Champ d'hommeur, un poème extrait de Contrastes, le dernier recueil de Françoise Castera
2 CHAMP D’HONNEUR
Pour vous le temps est un chagrin, pour vous le temps est un naufrage
C’est votre fils étendu là, c’est votre fils dans cette caisse.
On vous demande de tenir, on vous demande d’être sages
Et d’écouter tous les discours, et de suivre aussi bien la messe
S’il vous prend l’envie de pleurer, sachez alors pleurer sous cape
Même si pour vous les parents l’enfant aimé n’avait pas l’âge
De trébucher et de tomber, si jeune dans cette trappe
Où les combats l’ont emmené et où sa vie fut un ravage.
Comment osez vous renier et écarter les qualités
Les valeurs du patriotisme et la vertu du sacrifice
Il faut montrer votre fierté et supprimer cette malice
Fermant la mort et le martyr dans un enfer désabusé
Si l’homme est grand, et fier, et droit, c’est au paradis qu’il ira
Et son cercueil sera orné du drapeau de sa liberté
Et c’est un régiment entier qui ensemble pourra chanter
Non pas qui vivra verra mais qui mourra aussi vivra
Il faut montrer votre fierté car il est mort au champ d’honneur
Mais tout ce que vous entendez ne sont pour vous que des flonflons
Etre enterré à vingt deux ans est un flop et plus qu’une horreur
L’humanité est inhumaine c’est notre terre qui tourne en rond
Adieu mon fils pardonne-moi pour ce naufrage
Françoise Castera