La petite fée, un conte signé Noëlle Fargier, 2e partie

Publié le par christine brunet /aloys

La petite fée, un conte signé Noëlle Fargier, 2e partie

Deuxième partie

Le quotidien reprend sa place, la petite fée reste clouée à ses tâches ménagères et lui, dehors, prend l'air dans son jardin. Elle pense de plus en plus à la petite mésange, à sa proposition, à cette après-midi magnifique.... Un soir, alors qu'ils dînent, elle et lui, la petite fée ose lui demander prudemment :

  • Dis moi, pourquoi ai-je des ailes ? Peut être puis-je voler ?
  • Ah, ah ! tu as des ailes complètement ratatinées et tu n'es pas un oiseau ! lui répond t-il en ricanant.
  • Alors qu'est-ce que je suis ?
  • Tu es une p'tite chose, sans grande importance.
  • Tu veux dire que je ne sers à rien, répond la petite fée d'une voix triste.
  • Tu sers à faire le ménage, c'est sans grande importance, d'ailleurs je préférais ma maison avant ta venue !
  • Je suis donc inutile ... puis, reprenant espoir : mais tout le monde sur terre sert à quelque chose : les oiseaux, les lapins, les fleurs, les arbres...
  • Tu as raison : ils servent à nourrir les hommes ! Et toi tu sers à me servir !
  • Et toutes les fées servent à cela ?
  • Y' a pas d'autres fées : tu es seule sur cette terre et si je n'avais pas été là, tu serais morte ou mourante. D'ailleurs, ton teint est cadavérique, demain tu pourras aller dans le jardin.
  • Je pourrais ...aller dans le jardin ?
  • Oui, répond l'homme d'une voix bourrue, comme s'il regrettait déjà sa proposition.

La petite fée saute de joie, elle est prête à s'envoler vers la lucarne mais une petite voix la retient. Elle est si reconnaissante à l'homme :

  • Oh merci que tu es bon, que tu es gentil !!!!!!

Le lendemain, la petite fée se lève aux aurores, elle a tellement hâte de sortir de cette maison !

Elle prépare le petit déjeuner, et elle attend patiemment qu'il ait fini son bol. Lui boit lentement, ignorant son regard suppliant. Enfin il pose le bol sur la table, elle s'empresse de le laver, de le ranger, puis, n'y tenant plus :

  • Je peux sortir ?
  • Va, mais ne sors pas du jardin et surtout ne reste pas, tu as du travail !

La petite fée n'entend pas ces dernières paroles. Dans sa tête, elle est déjà dehors. Dès qu'elle ouvre la porte, le soleil l'éblouit, elle doit fermer les yeux, mille senteurs alors l'enveloppent, elle touche l'herbe, respire chaque fleur, court d'une découverte à l'autre, un arbre, une fourmi, un ver de terre, une souris ... Elle sent ses ailes palpiter quand la grosse voix la rappelle à l'ordre :

  • Cela suffit ! Entre maintenant !
  • Je ressortirai demain ?
  • On verra, peut-être...

La petite fée reprend sa vie de recluse. Le lendemain il refuse de la laisser sortir, le surlendemain aussi, et ainsi de suite pendant des semaines . A chaque demande quotidienne de la petite fée, il répond « non ». La petite fée s'épuise à la tâche, espérant ainsi attirer les bonnes grâces de l'homme, mais en vain. Elle pense souvent à la visite de la mésange pour trouver un peu de réconfort, hélas celle-ci ne vient plus. La petite fée caresse ses ailes, s'imaginant voler au-dessus des arbres. Elle rêve en se voyant survoler les montagnes, les lacs, les vallées comme si elle les avait toujours connus.

Puis un jour, seule dans la maison, elle s'autorise à voler jusqu'au rebord de lucarne. Le soleil l'éblouit mais elle décide de s'y habituer. Les couleurs du dehors l'appellent, aussitôt la petite fée prend son élan pour s'envoler. Elle se sent vivre, elle vit. Puis elle l'aperçoit qui rentre chez lui, vite elle fait demi-tour, rentre par la lucarne et reprend sa place habituelle.

Sa première sortie lui a donné du courage et ainsi chaque jour, elle sort, osant aller de plus en plus loin. Ses ailes qui ont retrouvé l'air, deviennent de plus en plus belles. Le teint de la petite fée rosit et fait ressortir le vert de ses yeux qui pétillent. L'homme remarque ce changement et lui donne encore plus de travail. La petite fée continue à lui obéir mais elle sait qu'un jour elle le quittera. Plus le temps passe, plus la petite fée s'embellit, l'homme semble devenir tolérant mais refuse encore qu'elle sorte. Elle accepte … jusqu'à ce matin de printemps.

Comme d'habitude, l'homme est parti, elle vole jusqu'à la lucarne, se retourne pour jeter un dernier regard à sa prison, puis s'enfuit. Elle est libre, libre, libre, légère, légère, légère. Elle a envie de revoir l'endroit où elle est née, ce si bel endroit ! Le lys est toujours là, il lui offre un accueil chaleureux. La petite fée lui propose de rester près de lui, en échange elle l'aidera dans son quotidien, mais le lys refuse :

  • Non petite fée, tu dois rejoindre les tiens, pars vite.
  • Les miens ? Mais je suis seule ! L'homme me l'a dit.
  • Crois moi, il y a d'autres petites fées, elles habitent là, répond le lys en désignant une luxuriante forêt.

La petite fée n'en revient pas, elle est heureuse et en même temps a peur.

  • Je peux revenir te voir ?
  • Tu sais, je change souvent de prairies et peut-être l'année prochaine je serai ailleurs. Tu as eu de la chance de me retrouver car je me déplace souvent, j'aime bien connaître d'autres endroits, d'autres fleurs, d'autres abeilles, d'autres arbres......
  • Mais tu n'as pas peur ?
  • De quoi aurais-je peur ? , répond le lys en riant, … maintenant va, va vite ! Tu as perdu assez de temps !
La petite fée, un conte signé Noëlle Fargier, 2e partie

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P
Parfois, on est son pire geôlier...<br /> Sinon, elle me plaît beaucoup, cette petite fée... J'espère qu'elle va donner une bonne correction au &quot;vilain pas beau&quot; !
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P
J'ai vu ça... Plutôt du genre assistante sociale, la fée... Mais bon... Loup je suis, loup je reste... ;o)
M
Merci Philippe pour ton commentaire, mais non ça ne va pas finir en duel :)
C
Tu as raison Christian, sa liberté faut la prendre ! Super suite !
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C
:) :)
C
« On ne va pas mendier sa liberté aux autres. La liberté, il faut la prendre. » :)<br /> <br /> (Ignazio Silone)
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J
Toujours autant gaie luronne, la petite fée ! Et ragaillardie pour voir du pays. Pas froid aux yeux ... ni aux ailes. Je sens qu'elle va à son tour voyager, rencontrer des gens, les bonifier ...
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