Georges Roland: la boxe
LA BOXE
PREMIER ROUND
ils ont tous misé sur elle
parce qu’on dit qu’elle est cruelle
et que sa gauche est mortelle
je m’en fous
je me sens très bien capable
d’un uppercut imparable
de l’envoyer sur le sable
à genoux
lorsqu’au premier coup de cloche
on se pèse et on s’approche
on se guette l’anicroche
dans les yeux
c’est un nouvel abordage
nous salivons notre rage
je rassemble mon courage
de mon mieux
La boxe la boxe on en fait tous les matins
La boxe la boxe c’est notre pain quotidien
DEUXIEME ROUND
un instant on se ravise
on se tend on s’électrise
un coup dur pour ceux qui visent
notre union
ils l’acclament ils la supportent
scandent les coups qu’elle me porte
pour qu’enfin elle sorte
de ses gonds
lorsque je baisse ma garde
elle revient et me bombarde
de doublés à la pensarde
et dans les dents
peu après on nous sépare
comme sur un quai de gare
je tremble un peu des guitares
inquiétant
La boxe la boxe on en fait tous les matins
La boxe la boxe c’est notre pain quotidien
TROISIEME ROUND
je me lève et je sautille
j’ai les yeux dans ses pupilles
on s’observe et on s’épie
en dansant
elle esquisse une dérobade
me tamponne un peu l’arcade
puis me fait une accolade
dégoûtant
j’ai la chance de la faire
bien flipper de la crinière
de petits gnons dans les molaires
et sous les seins
mais je m’réjouis trop vite
et bien sûr elle en profite
pour m’oblitérer la frite
d’un parpaing
La boxe la boxe on en fait tous les matins
La boxe la boxe c’est notre pain quotidien
QUATRIEME ROUND
c’est là qu’il faut que je place
mon uppercut à la face
qui lui fait faire la grimace
rigolo
à ce moment elle ébauche
son mortel direct du gauche
et d’un coup elle me fauche
bang K.O.
je me retrouve en compote
j’ai l’estomac dans la glotte
les sourcils en papillotes
et tout en sang
me voilà je le redoute
au bout de ma longue route
l’arbitre crie Il est out
à qui le gant
La boxe la boxe on en fait tous les matins
La boxe la boxe c’est notre pain quotidien
Georges Roland