Une nouvelle de Denis Emorine, Ce soir vers 21 heures

Publié le par christine brunet /aloys

Denis EMORINE
Ce soir vers 21 heures

A Ilona W.

 

 

 

Cette année là, j’avais été invité aux « Rencontres poétiques de S *** », petite ville située dans le Nord de la Roumanie, non loin de la Hongrie. Ce détail a son importance. Il y avait des écrivains de plusieurs nationalités, en majorité d’Europe de l’Est, et quelques Occidentaux, dont une poignée de Français d’ailleurs inintéressants au possible. Pour ma part, je fréquentais surtout mes amis  roumains et notamment Vasile, directeur d’une  importante maison d’édition de Bucarest, Oglinda.

         Et puis il y avait Marika…

         C’était d’ailleurs grâce à Vasile que j’avais été invité à ce colloque. Il traduisait mes poèmes et mes nouvelles dans quelques revues et projetait d’éditer une anthologie de mes textes  aux  Editions  Oglinda.

         J’avais rencontré Vasile en 1996 à Iasi. Nous avions immédiatement sympathisé. Comme beaucoup de ses compatriotes, il parlait  remarquablement ma langue maternelle, le Français. Excellent poète  et  prosateur,  il lui arrivait fréquemment d’écrire des poèmes et des nouvelles  en français, de les traduire en roumain et vice-versa. Vasile avait également traduit beaucoup d’écrivains francophones pour  différentes maisons d’édition roumaines.

         J’étais arrivé à l’ aéroport de Bucarest en début de soirée. Vasile et sa femme Ioana étaient venus me chercher. Celle-ci avait conduit toute la nuit pour arriver au petit matin à  S.

 

 

***.

Après avoir posé mes bagages dans ma chambre d’hôtel et fait une toilette rapide, j’avais rejoint le reste des participants dans un état de fatigue et d’exaltation bien compréhensible. Le débat commença : «  Quelle est la place de la poésie dans la société

contemporaine ? » Chacun, moi compris, avait planché sur ce vaste sujet. Les échanges avaient lieu dans la langue des participants avec traduction  simultanée.

         Nous prenions les repas en commun. Les frais du séjour étaient pris en charge par un organisme bancaire international, célèbre pour sa générosité ( !). Certains écrivains s’empiffraient sans retenue. « Ma foi, les Européens de l’Est sont affamés, c’est bien connu, me disais-je, c’est donc tout à fait excusable. » Le premier jour, au déjeuner, un Estonien ivre-mort s’était écroulé dans le restaurant, évacué discrètement vers l’hôpital le plus proche. Vasile se pencha vers moi : « Tu vois où  est la place de la poésie dans la société contemporaine? Par terre ! Quel beau symbole ! »

         Les conférences, débats et autres lectures de poèmes devant reprendre vers 16 heures, chacun vaqua à ses occupations : discussions à bâtons rompus, libations prolongées ou sieste voire les deux. Tandis que Ioana se reposait des fatigues du voyage - conduire sa vieille Renault 14 qui menaçait de rendre l’âme à chaque kilomètre relevait de l’exploit !  Dans les côtes surtout, le moteur, à bout de souffle, ahanait à tous les échos  - , Vasile et moi avions décidé de flâner ça et là, sans but précis. Plutôt cossue, du moins en apparence, S*** ressemblait beaucoup à une ville d’Europe de l’Ouest comme le remarquait fort justement mon ami.

 

 

 

        

Sur la place principale,  les prostituées – non, je ne dirai pas « putains », je déteste ce mot - étaient à la recherche du client potentiel. « Juste pour l’heure du goûter » me fit

remarquer Vasile avec un humour que, pour une fois, je n’appréciai pas. Nous discutions, en français naturellement, puisque ma connaissance du roumain se limite à quelques mots dont

certains ne sont pas des plus recommandables !   Vasile m’expliquait qu’un de ses manuscrits, confisqué sous la dictature, avait été retrouvé par miracle dans les archives de la Securitate. Violente critique d’un  régime totalitaire imaginaire sous la forme d’une parabole dont les censeurs n’avaient pas été dupes, « Razbunarea calicilor » (La revanche des miséreux)  venait d’être édité plus de vingt ans après, salué  par la critique roumaine comme le roman de toute une génération. Vasile avait l’impression de retrouver une jeunesse confisquée par la dictature ; ce qui le rendait quelque peu amer. Son roman allait être édité en Russie, traduit par notre ami, le poète Alexandre Karvovski. Nous projetions tous deux de le traduire en français.

