Carine-Laure Desguin : deux poèmes... à fleurs de mots...
Les oubliés
Le sujet est libre et pourtant ses ailes
Glanent quelques miettes de propos recueillis
La terre est si belle et les gens d'ici
Vivent fragilisés dans châteaux ou poubelles
Les oiseaux oxydés par les courroux chamaniques
S'effraient des fuseaux horaires et des parallèles
Ils migrent dans les ficelles inesthétiques
Des villes pleines de flux artificiels
Le sujet est libre et ses ailes nous entraînent
Vers les compléments dénudés de verbe
Les clochards les taiseux les romanichels
Les découronnés de fleurs et démunis de gerbes
Le sujet est libre et ces vers sont là
Ils appellent ils résonnent et raisonnent encore
Appellent au secours pour que ces gens-là
Respirent la vie pour chasser la mort .
Les tissus des villes
C'est un patchwork de rues et de ruelles
Elles s'engouffrent obligées au milieu des boulevards
Et taisent aux passants aux égouts aux poubelles
Le poids des ans la lourdeur des trottoirs
C'est un patchwork de pavés de bétons de façades
De fenêtres entr'ouvertes et de hautes cheminées
Des usines fumantes vers le ciel cassonnade
Des nuages amoureux des orages orangés
C'est un patchwork arc-en-ciel le jour et la nuit
Le riche et le pauvre flairent les filles et reniflent
Oublient les pauses les impôts les ennuis
Cuttérisent les matins et puis sortent les canifs
C'est un patchwork debout de bouts de gratte-ciel
De mousse sur les toits de Robinson sur son île
De sons aïgus et de nids d'hirondelles
Que l'on nomme urbain et qui s'appelle ville
Carine-Laure Desguin
http://carinelauredesguin.over-blog.com