Séverine BAAZIZ nous présente son nouveau roman "Une vie à soi"
BIOGRAPHIE :
Séverine Baaziz est née en 1978 à Amnéville, en Lorraine.
En 2016, elle publie son premier roman, Le premier choix, aux Editions Chloé des Lys en Belgique. Portée par l'enthousiasme des lecteurs, elle écrit quatre autres romans, flirtant avec la comédie et le réalisme magique. Elle trouve son inspiration dans le plaisir à déjouer les apparences et questionner l'altérité.
Résumé :
Quand le destin fait se rencontrer deux êtres que tout oppose...
Sacha a dix-neuf ans et vit de petits méfaits, au jour le jour, sans toit ni véritable famille, dans le mépris des gens des beaux quartiers. Jusqu’au jour où il fait irruption chez Alice, une comptable de quarante-deux ans qui garde ses économies bien au chaud sous son matelas et dans des boîtes en métal. Une femme étrange, incapable de la moindre émotion, comme empêchée par des nœuds invisibles.
La rencontre est chaotique, l’affinité impossible. Et pourtant, pour des raisons inavouées, ils auront irrésistiblement envie de se revoir.
Une comédie vive et fantaisiste sur les blessures que l’on croit enfouies, sur les mains tendues qui sauvent, et celles, crispées, qui condamnent.
EXTRAIT :
Chaque matin, Alice, quarante-deux ans, se regarde dans le miroir et essaie plusieurs mines comme on passe une tenue puis une autre. Souriante, rieuse, mélancolique, enfantine, sévère, vaniteuse, rêveuse, contrariée, lasse ou sereine. Un défilé de visages empruntés.
Qui est-elle ? Que ressent-elle ? Il y a bien longtemps qu’elle ne le sait plus.
Ce qu’elle ne sait pas non plus, c’est qu’aujourd’hui, à exactement vingt-deux heures passées de trente-trois minutes et quarante-six secondes, un événement va bouleverser son existence.
Il est bien sûr trop tôt pour vous en parler.
Par contre, il est temps pour Alice d’aller travailler.
Sous un ciel gris perle, la douceur de l’automne souffle dans ses cheveux, si bien que ses mèches brunes chatouillent ses yeux et se glissent entre ses lèvres. Elle n’a pas le choix, avant de tourner la clef de contact, elle retire son casque et discipline ses cheveux. D’un geste mécanique, elle les rassemble, les tortille et les dissimule dans le col arrière de sa veste. Le casque est repositionné et le scooter s’en va à vive allure, de tout son rouge écarlate.
Dans la ville aux lueurs matinales, elle croise les bus scolaires, les gamins qui montent et les parents qui saluent, les volets qui s’ouvrent et les premières boutiques qui s’éclairent. Le monde qui s’éveille. Comme la veille et, si tout va bien, le lendemain.
Pour ce premier jour de semaine, Alice a choisi une mine contrariée. Ça fait longtemps qu’elle ne l’a pas portée et elle se marie parfaitement, trouve-t-elle, avec sa chemise blanche. Et puis, le lundi n’est-il pas un jour maussade pour la plupart des salariés ?
En tout cas, dans l’open space, tout le monde la regarde en coin. Alice a allumé son ordinateur sans adresser la moindre salutation, n’a répondu à aucun sourire et ne s’est évidemment glissée dans aucune conversation caféinée. A vrai dire, ses collègues de travail sont habitués à ses étranges humeurs artificielles et, même si les rumeurs à son sujet vont bon train, du genre Alice doit être schizophrène, bipolaire ou tueuse en série, l’indulgence est de mise. Enfin, la plupart du temps.