         Soudain une jeune femme, presque une jeune fille, s’approcha de nous en disant : « Voulez-vous passer la nuit avec moi ? »

         Plus que la question adressée en français, c’est  l’extrême retenue de la formulation qui me surprit. Décontenancé, Vasile lui répondit en roumain d’un ton sec et moi en français : « Pardon ? »

         Elle répéta : « Voulez-vous passer la nuit en ma compagnie ? » Je la regardai plus attentivement. Elle semblait avoir  une vingtaine d’années, un peu plus peut-être. Ne sachant trop  que faire ou plutôt que dire, je m’entendis lui répondre : « Non, merci. »

Elle rit : « Politesse typiquement française ? » J’étais un peu embarrassé, je dois dire, tandis que Vasile manifestait de l’humeur : « Viens, on va être en retard ! ». Constatant mon

 

 

peu d’empressement, il ajouta : « Si tu as envie de tirer un coup, libre à toi,  tu la retrouveras ce soir ! Ca peut attendre, non ? »

         Nous nous éloignâmes, moi à regret, tandis que la jeune fille récitait le début d’un poème de Verlaine en me regardant. Je tournai la tête dans sa direction, m’arrêtai alors que

Vasile cherchait toujours à m’entraîner. D’une voix blanche, je balbutiai que je le rejoindrais. Il me jeta un regard sans illusions et dépourvu d’aménité, grommelant quelques mots en

roumain et s’en alla rapidement. J’ai levé les yeux. Elle était toujours là, me regardant attentivement. Je fis quelques pas dans sa direction. Elle me sourit et murmura alors : « Sous le pont Mirabeau coule la Seine/ et nos amours faut-il qu’il m’en souvienne ? » Nous étions seuls ou, du moins, feignais-je d’ignorer les autres femmes très maquillées, trop vulgaires à mon goût. « Je m’appelle Marika… » me dit-elle en souriant. Je ne disais mot. Elle était brune, les cheveux lisses jusqu’aux épaules, plutôt svelte et jolie. Je me sentais mal à l’aise. Marika souriait toujours . « Je n’ai pas trop de temps » articulai-je. Je dois rejoindre les autres… » Je fis quelques pas, me retournai : elle n’avait pas bougé : « Ce soir, peut-être ? lui dis-je rapidement. Vers 9 heures ? »

         Marika s’esclaffa : « On ne dirait pas plutôt 21 heures en français ? » J’acquiesçai et m’enfuis sans me retourner.

 

 

Bien entendu, j’arrivai en retard au congrès. Une place était restée libre près de

Vasile. Je préférai l’ignorer, m’installant au dernier rang à côté d’un Macédonien qui me regarda curieusement. En anglais, je lui demandai si les débats avaient repris depuis longtemps. Il rit et me dit que oui. Maintenant, les invités allaient lire quelques poèmes ajouta-t-il. Je n’arrivais pas à me concentrer pour écouter les interventions. Je pensai à… Je fermai les yeux un instant. Une bourrade de mon voisin macédonien me ramena à la réalité :

 « Hey,  it’s your turn ! » Comment connaissait-il mon nom ? C’est vrai, j’ avais oublié que nous portions tous un badge avec notre identité et notre nationalité. On venait de m’appeler.

         D’un pas mal assuré, je me suis dirigé vers la tribune…Je m’approchai  du micro… J’aurais tellement voulu qu’elle soit là dans la salle…

 

 

 

Vers neuf heures ou plutôt vingt et une heures, j’avais réussi à fausser compagnie à mes hôtes, coupant court à un débat improvisé au cours du dîner  sur « la mauvaise conscience de l’écrivain ». Avais-je mauvaise conscience, d’ailleurs ? En tant qu’écrivain ou en tant qu’homme ? Difficile à dire…  Les deux, peut-être… Vasile me faisait plus ou moins

la tête. A vrai dire, je ne pouvais lui tenir rigueur de son attitude. Durant la semaine précédente, il avait organisé des rendez-vous en mon nom avec des éditeurs, un débat sur la littérature française contemporaine avec des professeurs de français et des étudiants au    centre culturel de S*** et je me dérobais sans cesse.

