L'histoire d'un rendez-flou... une nouvelle de Bob Boutique !
L’histoire d’un rendez-flou
C’est l’histoire d’un mec qui s’envoie une lettre à lui-même, vu qu’il n’en reçoit jamais. Faut dire, quand on a vu le gars… y’a pas de quoi arracher son soutien-gorge.
Soit. Il s’envoie une lettre.
Jusqu’ici rien de bien saignant ! Il s’enverrait en l’air… Là oui. On peut discuter. Mais une missive ? Pourquoi pas un mail test tant qu’on y est.
Mais cette fois, c’est quand même spécial. Car le con en plus de s’écrire une page de mamours, se donne rendez-vous ! Ca aussi, ça ne lui est jamais arrivé !
18h00 dans un pub, style Danish Tavern, avec des boiseries cirées, des bancs matelassés , des bouteilles d’alcool rangées cul en l’air derrière le bar et ‘Strangers in the night’ en bruit de fond.
Je résume. Le pli arrive le lendemain. Il fait l’ étonné, se prépare pendant une heure dans la salle de bain ( psshit sous les aisselles, gomina dans les cheveux, slip propre… la totale, quoi ) et fonce vers son appointment ( en flamand : een afspraak ) où il débarque une demie-heure avant l’heure, comme un novice de chez novice.
Et là, étonnement. Il s’aperçoit en prenant place dans son box qu’il est là aussi, dans le miroir d’en face. C’est fou ça !
Bref, ils se présentent, un peu gênés ( normal pour une première fois ) puis commencent à tourner autour du pot… quel film aimez-vous ? Ah oui, moi aussi… vous connaissez machin chose ? J’aime bien ce qu’il fait. Et patati et patata.. .
Strangers in the night exchanging glances….
Le garçon apparaît alors avec sa veste d’amiral et ses éclairs au chocolat sur les épaules pour prendre la commande…
deux cafés répond celui qui est en face…
Enfin, je veux dire : ils sont tous les deux en face, mais y’en a un côté miroir qui est gaucher et l’autre en face qui est droitier. C’est d’ailleurs comme ça qu’on les reconnaît.
- Deux cafés, vous êtes bien certain insiste le larbin d’un air pincé ? Ca va
refroidir…
Ben oui, deux cafés, quelle question répond l’autre en face, donc le gaucher.
Va pour deux café conclut le pingouin en levant les yeux au ciel.
Et le plus curieux, c’est qu’il revient aussi vite et dépose quatre plateaux devant les deux rendevouteurs tout en ne réclamant que le prix de deux !
Bon, c’est pas le plus important de l’histoire, mais c’est quand même à ce genre de détail qu’on se rend compte qu’il y a des gens qui feraient mieux de se faire soigner.
Et nos deux consonna… conmonsa… consotan… enfin, les deux qui consomment, de reprendre le fil de leur conversation. C’est une image bien sûr… y’ pas un fil de téléphone qui les relie. Ce serait idiot puisqu’ils sont distants d’à peine 50 cm… plus exactement, la moitié si on décompte la partie dans le miroir…
Vous avez une adresse mail ? Vous êtes sur facebook etc…
What were the chances we’d be sharing looooooooove….
Bref, ça se passe plutôt bien, mais on sent petit à petit comme une certaine gêne… des doigts qui tambourinent, des yeux qui fuient… et c’est pas un des deux qui hésite. Non, non, tous les deux…
Jusqu’au moment ou le gars de gauche s’arrête soudain, provoquant l’arrêt étonné de l’autre et lui dit, les yeux dans les yeux….
- Je ne sais pas comment vous le dire, mais je crois qu’on va en rester là ! On a
beaucoup de choses en commun, c’est certain, mais voilà… je suis hétéro !
- Ca tombe bien dit le droitier, moi aussi
Et c’est ainsi que finit un grand non-amour, quelques secondes avant de commencer.
Quelqu’un a-t-il vu mes cachets ?
Bob Boutique
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