Sophie Dierick et les Editions CHLOE DES LYS
Les Editions Chloé des lys : le pari audacieux du bénévolat
Un titre qui interpelle, une couverture qui évoque, des mots qui dansent, un récit qui transporte. A l’heure où le modèle managérial domine de plus en plus le monde de l’édition, certains résistent encore. La littérature n’est pas morte, vive la littérature.
Il y a presque 15 ans, la petite Chloé Des Lys poussait son premier cri dans la province de Tournai. Ils étaient au départ peu nombreux à se presser autour de son berceau. Une maison d’édition bénévole, qui publie tous ses ouvrages à compte d’éditeur ? Une idée somme toute audacieuse à l’heure où les maisons d’édition sont gérées comme de vraies entreprises. Mais c’était sans compter l’opiniâtreté de son « papa », Laurent Dumortier, amoureux de la littérature et écrivain lui-même, qui porta à bout de bras la jeune enfant. Son leitmotiv ? Servir de tremplin au jeunes (ou moins jeunes) auteurs talentueux. Aujourd’hui adolescente, Chloé des Lys a fait du chemin et la famille s’est agrandie. La maison d’édition recense plus de 400 auteurs ainsi que plus de 800 ouvrages publiés dans toute la Belgique ainsi que dans certaines régions françaises.
La maison d’édition a la particularité de publier les ouvrages à compte d’éditeur. Concrètement, l’écrivain n’investit pas le moindre centime durant la phase de création du bouquin. Du comité de lecture chargé de sélectionner les textes publiables au graphiste en charge de la couverture, tous sont bénévoles. une fois le livre terminé, l’écrivain commande un certain nombre d’exemplaires à l’ASBL qu’il payera au prix coûtant du livre (presque que la moitié du prix en librairie). Une formule qui permet à des personnes ne disposant pas d’une visibilité suffisante de publier leur textes. Alain Jourdan, directeur des Editions Jourdan approuve la démarche de Chloé des Lys : « Je trouve ça très bien, le fait que ce soit à compte d’éditeur prouve que c’est une démarche honnête. Nous, nous sommes une maison à but lucratif, je suis obligé de penser aux nombres d’exemplaires que je vais vendre. Ce qui me pousse parfois à publier un nom connu plutôt qu’un autre, meilleur mais moins visible. Nous sommes obligés de penser en termes de profits. »
Des écrivains « du dimanche »
Très rares sont ceux qui, en Belgique, peuvent se permettre de se consacrer entièrement à la littérature. Bob Boutique est un des administrateurs de Chloé des Lys et lui-même écrivain. Il déplore ce manque de possibilité :« Pour vivre de sa plume, il faut vendre chacun de ses bouquins au moins à 5000 exemplaires, c’est très rare en Belgique». D’où l’intérêt pour ces auteurs « du dimanche » de se tourner vers ce type d’ASBL. Même si l’impact médiatique est forcément moindre qu’une signature chez Flammarion ouGallimard. « Il est évident qu’un auteur qui est recruté par Gallimard aura un marketing inimaginable, il passera par toutes les grandes télévisions, etc. Mais le gars qui signe chez Gallimard, ce ne sera jamais que le 1 sur 100 000 qui ont proposé leur manuscrit. Et à la première erreur, il sera évincé» se défend Bob Boutique.
Vers une professionnalisation ?
Mine de rien, La maison d’édition commence à trouver sa place dans le paysage littéraire belge. Quelques auteurs commencent à acquérir une certaine notoriété. Des bruits de couloir laissent entendre à une futur professionnalisation de l’ASBL. Un vrai débat, reconnaît Bob Boutique : « Pour l’instant, on hésite encore. On se demande si on ne devrait peut-être pas créer au sein de Chloé des Lys une collection qui serait réservée aux auteurs qui vendent le plus. Tout en gardant le principe même de la maison : rendre accessible à tous la publication d’un livre. On essaie de voir comment évoluer sans pour autant perdre son âme »
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