         Je marchais rapidement en direction de la « fameuse » place. Plusieurs femmes allaient et venaient ça et là…dans la fraîcheur de septembre. Aucune ne chercha à me retenir. Enfin, j’aperçus Marika. Mon cœur battit étrangement. Elle se précipita vers moi, me tendit la main : «  j’étais sûre que vous viendriez ! » dit-elle simplement. Je lui savais gré de ne pas me tutoyer comme si j’avais été n’importe quel client…

         Elle me prit par la main.  Tout simplement. Je la regardai. Marika était toujours vêtue de noir, les yeux couleur d’ambre, gracieuse, fragile et forte à la fois. Je sais, l’expression est banale mais je n’y peux rien puisque c’était la vérité. Nous avons monté un escalier plutôt raide. « C’est là » me dit-elle en ouvrant la porte d’une pièce minuscule. L’odeur de renfermé me suffoqua. Un simple lit-cage emplissait presque toute la pièce. Je me sentais oppressé La fenêtre était grande ouverte. « J’essaie pourtant d’aérer autant que je peux, me dit Marika comme pour s’excuser, mais… »

 

 

         Elle se tenait face à moi. Je me sentais terriblement gêné. Etait-ce la différence d’âge ? Un homme de quarante-sept ans et une jeune fille d’une vingtaine d’années ? Oh, non…mais comment lui faire comprendre…. Marika s’approcha de moi. Nous étions tous deux intimidés. « Est-ce que vous voulez… ? » commença-t-elle… Je fis signe que non. Elle ne sembla pas surprise de l’attitude de ce client plutôt déconcertant.

         « Je suis venu pour parler…murmurai-je, pour parler avec vous. Je ne veux pas…Je ne veux pas… 

- Coucher avec moi ?  prononça-t-elle en souriant.

- Oui… ou plutôt, non… »dis-je en m’asseyant sur le lit. Elle prit place à mes côtés.

 

 

         Nous avons parlé longtemps Elle était hongroise, étudiante en français. Prostituée occasionnelle pour payer ses études puisque ses parents, ayant tout juste de quoi vivre, n’avaient pas d’argent pour « entretenir » leur fille aînée. Marika faisait un mémoire sur les poètes français du début du 20ème siècle. A quelle université ? En Hongrie ? En Roumanie ? Elle ne désirait pas me le révéler. Je n’insistai pas. Ayant appris qu’un colloque sur la poésie

allait se dérouler à S***, elle s’y était rendue, avait emprunté cette misérable chambre à une amie pour mieux « s’adonner à cette activité alimentaire » selon ses propres termes.

         « Lorsque je vous ai entendu parler français avec votre ami roumain, je n’ai pu résister. Je vous ai accosté… »

         Le temps passait. Nous parlions toujours. Une idée folle me traversait la tête : Marika pourrait prendre la parole à ce colloque, je pourrais la présenter… Sottement, je le lui proposai. Elle fit non de la tête. Bien sûr, c’est elle qui avait raison. Une autre idée encore plus  folle s’empara de moi : la ramener en France où elle pourrait finir tranquillement ses études mais je n’osai le lui suggérer.

        

Je me levai pour partir proposant de la retrouver le lendemain, peut-être un peu plus tôt. « Non, pas demain, me dit-elle, parce que… » Je détournai les yeux. Elle était « prise », pensais-je. « Prise » quel horrible mot, vraiment ! Je lui tendis la main. Elle la serra sans mot dire. « Après demain, alors ? 

         - C’est entendu, après demain » me répondit-elle.

         Et je sortis rapidement sans me retourner. Une fois dehors, je frissonnai  mais cette sensation me fit du bien. Je  m’étirai un peu. J’étais engourdi. Je levai les yeux. La nuit était belle, ma  première nuit en compagnie de Marika…Je hâtai le pas. J’avais hâte de rentrer à l’hôtel. Les rues étaient désertes. Quelle heure pouvait-il être ? Je l’ignorais : j’étais ému et heureux à la fois. « Tu es complètement fou, mon pauvre ami, me dis-je. Tu ne changeras jamais ! » Comme pour me donner raison, un chat miaula tristement, tout proche. J’aurais aimé le caresser mais il ne se montra pas.

