disparaît, et demeure alors seulement la connaissance », écrit Mohan Vijayaratna, érudit bouddhiste contemporain.
Puissions-nous tous embarquer, sinon sur le même radeau, du moins ramer vers la rive de l’Eveil et y accoster dès cette vie ! Peu importeront alors les dénominations que nous aurons employées pour désigner notre embarcation.
Je suis devenu l'architecte de mon "être le mieux possible", termes de pensée positive évitant l'expression "ne pas être mal". Et dans l'architecture nouvelle de mon être, je compris relativement rapidement qu'il me faudrait être aussi le constructeur de la nouvelle bâtisse. Sur les plans, une série de verbes que je conjuguerais le plus possible au présent de l'indicatif voire de l'impératif : décider, bouger, marcher, pédaler, réagir, positiver, lâcher prise, dormir même sans repos. Il me faudrait oublier autant que possible les verbes subir, se plaindre, râler, mijoter, gamberger, ruminer, être en forme… Pour dire le vrai, ma vie aujourd'hui est un mix de tous ces verbes, ce mélange exprimant la diversité de ma vie, de ses hauts faits, de ses gouffres.