Texte 15 concours "Disparitions/fantômes du passé"- Dernier texte ! A vous de voter sur ce post !
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Avant de vous raconter ce qu’il m’est arrivé ce jour-là, il faut que je vous parle un peu de moi. Je suis quelqu’un de très cartésien, je ne crois ni à Dieu ni au diable, pas plus aux fantômes, aux vampires, aux sorcières ou à tous ces personnages qui peuplent les romans de fantasy qui ont tant de succès actuellement. A croire que les gens veulent quitter ce quotidien morose que nous connaissons tous plus ou moins pour vivre dans un monde imaginaire où les héros ressemblent peu ou prou aux monstres de leur enfance.
Bref, tout ça pour vous dire que je n’ai pas une réputation de doux rêveur, que je n’ai pas l’habitude d’affabuler. Mais venons-en à nos moutons.
Pour les 60 ans de ma femme, je lui ai payé (ou je nous ai payé, c’est comme vous voulez) un weekend dans un château du nord de la France. Nous avons eu droit à une belle suite avec un canapé, une déco digne des plus beaux films sur le Moyen Age, une télévision qui tranchait un peu sur les tentures en velours garnies d’arabesques et, bien sûr, une chambre spacieuse avec un lit à baldaquin.
Le soir, nous avons mangé au restaurant du château. Ce fut un vrai repas de fête bien arrosé qui a plu à ma femme, du moins j’ose l’espérer vu le prix que l’ensemble m’a couté !
Le champagne et le vin aidant, nous nous sommes endormis comme des mouches alors que, d’habitude, nous sommes plutôt insomniaques.
Au milieu de la nuit, j’ai senti une présence dans la chambre. Je suis plutôt craintif, je l’avoue, et instantanément, mon cœur s’est mis à battre très fort. Une légère lueur pénétrait par la fenêtre mal occultée et quelle ne fut pas ma stupéfaction de voir un petit garçon sur le bord de mon lit. Il n’avait pas l’air bien méchant ; mes palpitations se sont un peu calmées et je l’ai interrogé du regard. Comment ce gamin était-il entré dans notre chambre et que faisait-il là ?
Tout à coup, il s’est levé et de la main, il m’a fait signe de le suivre.
Nous sommes allés dans la suite et nous nous sommes installés dans le canapé. Bizarrement, je me sentais en confiance avec ce petit ; je n’avais plus peur du tout.
Il s’est alors mis à me raconter sa vie : il avait été enlevé par son oncle qui l’avait enfermé pendant plusieurs années dans une geôle d’où il voyait à peine la lueur du jour. Le frère de son père avait toujours été jaloux du couple que ce dernier formait avec Yseult, leur cousine. L’oncle Barnabé avait perdu sa femme, morte de la variole, ses enfants étaient morts d’une mauvaise grippe et lui vivait seul dans son château obscur et froid tandis que son frère, Louis, avait gardé le château familial et menait une vie marquée par le bonheur et la joie.
Lorsque son neveu était mort de froid ou de faim ou de maltraitance, il l’avait tout simplement jeté dans le puits de son château.
Le gamin lui indiqua l’adresse de la demeure seigneuriale de son oncle, décédé depuis plusieurs siècles et il disparut aussitôt comme par magie.
Je crus vraiment avoir rêvé ; je n’étais pourtant pas sujet à des hallucinations, mais j’avais trop bu et je me suis recouché.
Au matin, j’ai raconté mon «rêve » à ma femme qui a voulu en avoir le cœur net. Nous nous sommes rendus dans la forteresse de feu Barnabé et nous avons parlé au conservateur de ce qui est devenu aujourd’hui un musée. Ce type nous a pris au sérieux, car il connaissait l’histoire de ce petit garçon enlevé par son oncle.
Le puits était toujours là, rebouché depuis des décennies voire des siècles.
Quelques semaines plus tard, le conservateur m’a appelé pour me dire qu’on avait retrouvé un squelette d’enfant tout au fond du trou où coulait encore un mince filet d’eau.
Je n’ai jamais compris pourquoi le gamin s’était adressé à moi personnellement, mais je peux vous dire qu’à partir de ce jour ma vision du monde et de la réalité a bien changé.