Une poésie de Jean-Marc Brogniez... Tripel karmeliet's blues
TRIPEL KARMELIET'S BLUES.
La fée des estrans
alerte de godets, de danses et de chants,
chemine le long des fortifications
dans les brumes crépitantes de l'aurore
de bien après Carnaval.
Les cheveux rouges travaillés en de multiples tresses africaines
balayant des épaules seulement fragiles d'apparence,
insensible au froid des clameurs et des gens,
vêtue d'une simple chasuble en dentelles,
elle sème derrière elle
un apaisant parfum d'allégresse et de sincérité.
A ses côtés,
des chevaux de trait puissants, attentifs,
attendent les marées à crevettes
entrecoupées de processions et de promenades dans les dunes.
Les maisons basses,
les canaux,
les jardins populaires
somnolent encore.
Il n'y aurait qu'à de pencher,
qu'à demander à se reposer,
qu'à recueillir la rosée ébahie des songes.
Oui, mais pourquoi importuner?
Les ailes immobiles,
silencieuses,
privées de voiles,
des moulins
chantent la berceuse
des marins disparus à la pêche en Islande.
La mer ne se tient pas loin
mais pourtant, déjà, on ne l'entend plus.
Alors,
assis,
hébété de sérénité,
vient l'instant où l'on se demande
s'il ne serait pas utile
de simplement devenir fou
ou alors d'apprendre à prier.
Jean-Marc BROGNIEZ