Heure grise, un poème de Claude Colson
Sept heures cinquante, train du matin.
Vingt et un juin, l'été revient, et moi entrain :
Il fait bon retrouver le réflexe de la main
Qui relie, inouï, hier à aujourd'hui.
Ils sont là, autour de moi,
Pensifs ou laborieux.
Fleuve constant malgré moi, malgré eux ;
Pourtant mouvant car c'est la loi
Qu' Héraclite déjà en son temps formula.
Les mêmes souvent, un peu vieillis
- Fatigue des jours non épongée par la nuit -
Des femmes parfois font bonne figure,
Dissimulent cela sous un fard ; il est de bure.
Ils lisent ou papotent pour oublier l'ennui
D'un trajet qui les mène au labeur d'une vie.
Ils nourrissent en eux les rêves des beaux jours,
Ces semaines de vacances, ces congés un peu courts.
Et pourtant libéré de tout ça, je ne peux retrouver pleine joie
Car je suis seul dans ce train, moi ;
Et sais bien qu'ici-bas
C'est ensemble qu'il faut longtemps poser ses pas.
Claude Colson
claude-colson.monsite-orange.fr