Carine-Laure a lu "Les dix petites négresses" de Bob Boutique
C’est toujours la même rengaine, dès que le soleil se pointe, tout le monde file au car-wash. Cinq bagnoles devant moi, il faut que je la fasse, cette file. Ma bagnole est bien trop crado. Je commence à me ronger les ongles et mes yeux se tapent sur la banquette passager. Je vois un bouquin, une grosse tache noire et en plein milieu de la couverture un escalier en colimaçon. Vertige. Ce truc me donne la migraine mais je l’ouvre. Ah ouais, c’est ce fameux livre ! Depuis samedi dernier, jour du salon du livre de Charleroi, le livre était resté coincé entre des paquets de cigarettes (vides), des cannettes (vides), et deux ou trois doses de, de, de….d’héro dessous une casquette en tissu écossais (pour changer du jeans). Voilà c’est dit, comme ça, ce sera officiel.
Je râle car j’aurais bien aimé m’envoyer en l’air avec un livre de Magerotte. Mais bon, je me décide et je commence la lecture de ces 155 pages bien brochées. Bien obligée, puisque je n’ai que ça à me mettre sous la dent. Ça démarre mochement, avec une carte, le dessin d’une île et puis le très célèbre « Il était une fois ». Je soupire, je vois la première bagnole qui sort seulement de ce bastringue, pffff. Et puis, le temps de dire « Oufti », j’accroche. C’est l’histoire de dix petites négresses, dix auteurs à succès, toutes éditées dans la même maison d’édition. Comme si les descriptions physiques et psychologiques ne suffisaient pas, l’auteur nous offre un croquis pris sur le vif de ces dix gonzesses ! Ces dix belles plantes débarquent donc sur cette île (non reprise dans les catalogues touristiques, je vous le dis de suite car trop de crimes non-élucidés et du sang coule encore des falaises) et ce n’est pas un hasard…Oh que non, ces dévergondées, toutes des tzarines de la plume de surcroît, sont là, convoquées par leur éditeur. Des noms, des noms, j’entends vos voix qui scandent ces deux mots, des noms, des noms. Ces plumes sont bien trop connues, je ne dirai rien.
L’histoire alors ? Machiavélique, des rebondissements à chaque moitié de page, dans une espèce de huis clos infernal. Tout le monde soupçonne tout le monde et le jeu en vaut la chandelle, croyez-moi ! Hélas, je ne peux rien dire, ce serait trop compromettant pour moi. Qui tue ? Mais qui tue ? Les soupçons se portent sur l’une et puis sur l’autre. Car toutes, je dis bien toutes, ont un passé aussi trouble que les eaux d’un étang asphyxié par les gaz de cadavres en décomposition. De l’histoire, je ne peux rien dire d’autre. Se taire, camoufler. A l’heure qu’il est et en tenant compte des décalages horaires pour lesquels personne, je dis bien personne, ne comprend plus rien à rien, un mystère subsiste. Sauf que….
Le style de l’auteur ? Humoristique à mourir (c’est le cas de le dire) mais ne sous-estimez rien, les adjectifs sont choisis et collent merveilleusement bien à la peau de ces dix gonzesses. D’ailleurs, une bande dessinée de cette histoire est en projet et les studios Walt Disney flairent la grosse affairent et monnaient le coup avec le fameux éditeur. Mais je ne peux rien dire de plus. Ma vie est encore en danger et tous ces coups de klaxon derrière moi, ces visages ahuris devant les vitres de ma voiture, ces mains sales qui se claquent contre le capot n’annoncent rien de bon. Mais….Mais….Ces quidams ont tous le livre en mains ! My god ! Ils m’ont reconnue ! Monsieur Bob Boutique, auteur de ce livre « déjantissimesque », vous qui m’avez foutue dans ce pétrin, heeeeeelp !
Voici un lien qui vous emmène au beau milieu de l'histoire, avec la voix très comment dire, très ...virile de Bob Boutique:
http://www.youtube.com/watch?
(Ce livre n’est pas encore au catalogue, mais il existe, je vous le jure. Intéressé ? Contactez l’auteur par Fb ou contactez-moi carinelauredesguin@gmail.com )