Albert NiKo, l'auteur de "L'homme au grand chapeau n'avait rien à cacher ni rien de grand" se présente...
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Qui suis-je ?
Né le 10 avril 1969 à Pantin (Seine Saint Denis), après avoir été instituteur, journaliste et agent administratif, Une fois dépassé ses influences, Albert Niko se consacre à l'écriture.
Doué d'un imaginaire des plus débridés qu'il oppose à une réalité jugée trop aliénante, à travers des textes entre rouge et bleu qui tiennent autant de la poésie que de la prose, cet auteur porte un regard aussi tendre que critique envers ceux qui l'entourent.
Cette époque, confondante de mimétisme, où la réussite, par temps de crise, se mesure au niveau de consommation, sont autant de clefs de ce ton qui lui est propre, chargé d'images pleines de dérision et de grotesque.
Un extrait ?
Nature morte au petit chien
La composition est la suivante : un vieux, assis sur un banc, tient de ses deux mains son petit chien debout sur ses genoux.
Les yeux du chien sont un peu les siens.
Et dominent le monde des mouvants.
Nature morte posée là comme vérité au soleil
J'ai ramassé ton ombre en travers de la route, et voici ce qu'elle m'a confié de sa bouche néant – que n'éprouvant pas le besoin de connaître la suite du programme, elle avait préféré en rester là.
Puis je l'ai reposée à sa place, avant de continuer vers ce qui m'attendait.
De la cafétéria où je prend mon repas je remarque cet écran encastré dans une petite maison d'enfant, et ils passent un vieux Walt Disney. Je note que ce que je remarque je suis le seul à le remarquer, car le public concerné, les enfants, au nombre de trois, ont tous le dos tourné.
Et ce roublard d'O Malley paraît bien diminué à parler comme il le fait à travers une paroi vitrée.
Ils m'ont fait penser à des statues – ils évoluaient à la vitesse de statues –, eux et leur bébé dans son landau, comme je me faisais l'effet d'un chien qui se serait soulagé à leurs pieds, juste pour n'avoir pas dit pardon assez fort quand je leur suis passé devant.
Ils m'ont décoché ce regard sévère qu'ont parfois les statues, en marmonnant quelques mots comme autant de pierres à mon intention (mais à quoi s'attendre d'autre, venant de statues ?)
La respectabilité est de la lave refroidie, donnant à notre vie le paysage qu'on lui connaît – ...formes abruptes et fantomatiques
C'était un blagueur, et sa blague favorite, à mon avis, c'était quand il t'avouait qu'il était né dans le sud, et tout de suite après il ajoutait : à Montrouge. Dans le sud... de Paris.
Ça se voyait à la décharge que ça lui envoyait, subitement, comme un départ de feu, ou l'instant où toutes les ampoules du sapin s'allument, et de le voir partir d'un rire spasmodique, avec sa barbe grisonnante et la tignasse qu'il se payait, n'était pas sans rappeler un père Noël au meilleur de sa forme.
Qu'elle fût sa favorite de toutes ses blagues ne faisait pas l'ombre d'un doute.
Qu'il faille, à ce stade, mentionner le culte qu'il vouait à sa moto, et à la moto d'une manière générale, au point d'être de tous les rassemblements de motards de la région, me paraît capital pour comprendre que le voir débarquer là-bas sans la mythique blague de Montrouge aurait été comme de détrousser le Père Noël de sa fameuse cloche, qu'il fait tinter pour qu'on l'entende de loin.
(faut vous imaginer une tempête de neige)
...Sans laquelle il serait méconnaissable.
Ne serait rien.
Sa cloche à lui c'était sa blague de Montrouge, qu'il se réservait pour ses frères motards, cette grande famille que forment les motards, où il s'en trouvait toujours un qui ne la connaissait pas, la blague de Montrouge.
Et quand il revenait travailler, il nous racontait comment il avait rencontré un nouveau pigeon à qui la refourguer, sa blague de Montrouge, ce qui était une manière de nous la refourguer.
Juste parce qu'elle s'était changée en blague du type qui ne connaissait pas la blague de Montrouge
J'imagine toutefois assez mal une vie tourner autour d'une blague un peu facile, et force m'est de penser que sa moto finissait bien par le ramener en un lieu où toutes les blagues du monde seraient les bienvenues, pourvu qu'aucune ne vienne de Montrouge.
Dans le sud
de Paris.
J'aurais été bien inspiré de ne pas descendre de mon arbre, ce jour-là, quand mon père a baissé sa glace pour me prévenir que ça allait barder pour moi si je ne rentrais pas tout de suite à la maison.
J'aurais attendu qu'ils viennent d'eux-mêmes essayer de m'en faire descendre par tous les moyens, en me menaçant, puis en secouant l'arbre ou en me jetant tout ce qui leur tombait sous la main, et, pourquoi pas, en essayant de m'attraper au lasso avec une corde (car jamais ils n'auraient grimpé dans l'arbre pour venir me chercher. Jamais ils n'auraient fait ça.)
Mais rien n'y aurait fait et je serais resté là jusqu'à la tombée de la nuit, j'y aurais dormi, et peut-être même subsisté quelques temps en me nourrissant de ses feuilles.
Au lieu de quoi je suis descendu avertir le martinet de ne pas m'attendre plus longtemps
J'ai composé ton numéro
avant de réaliser que je ne le connaissais pas
et bêtement, me suis replié sur une pizza.
Quelque part aussi
quelqu'un cherche à me joindre
alors qu'il ne connaît pas mon numéro.
Lui commandera chinois.
Ils sont là, par milliers, dans les gares, les aéroports, les parkings et les magasins, chacun dans sa vie, chacun dans ses chaussons, en partance vers quelque chose qu'il leur appartient de faire, et d'eux il ne reste quasiment rien à trois heures du matin. Quelqu'un doit passer le balai et le fait rudement bien.
J'aime à penser toutefois que leurs chaussons les attendent sagement jusqu'au matin où ils les retrouveront à leur place.
...Dans les gares, les aéroports...