 

- Alors, ça va comme tu veux avec ta pute ? »me lança Vasile, le lendemain matin. Je ne répondis rien. Je l’aurais volontiers giflé mais comment lui en vouloir ? Les apparences étaient contre moi. Je décidai brusquement de téléphoner à Paris à ma femme. « Comment vas-tu ? me demanda-t-elle. Tu as l’air bizarre. » J’avais beau lui affirmer que le voyage, le trajet en voiture m’avaient fatigué, elle n’était pas dupe. « Ne t’inquiète pas, je vais bien mais je me sens un peu étrange depuis mon arrivée. » et je raccrochai un peu trop rapidement après avoir pris machinalement des nouvelles des enfants.

         La journée s’écoula. Inexorablement. Pourtant, au centre culturel  avec les autres Français, j’avais momentanément oublié Marika. Vasile m’avait chaleureusement présenté à l’auditoire. J’avais lu quelques nouvelles. Les questions des étudiants étaient intéressantes.

« Je ne la verrai pas aujourd’hui » pensais-je… Je décidai de présenter mes excuses à Vasile qui avait tellement fait pour moi mais comment lui expliquer la situation ? Vasile accepta mes excuses de bonne grâce  en m’avertissant néanmoins que les éditeurs roumains n’étaient pas à mes ordres, et que c’était à moi de me présenter le plus vite possible pour prendre à nouveau rendez-vous. J’en convins. Mon ami me regardait curieusement. Nous nous connaissions depuis longtemps mais je voyais mal comment lui révéler la situation :  Marika m’intéressait  comme interlocutrice et non comme…Incrédule, Vasile aurait probablement ri en me disant avec une de ces expressions françaises qu’il affectionnait : « qu’il ne vendrait pas la  mèche et que j’étais un grand garçon… »

         Bien sûr, le lendemain, je revis Marika et le surlendemain encore… Mon séjour touchait à sa fin. J’aurais voulu… Qu’est-ce que j’aurais voulu, au juste ? Prolonger mon séjour ? Ne plus la retrouver le soir « vers 21 heures » ? Rompre, si on peut utiliser un mot aussi ambigu… ou tout simplement annoncer d’un ton léger à ma famille: « Voilà, je vous présente Marika. Elle est étudiante en français, elle se prostitue pour payer ses études. Elle va loger chez nous » ? Mais, c’est bien connu, l’être humain est  généralement veule. Sans doute ne faisais-je  pas exception à la règle.

         La veille de mon départ arriva. Ce soir-là, elle n’était pas « prise » ou, peut-être, s’était-elle libérée pour moi . J’arrivai un peu en avance sur la « fameuse » place où la fraîcheur vespérale avait cessé de m’atteindre. Comme si elles s’étaient donné le mot depuis le début, les prostituées ne firent pas attention à moi. Ni moi à elles. Toutes vêtues de noir…elles allaient et venaient en silence. A quoi était due cette tenue inhabituelle ? Vaguement écoeuré par des parfums bon marché, trop capiteux à mon goût, j’errai au milieu d’un étrange ballet féminin qui m’évoquait celui de la mort en quête de quelques victimes consentantes  . J’avais la gorge sèche. Mon étudiante se précipita vers moi, la main tendue. Elle avait l’air ravie de me voir. Je gardai cette main dans la mienne, un peu

trop longtemps peut être. « Et si nous allions quelque part manger un morceau ? » proposai-je. Marika secoua la tête « Non, j’ai ce qu’il faut dans ma chambrette ». Je n’insistai pas. « Je pars demain »lui dis-je rapidement. Elle ne répondit pas, tourna la tête vers moi en souriant : « Demain, dès l’aube, à l’heure ou blanchit la campagne, / je partirai. / Vois-tu, je sais que tu m’attends . » commença-t-elle. Je l’arrêtai d’un geste : « Avez-vous un poème prêt pour chaque circonstance  de la vie ? » Son sourire désarmant me serrait le cœur.

La chambre était toujours aussi minuscule. Nous trouvâmes un petit coin sur le lit, comme d’habitude. Les mots , de part et d’autre, avaient peine à sortir. Tête baissée, fixant obstinément le sol recouvert d’une moquette qui avait dû être bleue, je réfléchissais. Marika portait un foulard rouge sur son éternelle robe noire. Le  cadeau d’un client ? Un symbole que je ne comprenais pas ? Elle se tourna vers moi, le retira doucement et me le tendit.

« C’est pour vous »  dit-elle enfin. 

Je lui pris la main :

« Je n’oublierai pas.. » commençai-je.

