Sur le chemin de Compostelle... un journal de voyage d'Hugues Draye
13 juillet : voilà, voilà
après deux jours, pour démarrer, passés à Rocroi, le petit périple des chemins de Saint-Jacques démarre
depuis "Le Chemin du Curé", à Rocroi
on quitte la ville en étoile ... on passe une patte d'oie (carrefour en trois directions) ... premier rond-point, ensuite, à droite ... et bientôt, le "Chemin du Curé" ... oui, oui, sur place, Rocroi se termine avec la lettre "y"
deux types de balises sur le chemin : le fameux autocollant avec la coquille ... ou alors la flèche jaune ...
des villages très beaux qui se suivent ...
L'Echelle : un château-musée ... mais pas de cabine téléphonique ...
un arrêt inévitable
tiens, en quittant ce village, en regardant la route qui montait, j'avais l'impression de reconnaître un peu Meaurain (village en Belgique)
tel sera le lieu final, ce soir : Aubigny-les-Pothées (y a un hébergement là)
14 juillet 2011, Aubigny-les-Pothées (à vingt kilomètres de Rocroi) ...
"Mais enfin, monsieur, le but, c'est quand même d'arriver à Saint-Jacques"
Ainsi me parlait, en toute sincérité, le gars qui m'a accueilli, le 13 juillet, à la chambre d'hôte où je comptais passer la soirée.
Quand il m'a vu arriver, le gars, avec ma guitare, mon sac-à-dos, comme tout pélerin qui se respecte, eh bien il a été sympa. Avec sa casquette. Avec ses deux chiens (dont ... un gris)
"Mais enfin, monsieur, le but c'est quand même d'arriver à Saint-Jacques"
En effet, beaucoup de pélerins ont cette intention. On m'a raconté, dans certains gîtes, que certains d'entre eux souhaitaient être réveillés dès 7 heures (du matin), afin de ne pas perdre trop de temps, afin de marcher un maximum. Certains n'hésitent pas à tracer sur ... 35 kilomètres par jour. A chacun ses défis !
Certains "pélerins" se sont même mariés à Saint-Jacques. Vivent les symboliques (quand même !)
"Mais enfin, monsieur, le but c'est quand même d'arriver à Saint-Jacques"
Oui, monsieur. C'est vrai ... chez certains pélerins, mais pas chez tous. Je me fous pas mal d'arriver, moi, dans cette ville que je ne connais pas, a priori. Le but, ainsi je le conçois, c'est de me mettre en route. De profiter de tout ce qui m'arrive. De tout ce qui me saute aux yeux.
Je ne crois pas que l'apôtre Jacques, qui a vécu au 10ème siècle (je crois), s'est mis un jour en route avec l'idée de faire un pélerinage ... à Saint-Jacques-de-Compostelle.
Il a voyagé, il a péleriné, il s'est posé dans plus d'un endroit (et j'imagine qu'on a bâti des sanctuaires ou des cathédrales en commémoration). J'imagine qu'il sest p'têt arrêté définitiv'ment à Compostelle, par la force des choses.
Péleriner, c'est avancer. Sentir ce qui nous arrive.
Les bars-tabacs, les bistrots au bord des grands routes, avec la vie qui s'y déroule, les gens qui y passent, me paraissent autant (si pas plus) des chapelles que ... les musées ou les cathédrales.
Mais bon ...
15 juillet 2011
Je me suis posé à Signy l'Abbaye, hier. Ville-étape. Ville-repère.
Comme son nom l'indique, y a une abbaye, dans cette petite ville. Avec sa "fosse bleue", son "Gibergeon", sa "fosse au mortier".
Guillaume de Saint-Thierry a surgi (peut-être sévi) en ces lieux au douzième siècle.
On est en plein monde cistercien.
En fin de parcours, hier, je suis bien tombé sur la D985, que j'ai effectiv'ment rattrapée à hauteur du parking d'une superette.
Signy l'Abbaye ...
Ce nom de ville ne m'est pas inconnu. Quand j'étais p'tit, quand on partait sur les routes de France, quand papa (la veille) avait établi sur papier l'itinéraire, eh bien, Signy l'Abbaye figurait.
Signy l'Abbaye ...
Oui, c'est une jolie petite ville. Notamment avec ... son "Café du Pont", où j'ai croisé Denis, avec ses longs cheveux gris, sa barbe, qui a cinq filles et qui aime Bob Dylan.
Tiens ! Mon GSM (ou ... portable) n'a pas rechargé ses batt'ries cette nuit. Même si j'ai fait ce qu'il fallait. La prise de courant, dans la chambre où je me trouvais, était-elle défectueuse ? Le problème se situe-t-il au niveau de mon appareil ?
Tiens ! Y avait pas de couvertures sur le mat'las, au lieu d'hébergement où j'ai atterri. Selon la dame de la maison, le pélerin, en général, apporte son duvet avec lui. Une couverture sur le lit, c'est ... trop de lessive. OK, j'ai assimilé. Mais ... ça m'inquiète pour les escales futures.
Et mon moral en a pris un coup, quand je suis arrivé là, hier.
Faut dire : déjà, la journée, on marche, on est seul avec soi-même, seul avec ses ressources, seul avec ses coups de blues.
Faut dire : je me dis aussi, à certains moments, quand je marche : pas grave, ce soir, je sais où dormir ... je vais rencontrer quelqu'un ... je suis même impatient de savoir qui va m'accueillir.
Faut dire : ce qui se passe, dans les endroits où on atterrit, est toujours inattendu.
Un soir (à Rocroi), c'était dans un hôtel (j'ai même prolongé une nuit supplémentaire). L'autre soir (à Aubigny), c'était dans une chambre d'hôte. Et ici, c'est chez une particulière.
Je n'ai, pour ainsi dire, pas eu vraiment de contact avec la dame chez qui je logeais. Elle était en bas, moi en haut.
Elle m'a juste, hier, montré la salle de bain. Elle m'a juste, hier, désigné une bassine en me disant : "Si vous avez du linge sale !"
Bon, ce matin, après m'être levé, habillé ...
J'ai pris le p'tit déjeuner là. La dame de l'endroit était à mes côtés. On a parlé de choses et d'autres.
J'ai remarqué que ... sur une table, y avaient des CD's de Pierre Bachelet, de Maxime Leforestier, de Bernard Lavilliers. La chanson française doit avoir une place dans la vie de cette dame. "Oui, Bernard Lavilliers, j'aime beaucoup !", m'a-t-elle dit. Curieus'ment, elle n'a pas réagi, pas rebondi, devant ma guitare. Curieus'ment, elle n'a pas réagi, rebondi, quand je lui ai dit que j'étais moi-même chanteur ...
Signy l'Abbaye : voici l'église, encore une fois ... construite en 1900, à l'emplacement d'une ancienne église, datant, elle, du seizième siècle