Acte 1 concours "Fureur de lire, fureur d'écrire" - Texte 8 - Dernier texte ! A vous de voter sur ce post !
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Ne vous est-il jamais arrivé de désirer si fort quelque chose que, malgré les obstacles dressés devant vous, a priori insurmontables, vous vous êtes jetés dans la bataille pour obtenir, certes de haute lutte, l’objet de votre convoitise ?
Moi, c’est ce qu’il m’est arrivé voici presque… non, je ne vais pas vous donner un nombre d’années… embarrassant… C’est donc, dis-je, ce qu’il m’est arrivé voici longtemps (mieux et assez vague… hum). Ma tante bossait dans une librairie. Un jour que j’allais la retrouver avec ma mère, (faut préciser que je n’avais que 4 ans), je suis tombée en pâmoison devant une image… (aujourd’hui, je parlerai de première de couverture) : c’était un petit bonhomme au visage tout rond affublé d’un bonnet bleu avec une clochette au bout, de grands yeux noirs, une bouche souriante, des joues bien rouges comme son pull et les pois de son joli foulard jaune (là, je suis persuadée que la plupart d’entre vous ont déjà mis un nom sur ce personnage).
Comment vous décrire ce coup de cœur ? Devant mes yeux hypnotisés dansaient les couleurs vives, si joyeuses, et ce regard rieur, prometteur de mystères et d’aventures extraordinaires. Je saisis le petit livre cartonné et refusais de le remettre sur l’étagère (le libraire, en professionnel aguerri, avait rangé la série tout en bas de l’étal, à la main des enfants… Malin !). Devant ma volonté farouche de repartir avec ma trouvaille, ma mère me mit en main un marché, l’un de ceux qu’on ne peut refuser lorsqu’on est tombée éperdument amoureuse : « tu apprends d’abord à lire et, ensuite, tu pourras avoir tous les « Oui-Oui » (vous l’aviez deviné, bien entendu) que tu voudras ! ». Réponse instantanée : « Maman, je veux apprendre à lire ! Maintenant ! »
Je vous passe les tergiversations, les remarques vaguement ironiques, les conseils de ma tante et du libraire… mais je repartais ce jour-là avec deux livres : « Oui-Oui au pays des jouets » et « La méthode Boscher » pour apprendre à lire (les Français de ma génération savent à quel bouquin je fais allusion). Ma mère posa mon Oui-Oui bien en vue (mais hors de portée) dans la vitrine de mon armoire, et me laissa l’autre ouvrage : je contemplais les deux enfants sages dessinés sur la couverture, sans envie : ces deux-là ne me plaisaient pas du tout. Mais comme j’ai toujours été du genre têtu, j’ai harcelé ma mère pour ma première leçon, puis la seconde… J’en demandais toujours plus, relisant sans arrêt les syllabes, les mots, les phrases et avançant bientôt seule aux côtés de Rémi et Maria, les deux « héros » de cette méthode. Enfin, héros… Rien à voir avec mon Oui-Oui qui ne me quittait pas de son beau regard attentif.
Bonheur suprême le jour où je parvins à lire le dernier texte et où ma mère me mit entre les mains mon adorable Oui-Oui… Je me lançais alors, le cœur battant, dans cette toute première aventure si palpitante aux côtés d’un héros au grand cœur, malin, mais si généreux que le lendemain, j’allais chercher « Oui-Oui et la voiture jaune », promesse d’un nouveau voyage haletant au pays des jouets.
Et je les ai lus, relus et archirelus, tous les tomes, sans en omettre un seul, me plongeant (même la nuit en cachette) avec ravissement, auprès de mon héros et de ses amis, dans un univers magique et aventureux, tendre et chaleureux… un univers enchanté qui m’a propulsée dans un monde plus passionnant encore, celui de nouveaux héros, de nouvelles histoires, de nouveaux voyages passionnants qui m’ont tirée, inexorablement, vers une aventure ô combien plus incroyable : celle de l’écriture.