- Il ne faut pas dire ça…il ne faut pas , murmura la jeune fille.  Vous devriez partir à présent. 

- Vous me chassez ?

- Non… mais le moment des adieux est toujours délicat et puis…nous ne nous reverrons pas » .Je restai silencieux. Et soudain : « Marika, je peux vous laisser mon adresse… ou alors si vous me donnez la vôtre, je pourrai vous envoyer des livres pour vos études… »

Son visage était tout proche à présent. Ses yeux dans les miens. Couleur d’ambre.

Elle prononça quelques mots dans une langue inconnue…Du hongrois ? Quelle importance…

La chambre était dans la pénombre. Moi aussi. Les mains de Marika glissées dans les miennes. Elle  appuya sa tête sur mon épaule. Très doucement. Je ne bougeai plus. Le temps s’était arrêté. J’avais envie de rester là à jamais. Qui nous surprendrait ainsi ? La mort ?

 

 

 

Moartea, moartea mereu…

în oglinzi

opaca

cu gratii de sînge…

 

 

Ces quelques vers de Vasile me revenaient  lentement en mémoire…

 

J’avais apporté mon dernier  roman à Marika. Elle battit des mains comme une enfant.

Pour dissiper mon trouble ou plutôt notre trouble, je tentai de lui résumer l’histoire : « Il s’agit d’un homme dont la femme vient de mourir. Elle était russe. Fou de chagrin, il part à Moscou et décide de rechercher les origines de la défunte, des traces de sa famille. Il erre désespérément dans les rues et dans les cimetières, dort n’importe où, interroge les gens pour garder un souvenir d’elle. On le prend pour un fou.. . ». Je m’arrêtai. C’était dérisoire. Je sentais le souffle de Marika sur ma joue, sur mes lèvres…

         « Il faut que vous partiez maintenant. Nous allons peut-être faire une folie… »

Pourquoi avais-je du mal à distinguer son visage à présent ? La fatigue, bien sûr, l’éternelle fatigue ! Pour quelles raisons se cache-t-on toujours la vérité ? Pourquoi ? Il était

trop tard pour s’interroger. Je connaissais trop bien la réponse. L’être humain est veule … Pourquoi aurais-je fait exception à la règle ?

         Je me suis levé avec maladresse. Marika s’est approchée. Je me suis réfugié dans ses bras, le visage enfoui dans ses cheveux. Elle a prononcé quelques mots en hongrois…

 

 

 

 

Aujourd’hui ,j’ai reçu une lettre de Vasile. Je suis invité en Roumanie à S*** tout près de la frontière hongroise.

 « Il y aura beaucoup d’écrivains.  Je compte absolument sur toi, m’écrivait Vasile, tu vas recevoir un  grand prix de poésie ( je ne devrais pas te le dire ) et, à cette occasion, je vais éditer une anthologie de tes textes dans une édition bilingue français/roumain. Ah, j’oubliais…Un éditeur hongrois m’a contacté récemment. Il va t’ écrire : il souhaite beaucoup éditer ton dernier livre… »

 

 Denis Emorine

 

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La mort, toujours la mort…

dans les miroirs

opaque

avec ses barreaux de sang…

Publié dans Nouvelle

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C
<br /> <br /> Quelquefois l'on rencontre des gens fragiles, avec une fêlure au plus profond d'eux-mêmes, révélatrice des nôtres. Ce sont des instants d'humanité essentielle que l'on n'oublie jamais. Je suis<br /> sous le charme de cette nouvelle... Merci, Denis.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Un homme et une femme se croisent; durant quelques heures; et puis, ils ne s'oublient jamais; le genre d'histoire que j'aime ...<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> C'est bien écrit...et bien construit. A mon sens.<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Une nouvelle attachante et bien écrite sur une de ces rencontres qui laissent un goût d'inachevé et font regretter de ne pas avoir été plus fou - ou plus folle -. Un témoignage aussi sur la<br /> précarité étudiante, qui n'existe pas que dans les pays de l'Est...<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> De nouveaux noms, de nouvelles têtes, de nouvelles écritures chez Aloys ces derniers jours. C'est bien, la relève est assurée.<br /> <br /> <br /> J'ai lu cette nouvelle avec beaucoup de plaisir. Le style de l'auteur me plait, le texte est plaisant. Bravo.<br /> <br /> <br /> <br />
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